
SAS à conseil d’administration : définition, rôle et fonctionnement
Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Lors de la création d’une SAS (société par actions simplifiée) vous relevez en principe de l’IS (impôt sur les sociétés). Cependant, la loi vous permet de soumettre votre SAS à l’IR (impôt sur le revenu) au cours des 5 premières années postérieures à sa création. Les deux impôts présentent chacun des avantages et des inconvénients.
L’idéal consiste à choisir le plus en adéquation avec votre société et la situation personnelle des associés. Pour ce faire, plusieurs éléments doivent être pris en compte : dividendes, foyers fiscaux, montant du chiffre d’affaires, etc.
Afin de vous aider à choisir, nous vous présentons les particularités de la SAS soumise à l’IR.
Mini Sommaire
Du point de vue de la fiscalité de la SAS, elle est soumise de plein droit à l’impôt sur les sociétés. Il s’agit d’un impôt proportionnel à taux fixe, calculé sur les bénéfices de l’entreprise comme suit :
Ce régime fiscal engendre cependant une double imposition :
Les bénéfices non distribués aux actionnaires sont mis en réserve.
Par ailleurs, le législateur a créé deux mécanismes visant à alléger cette charge fiscale, notamment au niveau des actionnaires. Ainsi, pour l’imposition des dividendes et les prélèvements sociaux, l’actionnaire a ainsi le choix entre :
Ce choix dépend de la situation de votre foyer fiscal. L’ancien régime est intéressant si vous n’êtes pas imposable ou si vous êtes dans la tranche d’imposition de 11% :
En revanche, pour les tranches d’imposition supérieures (30%, 41% et 45%), la Flat Tax est plus opportune puisque le taux ne peut excéder 30%.
Lors de la création d’une SAS, vous avez la possibilité de soumettre la SAS à l’IR pour 5 ans maximum, si ce régime fiscal est plus adapté à votre situation. En effectuant ce choix, ce n’est pas la SAS, mais le président de la SAS et les associés qui supportent l’imposition.
Dans le cas d’une SAS soumise à l’IR, vous devez faire figurer les bénéfices sur votre déclaration annuelle de revenus dans la catégorie :
☝️ Bon à savoir : la part de bénéfices que chaque actionnaire doit inscrire sur sa déclaration est déterminée selon sa participation au capital. Ainsi, si un actionnaire détient 10 % des actions de la SAS, il doit déclarer 10 % des bénéfices réalisés par la société dans le cadre de sa déclaration de revenus annuelle.
L’affectation du résultat d’une SAS à l’IR n’a pas d’impact sur l’imposition. En effet, il importe peu que vous ayez distribué ou non les dividendes. Vous devez, dans tous les cas, déclarer les bénéfices réalisés et régler l’impôt qui en résulte.
☝️ Bon à savoir : en SAS, la responsabilité des actionnaires est limitée au montant de leurs apports. Ainsi, en cas de défaillance de la société, les créanciers ne peuvent pas poursuivre en paiement un actionnaire pour un montant supérieur à ce qu’il a apporté au capital de la société. Par exemple, si l’actionnaire a fait un apport de 1.000 €, il n’est tenu de régler que 1.000 € aux créanciers tout au plus.
Pour choisir entre l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu, vous devez vérifier de nombreux éléments tels que la rémunération, le montant du chiffre d’affaires, les dividendes…
En effet, les deux impôts ont des taux et un fonctionnement différent :
📝 À noter : pour avoir plus de précisions sur l'application des taux d'IS 2023, n'hésitez pas à consulter notre fiche pratique sur l'impôt sur les sociétés et le taux applicable.
Lorsque la SAS est soumise à l’IR, ses résultats s’ajoutent à l’ensemble des autres revenus de votre foyer fiscal pour former le revenu global. En conséquence :
☝️ Bon à savoir : en raison du barème progressif de l’IR, l’option n’est pas recommandée si les revenus de votre foyer fiscal sont importants ou si les bénéfices de votre SAS sont élevés.
Cette possibilité de pouvoir déduire les déficits de la SAS de votre propre impôt sur le revenu est particulièrement intéressante. En effet, les premières années qui suivent la création de votre SAS, le résultat est souvent déficitaire. Il est alors intéressant d’opter pour mettre la SAS à l’IR, afin d’imputer ces déficits immédiatement et de voir réduire significativement le montant de l’impôt sur le revenu à régler.
📝 À noter : cette possibilité n’est pas ouverte aux SAS à l’IS. En revanche, l’impôt sur les sociétés, vous offre la possibilité de reporter vos déficits en avant (sur les bénéfices futurs) ou en arrière, ce qui donne lieu à une créance fiscale.
Par ailleurs, la fiscalité de la société en SAS à l’IR fait peser le poids de l’obligation déclarative des bénéfices sur les actionnaires. Il appartient aux actionnaires de procéder à la déclaration des bénéfices d’une société à l’IS, et de s’acquitter de l’impôt. Cela évite à la société d’avoir à assumer cette responsabilité et de réaliser les démarches attachées. Pour une société en début de vie, cela peut être avantageux de répartir cette tâche entre les actionnaires.
L’option de la SAS à l’IR présente également un intérêt comptable. Si vous bénéficiez du régime simplifié, vos obligations comptables sont considérablement allégées.
☝️ Bon à savoir : il n’est pas nécessaire d’attendre la clôture de l’exercice comptable de la SAS soumise à l’IR pour disposer du résultat. En effet, en SAS à l’IR, le résultat est réputé entièrement libéré, donc les actionnaires peuvent en disposer même avant la clôture comptable.
La décision d’opter pour une SAS à l’IR n’est donc pas anodine, c’est pourquoi il est nécessaire de réunir l’accord de tous les actionnaires.
L’option pour l’IR n’est pas ouverte à toutes les SAS. Ainsi, pour avoir une SAS à l’IR, plusieurs conditions cumulatives doivent être réunies :
☝️ Bon à savoir : il est également possible d’avoir une SASU à l’IR. Les conditions à réunir sont les mêmes que pour une SAS avec plusieurs actionnaires.
Vous avez la possibilité d’opter pour la SAS à l’IR à deux moments clés de la vie d’une SAS :
📝 À noter : l’option à l’IR ne vaut que pour les 5 premiers exercices comptables de la SAS. Donc si vous optez pour l’impôt sur le revenu pour le 3ᵉ exercice, vous ne bénéficierez de l’IR que pour 3 exercices (3ᵉ, 4ᵉ et 5ᵉ). De plus, cette option est non renouvelable.
Pour opter pour une SAS à l’IR au moment de sa création, il vous suffit de cocher la case correspondante dans le formulaire de création qui permet de formaliser la demande d’immatriculation de la SAS.
☝️ Bon à savoir : si au cours de 5 premiers exercices de la SAS à l’IR, les actionnaires décident de passer à l’IS, aucun retour en arrière n’est possible. Le renoncement à l’option pour l’IR est irrévocable.
Si vous souhaitez finalement opter pour l’impôt sur le revenu au cours de 5 premières années d’existence de la SAS, vous devez avertir les services des impôts au cours des 3 premiers mois de l’exercice concerné par ce changement de régime fiscal.
Pour cela, vous devez formuler votre demande d’option pour l’IR par écrit. La lettre de notification doit préciser :
La signature de l’ensemble des associés est également nécessaire. Vous devez, par la suite, adresser ce document au service des impôts dont vous dépendez.
Par ailleurs, une fois l’option pour l’IR formalisée, la SAS à l’IR doit adresser un état récapitulatif au SIE dont elle dépend. Cela équivaut à une déclaration de résultat.
En ce qui concerne les charges sociales sur une SAS à l’IR, il faut distinguer les charges supportées par les associés, et les charges liées à la rémunération du président
En effet, dans une SAS à l’IR, les cotisations sociales au niveau des actionnaires se résument aux prélèvements sociaux prélevés sur les bénéfices. La CSG s'élève alors à 17,2 % pour les actionnaires non dirigeants, et à 9,7 % pour les actionnaires dirigeants.
Cela signifie, que les actionnaires ne bénéficient d’aucune protection sociale.
Par ailleurs, en ce qui concerne la SAS à l’IR et la rémunération du président, plusieurs points sont à noter :
À la lecture de tous ces éléments, vous vous demandez quel régime fiscal est le mieux : IR ou IS ?
Il n’y a pas de réponse universelle. En effet, comme nous avons pu le voir, ce choix dépend principalement de la situation personnelle des actionnaires, des prévisionnels financiers pour les premiers exercices de la SAS (bénéficiaires ou déficitaires), mais aussi des conditions d’éligibilité de la SAS à l’option pour l’IR.
Caractéristiques
|
SAS à l’IR |
SAS à l’IS |
Qui paie l’impôt sur les bénéfices ? |
Les actionnaires à proportion des actions détenues dans le capital social |
La SAS |
Taux d’imposition |
Barème progressif de l’impôt sur le revenu en fonction du revenu fiscal de chaque actionnaire |
15 % jusqu’à 42.500 € si vous êtes éligible au taux réduit, puis 25 % |
Imposition des dividendes distribués |
Oui |
Oui, les actionnaires les déclarent comme revenus de capitaux mobiliers |
Imposition des bénéfices non distribués |
Oui |
Non |
Déductibilité des déficits |
Oui |
Non mais la SAS peut reporter les déficits sur les prochains exercices, ou les exercices passés. |
Régime social du président de SAS rémunéré |
Assimilé salarié |
Assimilé salarié |
Par principe, une SAS est à l’IS. De plus, si la SAS a plus de 5 ans, elle est forcément soumise à l’impôt sur les sociétés puisque l’option pour l’IR n’est plus possible. Et pour les SAS de moins de 5 ans, il faut se référer à la demande d’immatriculation de la société ou aux statuts ou aux procès-verbaux d’Assemblée générale pour savoir si l’option pour l’IR a été exercée en cours de vie de la société.
La SAS à l’IR passe automatiquement à l’IR à son sixième exercice comptable. Mais les actionnaires peuvent décider de renoncer à l’option pour l’IR avant cette date. Dans ce cas, une décision des actionnaires prise à l’unanimité en assemblée générale est nécessaire. Ensuite, il convient de notifier la décision des actionnaires au service des impôts dans les 3 premiers mois de l’exercice au cours duquel la SAS souhaite passer à l’IS.
Pour choisir entre la SAS à l’IR et la SAS à l’IS, plusieurs éléments sont à prendre en compte :
Choisir entre l’IR et l’IS est ainsi particulièrement complexe. Les deux présentent des avantages et des inconvénients. L’idéal étant d’analyser préalablement votre situation, celle de votre foyer fiscal, et celle de votre SAS.
Avant de prendre cette décision essentielle, n’hésitez pas à demander l’avis d’un expert ou à vous faire accompagner pour choisir l’impôt le plus avantageux.
Principales sources législatives et réglementaires :
Note du document :
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Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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