
SASU et micro-entreprise : avantages, inconvénients et choix du statut
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Choisir entre une société foncière et une SCI dépend des objectifs patrimoniaux, de la structure de gestion souhaitée et du projet immobilier envisagé. La SCI est souvent privilégiée pour la gestion familiale d’un patrimoine, tandis que la société foncière s’adresse à des investisseurs visant des biens de grande envergure.
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Mini-Sommaire
Une société foncière immobilière est une entreprise spécialisée dans l’acquisition, la gestion et la valorisation d’un portefeuille immobilier. Elle a pour but de générer des revenus locatifs réguliers et d’optimiser la valeur des biens détenus.
Contrairement à un investisseur locatif qui achète un bien en direct, les investisseurs dans une société foncière acquièrent des parts de cette société et bénéficient des performances du parc immobilier sans en assumer la gestion.
Les biens immobiliers concernés sont diversifiés :
La gestion est assurée par des professionnels expérimentés qui veillent à maximiser la rentabilité des actifs tout en assurant leur entretien et leur valorisation.
Les revenus perçus sous forme de dividendes proviennent des loyers collectés et sont redistribués aux détenteurs de parts de la société.
Une SCI (société civile immobilière) est une structure juridique permettant à plusieurs personnes, appelées associés, de détenir et de gérer un ou plusieurs biens immobiliers ensemble.
Elle offre un cadre souple et adapté pour faciliter l'acquisition, la gestion et la transmission d’un patrimoine immobilier, qu’il s’agisse :
Chaque associé détient des parts sociales proportionnelles à son apport initial dans le capital de la société. La SCI permet d’organiser clairement les rôles, les droits et les obligations de chaque associé.
La gestion quotidienne du patrimoine immobilier est assurée par un ou plusieurs gérants désignés dans les statuts.
Les loyers perçus par la société sont répartis entre les associés en fonction de leurs parts sociales et soumis au régime fiscal choisi : impôt sur le revenu (IR) ou impôt sur les sociétés (IS).
Les sociétés foncières présentent de nombreux atouts pour les investisseurs :
Les sociétés foncières permettent d’investir dans des biens immobiliers difficiles d’accès pour un investisseur individuel, tels que :
Ces actifs requièrent généralement des capitaux importants et une expertise pointue, ce que les sociétés foncières rendent accessible grâce à la mutualisation des ressources.
La société foncière permet une diversification optimale du patrimoine en investissant dans différentes catégories d’actifs (résidentiel, commercial, industriel) et dans plusieurs zones géographiques.
Cette stratégie limite les risques liés à une vacance locative ou à des variations locales du marché immobilier. L’impact d’un loyer impayé ou d’une perte de valeur est ainsi mieux absorbé par l’ensemble du portefeuille.
Grâce à un portefeuille diversifié, les risques liés aux loyers impayés ou aux périodes de vacance locative sont largement mutualisés. Les revenus générés par plusieurs locataires et biens immobiliers assurent une meilleure stabilité financière pour les investisseurs.
Cela protège les détenteurs de parts contre des variations brusques et permet de lisser les rendements dans le temps.
L’un des principaux avantages réside dans la délégation totale de la gestion des biens. La société foncière prend en charge l’intégralité des opérations :
Cette gestion est assurée par des experts immobiliers, ce qui garantit des décisions stratégiques éclairées et une maximisation des rendements.
Les parts d’une société foncière cotée peuvent être vendues rapidement, contrairement à un investissement immobilier physique qui nécessite un processus de cession long et complexe.
Cette liquidité permet aux investisseurs de se retirer du marché plus facilement en fonction de leurs besoins financiers.
Les sociétés foncières cotées bénéficient d’un régime fiscal attractif. Elles ne sont pas soumises à l’impôt sur les sociétés ni à la fiscalité sur les plus-values réalisées, ce qui optimise la rentabilité pour les investisseurs.
Les dividendes versés, provenant des loyers perçus, sont ainsi distribués de manière plus efficiente sur le plan fiscal.
Les sociétés foncières génèrent des revenus locatifs stables et réguliers, qui sont redistribués aux investisseurs sous forme de dividendes.
Cette source de revenus, souvent plus prévisible que d’autres placements financiers, attire particulièrement les investisseurs en quête de rendements réguliers.
Les sociétés foncières organisées sous forme de SAS immobilière offrent une souplesse accrue en matière d’échange et de cession de parts sociales.
Cela facilite la circulation des titres entre les investisseurs, notamment dans un contexte familial ou professionnel.
En plus des revenus locatifs, les sociétés foncières s’attachent à valoriser le parc immobilier au fil du temps. Cette approche permet d’augmenter la valeur des parts détenues, notamment grâce aux travaux d’amélioration réalisés ou aux opportunités de vente à des prix avantageux sur un marché favorable.
Pour les sociétés foncières cotées, la transparence et la régulation imposées par les marchés financiers constituent un gage de sécurité pour les investisseurs.
Cela permet d’attirer des capitaux plus importants, tout en offrant une visibilité accrue sur les performances de la société.
La SCI offre une multitude d’avantages :
En se regroupant au sein d’une SCI, plusieurs associés peuvent unir leurs ressources financières pour emprunter des sommes plus importantes.
Cette capacité collective permet d’acquérir des biens immobiliers plus ambitieux, qu’un investisseur individuel ne pourrait pas financer seul. Les banques apprécient également la stabilité apportée par cette structure.
Une SCI simplifie la gestion des biens immobiliers mis en location. La société devient responsable des décisions importantes telles que :
Un ou plusieurs gérants, désignés au sein de la SCI, prennent en charge ces tâches pour le compte des associés.
La SCI est un outil idéal pour préparer la transmission d’un patrimoine familial. Les parents peuvent transmettre progressivement les parts sociales de la SCI à leurs enfants, ce qui permet de réduire considérablement les droits de succession grâce à des abattements réguliers.
La SCI bénéficie d’une transparence fiscale, ce qui signifie que les revenus générés par les biens sont imposés directement entre les mains des associés, selon leur part de détention dans la société.
Cela permet une meilleure optimisation de la fiscalité personnelle en choisissant le régime d’imposition le plus adapté :
La structure de la SCI laisse une grande liberté dans la sélection des biens immobiliers. Les associés peuvent décider d’investir dans :
Cette flexibilité permet d’adapter les décisions aux opportunités du marché immobilier.
Les statuts de la SCI fixent précisément les règles de fonctionnement, les responsabilités de chacun et la répartition des revenus locatifs.
Cela permet d’éviter les conflits entre les associés, notamment dans un cadre familial ou professionnel, où les intérêts peuvent parfois diverger.
En cas de décès d’un associé, les parts sociales de la SCI sont facilement transmissibles, ce qui protège les conjoints survivants et les héritiers.
Cela évite les situations de blocage ou de vente forcée du bien immobilier pour payer les droits de succession.
Les décisions concernant les biens immobiliers (travaux, vente, achat) peuvent être prises rapidement par les gérants désignés dans les statuts.
Cette organisation offre une grande souplesse pour valoriser les biens ou saisir des opportunités de marché.
Dans certaines situations, la SCI permet de bénéficier d’une fiscalité allégée sur les plus-values immobilières lors de la cession des biens ou des parts sociales. Notamment grâce à des mécanismes d’abattement liés à la durée de détention.
Investir dans une société foncière présente certains inconvénients :
Les sociétés foncières immobilières, notamment celles cotées en bourse, sont exposées aux fluctuations des marchés financiers. La valeur des parts peut varier rapidement en fonction :
Cette volatilité peut entraîner des pertes en capital pour les investisseurs, en particulier sur le court terme.
Comme tout investissement immobilier, les sociétés foncières dépendent fortement de l’état du marché immobilier. Une baisse de la demande locative, une hausse de la vacance ou une diminution des loyers impacte directement les revenus distribués aux investisseurs.
En période de ralentissement économique, les performances de la société peuvent être affectées.
Investir dans une société foncière implique le paiement de frais de gestion qui couvrent :
Ces frais, souvent calculés en pourcentage des revenus ou du portefeuille, réduisent les rendements nets pour les investisseurs.
Les sociétés foncières sont soumises à des règles fiscales et réglementaires spécifiques qui peuvent s’avérer complexes.
Les obligations liées à l’impôt sur les sociétés, aux plus-values ou aux distributions de revenus exigent une compréhension approfondie. Ce qui peut être un frein pour certains investisseurs moins expérimentés.
Les détenteurs de parts dans une société foncière n’ont aucun pouvoir de décision sur la gestion des biens. Les choix d’acquisition, de rénovation ou de revente sont entièrement confiés aux gestionnaires professionnels.
Cette absence de contrôle peut parfois générer des frustrations si les décisions prises ne correspondent pas aux attentes des investisseurs.
Certaines sociétés foncières recourent à l’endettement pour financer leurs acquisitions et développer leur parc immobilier.
Si les taux d’intérêt augmentent ou si la société peine à rembourser ses dettes, cela peut fragiliser sa situation financière et réduire les dividendes distribués.
La rentabilité d’une société foncière repose sur les loyers perçus. Un taux de vacance locative élevé, des loyers impayés ou une défaillance des locataires peuvent avoir un impact significatif sur les revenus. Et par conséquent, sur la distribution aux investisseurs.
Si la société n’est pas cotée en bourse, la revente des parts peut être plus complexe et moins liquide.
Les investisseurs peuvent rencontrer des difficultés pour céder leurs participations rapidement, surtout en période de faible demande.
Les sociétés foncières doivent s’adapter aux normes et aux contraintes spécifiques du secteur immobilier, telles que les nouvelles réglementations énergétiques ou les évolutions de la demande locative.
Ces contraintes nécessitent parfois des investissements supplémentaires pour maintenir la valeur des biens.
La SCI, malgré ses nombreux avantages, comporte également plusieurs inconvénients :
Les associés d’une SCI sont responsables des dettes de la société de manière illimitée et proportionnelle à leurs parts.
En cas de difficultés financières, leur patrimoine personnel peut être engagé pour rembourser les créanciers si les biens de la SCI ne suffisent pas.
La gestion d’une SCI demande du temps et des compétences. Le gérant désigné doit assurer des tâches variées telles que :
Cette gestion peut devenir lourde, surtout si le parc immobilier est conséquent ou en mauvais état.
Une SCI impose des formalités administratives strictes. Il est nécessaire :
Selon le régime fiscal choisi, une comptabilité rigoureuse peut également être exigée, augmentant ainsi les contraintes pour les associés.
La mise en place d’une SCI engendre des frais :
Par la suite, les coûts de gestion (comptable, juridique, entretien des biens) peuvent s’accumuler et réduire la rentabilité globale du projet.
Les décisions importantes, comme la vente d’un bien ou la réalisation de travaux, doivent généralement être prises à la majorité.
En cas de désaccord entre associés, la gestion peut devenir compliquée et bloquer certaines opérations, notamment dans un cadre familial.
Si la SCI est soumise à l’impôt sur les sociétés (IS), les bénéfices sont imposés directement au niveau de la société. Cela entraîne une double imposition si les associés se versent des dividendes.
À l’inverse, sous le régime de l’impôt sur le revenu (IR), les associés paient des impôts sur les revenus locatifs même si ces derniers ne sont pas distribués, ce qui peut poser des problèmes de trésorerie.
La cession des parts sociales d’une SCI est plus complexe qu’une vente immobilière classique.
Les formalités de transfert nécessitent souvent l’accord des autres associés et un acte notarié, ce qui peut ralentir le processus et dissuader de potentiels acheteurs.
La SCI est davantage conçue pour des projets immobiliers à long terme. Les frais de création, les contraintes de gestion et la fiscalité peuvent réduire l’intérêt économique d’une SCI si le bien est destiné à être revendu rapidement.
Si le gérant de la SCI manque à ses obligations ou prend de mauvaises décisions, les conséquences peuvent être préjudiciables pour les associés.
Ils ne peuvent pas se désengager facilement et restent responsables des dettes de la société.
Critères |
Société Foncière |
SCI |
Accès à des actifs stratégiques |
Possibilité d'investir dans des biens immobiliers importants et diversifiés. |
Limitée aux capacités financières des associés. |
Diversification du patrimoine |
Parc immobilier varié (bureaux, commerces, entrepôts) réparti géographiquement. |
Permet d'acquérir plusieurs biens, mais souvent à plus petite échelle. |
Mutualisation des risques locatifs |
Les pertes sont réparties grâce à la diversité des locataires et des biens. |
Risque réduit si plusieurs biens détenus, mais moins qu’avec une société foncière. |
Gestion |
Gestion assurée par des experts immobiliers professionnels. |
Un gérant interne (associé ou tiers) s’occupe de l’ensemble des décisions et formalités. |
Liquidité des parts |
Forte liquidité pour les sociétés cotées (achat/vente rapide en bourse). |
Cession de parts plus complexe, nécessitant des démarches et l’accord des associés. |
Fiscalité |
Régime fiscal optimisé pour les sociétés cotées (pas d’impôt sur les sociétés). |
Transparence fiscale (IR) ou option pour l’IS pour une gestion optimisée des bénéfices. |
Rendements réguliers |
Dividendes issus des revenus locatifs stables et redistribués aux investisseurs. |
Pas de revenus automatiques : dépend des loyers perçus et des décisions des associés. |
Souplesse d’organisation |
Structure plus rigide car gérée par des professionnels. |
Gestion flexible définie dans les statuts : liberté de décision entre associés. |
Volatilité du marché |
Valeur des parts soumise aux fluctuations des marchés financiers. |
Pas d'impact direct des marchés financiers, mais dépendance à la valeur du marché local. |
Sensibilité économique |
Impact des cycles économiques sur les loyers perçus et la valeur du parc immobilier. |
Vulnérable aux difficultés économiques, notamment si un locataire fait défaut. |
Frais de gestion |
Frais de gestion pour les professionnels et le portefeuille immobilier. |
Coûts liés à la gestion, aux travaux, à la comptabilité ou aux éventuels intermédiaires. |
Responsabilité des associés |
Aucune responsabilité personnelle pour les investisseurs. |
Responsabilité illimitée des associés sur leur patrimoine personnel en cas de dettes. |
Complexité administrative |
Gestion simplifiée pour l’investisseur : aucune formalité individuelle. |
Formalités lourdes : rédaction des statuts, comptabilité stricte, décisions en AG. |
Risque de conflits entre associés |
Non applicable : gestion externalisée et professionnelle. |
Présence de désaccords fréquents si les statuts ne précisent pas clairement les rôles. |
Créer une société foncière nécessite de suivre plusieurs étapes structurées :
Les étapes pour créer une SCI sont :
Le choix entre une société foncière et une SCI repose principalement sur :
La SCI convient davantage aux particuliers qui souhaitent gérer et transmettre un patrimoine immobilier, souvent dans un cadre familial. Elle offre une grande flexibilité dans la répartition des parts sociales, la gestion des biens et la transmission progressive aux héritiers, tout en bénéficiant d’une fiscalité souple, généralement sous le régime de l’impôt sur le revenu (IR).
Elle est idéale pour des projets à moyen ou long terme, bien que sa gestion demande une implication personnelle et une organisation administrative stricte.
En revanche, la société foncière s’adresse à des investisseurs plus ambitieux qui souhaitent constituer un patrimoine conséquent, composé d’actifs diversifiés comme des bureaux, commerces ou immeubles industriels.
Elle permet de déléguer la gestion à des professionnels du secteur immobilier, assurant une optimisation des rendements sans contrainte opérationnelle pour les investisseurs.
Sur le plan fiscal, les sociétés foncières cotées bénéficient d’un régime favorable à l’impôt sur les sociétés (IS), particulièrement avantageux pour les grandes structures.
De plus, les parts d’une société foncière cotée offrent une meilleure liquidité grâce à leur échange sur les marchés financiers, contrairement aux parts de SCI, dont la cession est plus complexe et nécessite l’accord des associés.
Une SAS offre une grande flexibilité dans son fonctionnement et ses statuts, ce qui permet d’adapter la société aux besoins des associés, notamment pour des projets d’investissement de grande envergure. Elle est plus appropriée pour les investisseurs expérimentés qui souhaitent une structure évolutive et la possibilité d’intégrer des actionnaires sans lourdeurs administratives.
Créer une société foncière permet d’investir dans des actifs immobiliers conséquents, diversifiés et d’en déléguer la gestion à des professionnels. C’est une solution idéale pour percevoir des revenus réguliers grâce aux loyers, tout en bénéficiant d’une stratégie de valorisation à long terme des biens détenus.
Pour une gestion familiale et souple d’un patrimoine immobilier, la SCI est souvent privilégiée grâce à sa simplicité et à sa capacité à faciliter la transmission. Si l’objectif est de gérer des biens immobiliers de grande valeur avec une gestion externalisée et une optimisation des rendements, la société foncière ou la SAS immobilière sera plus adaptée.
Principales sources législatives et réglementaires :
Note du document :
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Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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