
Rupture conventionnelle et chômage : quelles sont les règles ? (2025)
Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Peut-on avoir le chômage après une démission ? Si vous envisagez de quitter votre entreprise pour monter votre boite ou pour toute autre raison, cette question vous a probablement déjà traversé l’esprit.
En principe, seuls les cas d’interruption involontaire de contrat ou de rupture conventionnelle ouvrent droit à l’Allocation de Retour à l’Emploi (ARE), plus souvent appelée “allocation chômage”. Toutefois, il existe des exceptions qui permettent de toucher l’allocation chômage en cas de démission. Comment toucher le chômage après une démission ? Quels sont les cas d’ouverture du droit au chômage après une démission ? Dois-je utiliser un modèle de lettre de démission ? Présentation.
Mini-Sommaire
En principe, il n’est pas possible de bénéficier de l’ARE après une démission. En effet, l’allocation de retour à l’emploi est réservée aux personnes qui ont fait l’objet d’un licenciement ou d’une rupture conventionnelle. Le salarié démissionnaire est considéré comme étant à l’initiative de son chômage. Celui-ci étant volontaire, il ne peut bénéficier de l’ARE.
À noter : il est impossible de démissionner d’un CDD. En effet, pour rompre un CDD, il faut réaliser une rupture anticipée. Les règles relatives au chômage en cas de démission d’un CDD sont les mêmes que pour un CDI. Cependant, rompre un CDD avant la date d'échéance du contrat de travail n’est possible que sous certaines conditions.
Ainsi, démission et chômage en 2025 ne sont pas compatibles. Plus précisément, vous pouvez vous inscrire à France Travail suite à votre démission en tant que demandeur d’emploi, mais vous ne pourrez pas toucher de droit au chômage après une démission en CDI.
À noter : depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, France Travail remplace Pôle emploi. Ce nouvel organisme bénéficie de missions étendues ainsi que d'un accompagnement amélioré pour les chercheurs d'emploi.
Malgré le principe énoncé précédemment, il existe des exceptions qui permettent de récupérer ses droits au chômage après une démission.
Ainsi, vous pouvez toucher le chômage après une démission si vous êtes dans l’un des quatre cas suivants :
À noter : démission en CESU et chômage ne sont pas conciliables. Le salarié qui travaille pour un particulier doit démissionner pour l’un des motifs légitimes énoncés ci-dessus pour pouvoir prétendre aux allocations-chômage.
Question fréquente : la dépression est-elle un motif de démission légitime ouvrant droit au chômage ? Démission pour dépression et droits au chômage sont compatibles uniquement si la dépression est causée par un acte délictueux de l’employeur comme le harcèlement moral et/ou sexuel. En soi, la dépression n’est pas une cause légitime de démission. Pour ce qui est de la démission pour cause de maladie, les droits au chômage peuvent être ouverts, s’il n’y a pas démission, mais licenciement pour inaptitude déclarée par la médecine du travail.
La démission légitime n’est pas l’unique cas qui permet de récupérer ses droits au chômage après une démission. Lorsque vous effectuez une reconversion professionnelle ou que vous créez ou reprenez une entreprise, vous pouvez également bénéficier des allocations chômage. L’objectif est de vous donner un coup de pouce pour lancer votre nouvelle activité.
Ainsi, depuis le 1er novembre 2019, la loi Macron “démission chômage” a créé de nouvelles conditions d’ouverture des droits au chômage après une démission.
La nouvelle loi chômage démission prévoit que lorsqu’un salarié démissionne dans l’objectif d’une reconversion professionnelle ou lorsqu’il s’agit d’une démission pour création d’entreprise, il peut bénéficier de l’ARE sous certaines conditions.
Il est donc possible de prétendre au chômage pour la création d’une entreprise en cas de démission. Par exemple, en cas de démission pour être auto-entrepreneur, le chômage peut être perçu.
Pour ouvrir vos droits, vous devez :
De plus, avant de donner sa démission, le salarié qui souhaite quitter son emploi pour créer ou reprendre une entreprise doit demander un avis au conseil en évolution professionnelle (CEP). Il doit également présenter son dossier à la commission paritaire de sa région (CPIR), afin d’obtenir une attestation validant le caractère réel et sérieux de son projet d’entreprise. Une fois l’attestation obtenue, le salarié dispose d’un délai de 6 mois pour procéder à la demande d’indemnisation auprès de France Travail.
Vos droits au chômage après une démission en CDD ou en CDI peuvent également être ouverts si, au moment de votre démission, vous étiez déjà en cours d’indemnisation par France Travail.
Démission et chômage sont alors compatibles, mais uniquement si vous êtes dans l’un des trois cas suivants :
Le dernier cas qui fait exception à l’absence d'indemnisation de France Travail suite à une démission, correspond au cas du réexamen de votre dossier par l’instance paritaire régionale (IPR). Cette instance paritaire est composée de représentants syndicaux et patronaux.
En effet, si vous avez demandé le chômage après une démission et que le versement de l’ARE vous a été refusé par France Travail, car vous ne rentriez pas dans l’un des cas d’exception vus précédemment, vous pouvez demander un réexamen de votre dossier.
Toutefois, pour pouvoir bénéficier du chômage en cas de démission, vous devez remplir les conditions cumulatives suivantes :
Par conséquent, après une démission, le chômage demandé au bout de 4 mois peut être accordé par l’IPR. L’allocation chômage est alors versée à partir du cinquième mois suivant la démission, selon les conditions normales de versement.
Comme nous venons de le voir, chômage et démission peuvent être compatibles dans certains cas. Mais alors comment faire pour avoir le chômage suite à une démission en CDI ? Quelles sont les démarches à effectuer et les documents à fournir ? On vous explique.
Pour percevoir le chômage après une démission, vous devez suivre 4 grandes étapes :
Ensuite, les documents à fournir varient en fonction du type de démission.
Bon à savoir : depuis le 1ᵉʳ décembre 2021, il faut avoir travaillé au moins 6 mois ou 910 heures, pour ouvrir ses droits au chômage.
Dans le cadre de votre inscription au chômage, la démission peut vous permettre de toucher vos droits si elle est considérée comme légitime. Selon votre situation, les justificatifs à fournir vont varier :
Cas de démission légitime |
Justificatifs à fournir |
Mariage ou Pacs avec changement de lieu de résidence |
|
Démission pour suivre son conjoint qui change de lieu de résidence pour exercer un nouvel emploi salarié (ou non) |
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Clause « de couple ou indivisible » |
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Mineur qui quitte son emploi pour suivre ses parents |
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Personne "protégée" (sous tutelle, curatelle ou sauvegarde de justice) qui démissionne pour suivre son tuteur, curateur ou mandataire |
|
Enfant handicapé admis dans une structure d’accueil hors du lieu de résidence |
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Victime de violences conjugales, imposant un déménagement |
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Démission d'un nouveau contrat avant 65 jours travaillés, après licenciement, rupture conventionnelle ou fin de CDD |
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Démission après 3 ans d’affiliation sans interruption, suivie d’un CDI auquel l'employeur met fin dans les 65 premiers jours |
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Échec dans la création ou la reprise d’une entreprise |
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Salaire non versé malgré une décision de justice |
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Victime d'un acte délictueux dans le cadre du contrat de travail |
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Fin de contrat d’insertion par l’activité pour occuper un emploi ou une action de formation |
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Fin de contrat unique d’insertion pour un emploi en CDI ou CDD d’au moins 6 mois, ou pour suivre une action de formation qualifiante |
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Suite à un contrat de service civique, de volontariat de solidarité internationale ou associatif (pour au moins 1 an) |
|
Journaliste : suite à des problèmes de conscience professionnelle ou d’orientation politique |
|
Assistant(e) maternel(e) : suite au refus de l'employeur de procéder aux vaccinations légales de son enfant |
|
Pour rappel, pour toucher le chômage, la démission pour création d’entreprise doit intervenir après avoir obtenu la validation par l’IPR. Voici les étapes à suivre :
À noter : en cas de décision négative de l’IPR, vous disposez d’un délai de 2 mois pour contester la décision.
Si vous posez votre démission et que vous êtes déjà en cours d’indemnisation par France Travail, vous devez fournir une attestation de l’employeur, afin de justifier que votre contrat de travail remplissait bien les conditions requises pour continuer à percevoir l’ARE.
Si vous n’êtes pas dans l’un des trois cas précédents, votre demande de chômage pour démission doit suivre les étapes suivantes :
Bon à savoir : vous venez de mettre fin à votre période d'essai ? Il s'agit d'une situation un peu particulière. On vous explique les conséquences de la rupture de la période d'essai sur le droit au chômage.
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Voici un tableau récapitulatif des cas de démission ouvrant droit au chômage et les conditions d’indemnisation correspondantes :
Les démissions qui donnent droit à l'ARE |
Les conditions d'indemnisation |
Les démissions légitimes |
|
Les démissions pour reconversion professionnelle ou création d’entreprise |
|
Les démissions en cours d'indemnisation |
|
Les démissions suite au réexamen par l’IPR |
|
Pour bénéficier du chômage après une démission, vous devez être dans l’un des 4 cas suivants :
Dès lors que vous êtes dans l’un des cas de démission d’un CDI qui ouvrent droit au chômage, vous bénéficiez de vos droits normaux au chômage. Un délai de carence d’au moins 7 jours est à prévoir.
En l’absence de justification légale, la rupture d’un CDD n’ouvre pas droit à une indemnisation par France Travail. Toutefois, il est possible de démissionner d’un CDD pendant la période d’essai, en cas de force majeure, de faute grave de l’employeur ou encore d'inaptitude déclarée par la médecine du travail.
En cas de démission pendant un congé parental, les droits au chômage sont calculés en tenant compte de cette période de suspension du contrat de travail. Ainsi, si vous fournissez les justificatifs adéquats de la CAF, le salaire est reconstitué pendant toute la durée du congé parental.
Sauf cas exceptionnels, vous ne pouvez pas percevoir de droits au chômage après une démission. Toutefois, si vous travaillez au moins 65 jours après votre démission, vous pouvez faire une demande d'allocations chômage.
Si vos droits au chômage acquis au cours d'un précédent emploi ne sont pas épuisés et que vous êtes en cours d'indemnisation au moment de votre démission, vous pouvez continuer de percevoir l'ARE sous réserve d'être dans l'un des cas suivants :
Si vous étes en cours d'indemnisation par France Travail au moment de votre démission, le versement de votre allocation n'est pas suspendu dans les 3 cas suivants :
Principales sources législatives et réglementaires :
Note du document :
4,5 - 285 vote(s)
Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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