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Fiches pratiques Gérer ses salariés Rupture contrat de travail Rupture conventionnelle ou licenciement économique, quelles différences ?

Rupture conventionnelle ou licenciement économique, quelles différences ?

Léna Cazenave - Image

Léna Cazenave

Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille. 


Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.

La rupture conventionnelle ou le licenciement économique sont deux procédures qui permettent de rompre le contrat de travail qui lie un salarié à son employeur. Il existe cependant des différences fondamentales entre ces deux modes de rupture. La principale est que la rupture conventionnelle est un accord amiable, alors que le licenciement est un mode de rupture unilatéral.

Quelles sont les différences à connaître entre une rupture conventionnelle et un licenciement économique ? Legalstart fait le point pour vous sur toutes les spécificités de ces modes de rupture du contrat de travail.

Mini-Sommaire

Rupture conventionnelle ou licenciement économique : de quoi parle-t-on ?

La rupture conventionnelle et le licenciement économique sont deux formes distinctes de rupture d’un contrat de travail. Voici comment les définir.

Rupture conventionnelle : définition

La rupture conventionnelle est un mode amiable de rupture de contrat de travail en CDI. Elle nécessite l’accord du salarié et de l’employeur.

Cette rupture amiable permet à l’employeur d’éviter une procédure de licenciement. Pour le salarié, ce mode de rupture lui permet de quitter son emploi en percevant l’assurance chômage (sous conditions) et une indemnité de rupture, contrairement à la démission.

On distingue deux sortes de rupture conventionnelle :

  • la rupture conventionnelle individuelle, négociée entre un salarié et son employeur ;
  • la rupture conventionnelle collective, qui s’applique dans le cadre d’un accord collectif d’entreprise, sur proposition de l’employeur uniquement.

📌 À retenir : la rupture conventionnelle permet au salarié et à l’employeur de rompre le CDI qui les lie d’un commun accord. L’employeur et le salarié peuvent proposer une rupture conventionnelle.

Licenciement économique : définition

Le licenciement économique est une rupture de contrat de travail décidée par l’employeur, pour des raisons qui ne sont pas inhérentes à la personne du salarié. En effet, un licenciement économique, comme son nom l’indique, doit être motivé par :

  • des difficultés économiques ;
  • la nécessité de sauvegarder la compétitivité de l’entreprise ;
  • sa cessation d’activité.

📝 À noter : la loi encadre strictement les raisons économiques qui peuvent être invoquées par l’employeur pour recourir à un licenciement économique.

Contrairement à la rupture conventionnelle, le licenciement économique ne requiert donc pas l’accord du salarié. Il ouvre droit à une indemnité de licenciement, des indemnités de préavis et à l’assurance chômage.

Rupture conventionnelle ou licenciement économique : qui peut être concerné ?

Entre une rupture conventionnelle ou un licenciement économique, tous les salariés ne sont pas nécessairement concernés par ces modes de rupture.

Les personnes pouvant demander une rupture conventionnelle

La rupture conventionnelle est un accord qui permet de mettre fin uniquement à un contrat à durée indéterminée (CDI). Elle ne peut toutefois pas être conclue pendant la période d’essai.

Ce mode de rupture ne s’applique pas aux salariés :

  • en contrat à durée déterminée (CDD) ;
  • en contrat de travail temporaire (intérim) ;
  • en contrat d’apprentissage.

☝️ Bon à savoir : un particulier employeur peut recourir à la rupture conventionnelle avec son salarié.

Les personnes pouvant faire l’objet d’un licenciement économique

En principe, tous les salariés de l’entreprise peuvent faire l’objet d’un licenciement économique. Cependant, sauf en cas de cessation totale d’activité, l’employeur doit se baser sur des critères objectifs pour déterminer l’ordre des salariés à licencier.

Ces critères objectifs, qui ne peuvent être discriminatoires, sont :

  • l’ancienneté ;
  • l’âge ;
  • l’importance du poste pour l’activité de l’entreprise ;
  • les compétences et qualifications professionnelles du salarié ;
  • les charges de famille, notamment pour les parents isolés ;
  • toute difficulté particulière de réinsertion professionnelle, notamment pour les salariés âgés ou handicapés.

📝 À noter : la convention collective applicable dans l’entreprise peut prévoir des critères différents pour établir l’ordre des licenciements économiques.

Rupture conventionnelle ou licenciement économique : quelle procédure ?

Que ce soit pour une rupture conventionnelle ou un licenciement économique, une procédure propre à chacun de ses modes de rupture doit être respectée.

La procédure de rupture conventionnelle

La rupture conventionnelle suit une procédure stricte pour éviter toute requalification en licenciement abusif. Aucun motif spécifique n’est exigé. Seul le commun accord des deux parties au contrat de travail est primordial.

Concernant la procédure pour une rupture conventionnelle individuelle, elle se déroule en 4 étapes :

  1. La lettre de rupture conventionnelle. Elle est rédigée par l’employeur ou le salarié, en fonction de qui émane la demande.
  2. Un entretien préalable de rupture conventionnelle pour fixer les modalités de rupture amiable du contrat de travail. Durant cet entretien, le salarié peut se faire assister, ainsi que l’employeur (seulement si le salarié en bénéficie).
  3. La signature d’une convention de rupture conventionnelle pour matérialiser l’accord et les conditions de rupture du contrat de travail.
  4. La demande d’homologation du formulaire de rupture conventionnelle par la DREETS. Cette demande est envoyée à l’issue d’un délai de rétractation de 15 jours calendaires.

Dans le cadre d’une rupture conventionnelle collective, un accord collectif doit être mis en place. Ce dernier fixe les modalités de rupture et le nombre de départs maximaux envisagés. L’accord collectif est ensuite transmis à la DREETS pour valider sa conformité. Les salariés doivent ensuite se présenter comme candidats à la rupture conventionnelle.

La procédure de licenciement économique

Pour être valable, le licenciement économique doit être justifié par des motifs légaux. La procédure varie en fonction du nombre de salariés concernés par le licenciement. Dans tous les cas, l’employeur doit préalablement tout mettre en œuvre pour reclasser les salariés. Le licenciement économique doit intervenir en dernier recours.

Pour un licenciement économique individuel, la procédure est la suivante :

  1. Consultation du comité économique et social (CSE) si le licenciement est motivé par une réorganisation de l’entreprise ou si le salarié concerné est un représentant du personnel.
  2. Convocation à l’entretien préalable au licenciement. Elle doit être envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception ou remise en main propre contre décharge.
  3. Envoi de la lettre de licenciement économique au salarié dans un délai de 7 jours ouvrables après l’entretien.
  4. Information de la Dreets du licenciement économique par un écrit contenant toutes les informations relatives au licenciement ;
  5. Respect du préavis de licenciement économique par le salarié avant la remise des documents de fin de contrat.

Dans le cadre d’un licenciement économique collectif, l’employeur est tenu d’appliquer les critères d’ordre de licenciement à l’ensemble des salariés appartenant à la catégorie professionnelle visée par le licenciement.

Dans les entreprises de plus de 50 salariés, si le licenciement économique concerne 10 salariés ou plus sur une période de 30 jours consécutifs, l’employeur doit élaborer un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Ce dernier sert à limiter les licenciements et à proposer des mesures d’accompagnement aux salariés. Il est validé ou homologué par la Dreets (direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités).

☝️ Bon à savoir : dans le cadre d’un licenciement économique, le salarié licencié bénéficie d’une priorité de réembauche. Dans les faits, pendant un an suivant le licenciement économique du salarié, l’employeur est tenu de l’avertir si un poste est disponible (compatible avec les qualifications et compétences du salarié licencié).

Rupture conventionnelle ou licenciement économique : quel préavis ?

Que ce soit dans le cadre d’une rupture conventionnelle ou d’un licenciement économique, le salarié bénéficie d’une période avant la rupture effective de son contrat de travail.

Le préavis en rupture conventionnelle

Dans le cadre d’une rupture conventionnelle, on ne parle pas de préavis à proprement parler. En effet, il est question ici de délai de rétractation et de délai d’homologation.

En pratique, les délais suivants doivent être respectés :

  • 15 jours calendaires de délai de rétractation après la signature de la convention de rupture ;
  • 15 jours ouvrables de délai d’homologation par l’administration dès réception du formulaire de rupture conventionnelle.

Ainsi, après signature de la rupture conventionnelle, le salarié dispose d’un peu plus d’un mois avant que le contrat de travail soit effectivement rompu.

Le préavis pour un licenciement économique

Lors d’un licenciement économique, le salarié dispose d’un délai de préavis dont la durée légale dépend de son ancienneté :

  • 1 mois si l’ancienneté est comprise entre 6 mois et deux ans ;
  • 2 mois au-delà.

⚠️ Attention : des dispositions conventionnelles peuvent prévoir des durées de préavis plus longues, c’est-à-dire plus favorables pour le salarié.

Dans certains cas, le salarié n’effectue pas de préavis dans le cadre d’un licenciement économique. C’est le cas lorsque :

  • Le salarié est dispensé par l’employeur d’effectuer son préavis. Le salarié ne travaille pas, mais il est payé jusqu’à la fin de son préavis initialement prévu.
  • Le salarié accepte le contrat de sécurisation professionnelle (CSP), un congé de reclassement ou un congé de mobilité.

Rupture conventionnelle ou licenciement économique : quelles indemnités ?

La rupture conventionnelle et le licenciement économique sont deux modes de rupture du contrat de travail qui ouvrent droit à des indemnités pour le salarié.

Les indemnités de rupture conventionnelle

Un salarié qui bénéficie d’une rupture conventionnelle perçoit une indemnité de rupture conventionnelle. Cette dernière ne peut pas être inférieure à l’indemnité légale ou conventionnelle de licenciement, toutes deux calculées sur le salaire brut du salarié et en fonction de son ancienneté.

Ainsi, son montant doit au moins être égal à :

  • 1/4 de mois de salaire, par année d’ancienneté, pour les 10 premières années ;
  • plus 1/3 de mois de salaire, par année d’ancienneté, au-delà de 10 ans.

Dans les faits, l’indemnité de rupture conventionnelle résulte d’une négociation entre le salarié et l’employeur et peut donc être fixée librement par les parties, en tenant compte du minimum légal ou conventionnel.

📝 À noter : l’indemnité de rupture conventionnelle est exonérée de cotisations dans la limite de 2 fois le plafond de Sécurité sociale (Pass), soit 94.200 € pour 2025. Toutefois, la part de l’indemnité de rupture conventionnelle exonérée de cotisations sociales est soumise à une contribution patronale spécifique de 30 %.

De plus, la part de l’indemnité qui dépasse la fraction exonérée est soumise à impôts. L’indemnité spécifique de rupture conventionnelle est imposable dès le 1er euro si le salarié peut bénéficier d’une pension de retraite.

Les indemnités de licenciement économique

L’indemnité de licenciement économique est égale à l’indemnité de licenciement légale ou conventionnelle. Si la convention collective ne prévoit pas de dispositions plus favorables, son montant est égal à :

  • 1/4 de mois de salaire, par année d’ancienneté, pour les 10 premières années ;
  • plus 1/3 de mois de salaire, par année d’ancienneté, au-delà de 10 ans.

📝 À noter : l’indemnité légale de licenciement économique est intégralement exonérée d’impôts sur le revenu.

L’indemnité de licenciement économique est versée dès lors que le salarié a plus de 8 mois d’ancienneté. Dans le cadre du plan de sauvegarde de l’emploi, le salarié peut également bénéficier d’une indemnité supplémentaire, dite supra légale.

❓ Question fréquente : licenciement économique ou rupture conventionnelle après 50 ans, quelle indemnité ? La loi prévoit, sous conditions, une majoration de l’indemnité légale de licenciement pour les salariés de plus de 50 ans ayant plus de 10 ans d’ancienneté. L’indemnité légale est alors majorée de 25 %. Certaines conventions collectives peuvent également prévoir des dispositions plus favorables pour les salariés de plus de 50 ans.

Rupture conventionnelle ou licenciement économique : quels droits au chômage ?

Les salariés peuvent, sous conditions, percevoir des droits au chômage dans le cadre d’une rupture conventionnelle ou d’un licenciement économique.

Les droits au chômage suite à une rupture conventionnelle

La rupture conventionnelle ouvre droit aux allocations chômage pour le salarié. Il doit toutefois remplir les critères d’affiliation à France travail. L’indemnité de chômage est alors égale au montant le plus élevé entre les calculs suivants :

  • 12,47 € d’indemnité fixe + 40,4 % du salaire journalier de référence (SJR) ;
  • ou 57 % du salaire journalier de référence (SJR).

Les droits au chômage suite à un licenciement économique

Dans le cadre d’un licenciement économique, le salarié peut choisir entre deux types d’allocations :

  • l’allocation de retour à l’emploi (ARE) ;
  • ou l’allocation de sécurisation professionnelle (ASP) s’il accepte le contrat de sécurisation professionnelle (CSP).

S’il opte pour l’ARE, les montants perçus sont calculés de la même façon que pour une rupture conventionnelle, à savoir :

  • 12,47 € d’indemnité fixe + 40,4 % du salaire journalier de référence (SJR) ;
  • ou 57 % du salaire journalier de référence (SJR).

S’il perçoit l’ASP, cette dernière est plus avantageuse dès lors qu’il dispose d’au moins un an d’ancienneté. Elle est égale à 75 % du salaire journalier de référence (SJR).

📝 À noter : le CSP est limité à une durée de 12 mois. Si, passé ce délai, le salarié n’a pas retrouvé un emploi, et qu’il lui reste des droits au chômage, les droits restants sont versés sous forme d’ARE.

Zoom sur le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) : le CSP est un dispositif proposé par France travail qui accompagne les salariés licenciés pour motif économique vers un retour à l’emploi.

Rupture conventionnelle ou licenciement économique : tableau récapitulatif

 

Rupture conventionnelle

Licenciement économique

Mode de rupture

D’un commun accord

Décision unilatérale de l’employeur

Salariés concernés

Les salariés en CDI, après la période d’essai

Tous les salariés

Procédure

Signature d’une convention de rupture conventionnelle homologuée par la Dreets

Lettre de licenciement économique et information à la Dreets

Préavis

Pas de préavis, mais un délai de rétractation et d’homologation

Au moins égal à la durée légale (1 mois ou 2 mois)

Indemnité

Indemnité de rupture conventionnelle au moins égale à l’indemnité légale de licenciement

Indemnité légale de licenciement

Droits au chômage

Oui pour l’ARE

Oui pour l’ARE ou l’ASP si le salarié opte pour le CSP

FAQ

Quel est le licenciement le plus avantageux pour l’employeur ?

Sur le plan financier, le licenciement économique ou pour tout autre motif est plus avantageux pour l’employeur qu’une rupture conventionnelle (dont l’indemnité est soumise à une contribution patronale spécifique de 30 %).

Quel est l’avantage du licenciement économique ?

Pour le salarié, le licenciement économique ouvre droit à une indemnité de licenciement et à des allocations chômage plus avantageuses s’il opte pour le CSP.

Quels sont les inconvénients d’une rupture conventionnelle ?

Outre le coût de la rupture conventionnelle dû à la contribution patronale spécifique de 30 %, ce mode de rupture présente un risque de requalification en licenciement sans cause réelle et sérieuse ou d’une démission.

Principales sources législatives et réglementaires :

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