Délai de carence et chômage : comment ça marche ?
Quel est le calcul des indemnités chômage en France ?
Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.
Les allocations chômage, juridiquement appelées allocations d’aide au retour à l’emploi permettent de compenser, autant que faire se peut, la perte d’un emploi.
Le calcul des indemnités chômage indemnités prend en compte de nombreux éléments comme la rémunération perçue, la durée de l’activité professionnelle, la nature du contrat de travail - temps plein ou temps partiel - et le versement, ou non, de pensions diverses.
Les allocations chômage s’appliquent aux contrats de travail à temps plein et à temps partiel, étant précisé que, pour ces derniers, des modalités de calcul particulières seront applicables.
Mini-Sommaire
Qui peut bénéficier des indemnités chômage ?
Pour bénéficier des indemnités chômage, deux cas de figure se présentent :
- lorsque le demandeur d’emploi à moins de 53 ans, il peut bénéficier, en cas de perte d’emploi, des allocations chômage dès lors qu’il a cotisé au chômage 130 jours ouvrables (6 mois), ou 910 heures de travail au cours des 24 derniers mois ;
- les demandeurs d’emploi, âgés de 53 à 61 ans peuvent bénéficier, en cas de perte d’emploi, des allocations chômage s’ils ont travaillé 130 jours ouvrables (6 mois) ou 910 heures au cours des 36 derniers mois.
☝️ Bon à savoir : depuis le 1er janvier 2024, France Travail remplace Pôle emploi. Ce nouvel organisme bénéficie de missions étendues ainsi que d'un accompagnement amélioré pour les chercheurs d'emploi.
Quelles sont les conditions à remplir pour toucher les indemnités chômage ?
La durée du versement des allocations chômage est égale à la durée de travail durant ces mêmes 24 ou 36 derniers mois, étant précisé que la durée maximale d’indemnisation est fixée à 24 ou 36 mois consécutifs (selon l’âge du demandeur d’emploi).
Autrement dit, un salarié qui a travaillé 8 mois bénéficiera du versement des allocations chômage pendant 8 mois. Et un salarié qui a travaillé 11 ans bénéficiera du versement des allocations chômage pendant 24 ou 36 mois maximum, selon son âge.
📝 À noter : il convient ici de préciser que le nombre de jours travaillés par le salarié se décompte, au titre des droits France Travail, à hauteur de 5 jours maximum par semaine de sorte que si un salarié a travaillé, au titre de son dernier emploi, 7 jours consécutifs sur la semaine, seuls 5 jours seront pris en compte.
Pour bénéficier du versement des allocations chômage, le salarié doit actualiser sa situation professionnelle auprès de France Travail par le biais de démarche administrative, notamment la production des documents de fin de contrat, remis par son employeur au jour de la rupture effective de son contrat de travail :
- certificat de travail ;
- attestation France Travail ;
- et solde de tout compte.
❓ Question fréquente : quelle est la différence entre ARE et allocation chômage ? L'ARE (allocation d'aide au retour à l'emploi) est le nom donné à l'allocation chômage en France. Il n'y a pas de différence fondamentale entre les deux termes dans le contexte français.
Quelles sont les modalités de calcul des indemnités chômage ?
Les allocations chômage sont calculées au regard de la rémunération perçue par le salarié au cours des 12 mois précédents le dernier jour travaillé (et payé).
Les revenus pris en compte dans le calcul des indemnités chômage
Au titre de cette rémunération, est pris en compte le salaire mensuel brut du salarié outre ses primes. Les indemnités de 13e mois, les primes de bilan et les gratifications perçues (uniquement pour la partie portant sur le 12e mois) sont prises en compte dans le calcul du salaire journalier de référence.
Le salaire précité doit répondre aux critères suivants :
- être versé en contrepartie de l’exécution d’un contrat de travail ;
- être soumis aux cotisations France Travail ;
- et ne pas avoir déjà servi au calcul d’indemnité chômage par le passé.
Les revenus exclus du calcul des indemnités chômage
En revanche, certains revenus ne sont pas pris en compte dans l’assiette de calcul des allocations chômage. C’est le cas :
- des indemnités de licenciement, de rupture conventionnelle, etc. ;
- des primes de précarité ;
- des indemnités compensatrices de congés payés ;
- des indemnités compensatrices en cas de dispense de préavis ;
- et de l’ensemble des sommes liées à la rupture du contrat décidées par un juge.
De la même manière, les salaires perçus pendant la période de référence ne sauraient être pris en compte s’ils ont déjà été inscrits dans l’assiette de calcul de précédent droit.
Comment calculer les indemnités chômage ?
Calcul des indemnités chômage pour un temps complet
Il est aussi possible de parler de calcul de l'ARE. Les indemnités chômage sont calculées en fonction du salaire journalier de référence (SJR).
Calcul du salaire journalier de référence
Pour un demandeur d’emploi qui a moins de 53 ans, le calcul est :
- somme du total des rémunérations brutes perçues durant les 2 années précédant la fin du dernier contrat de travail ;
- division de cette somme par le nombre de jours calendaires (jours travaillés + jours non travaillés) compris entre le 1er jour du premier contrat et le dernier jour du dernier contrat de cette période.
Salaire journalier de référence = (total des rémunérations brutes perçues durant les 2 années précédant la fin du dernier contrat de travail) / nombre de jours calendaires compris entre le 1er jour du premier contrat et le dernier jour du dernier contrat de cette période.
Pour chaque mois, les rémunérations prises en compte ne peuvent pas dépasser 15.456 €.
🛠️ En pratique : un ancien salarié a perçu sur les 2 dernières années avant la fin de son contrat 53.000 € brut. Sur 731 jours calendaires, son salaire de référence (SJR) est : 53.000 / 731 = 72,50 €.
Pour un demandeur d’emploi qui a plus de 53 ans, le calcul est :
- somme du total des rémunérations brutes perçues durant les 3 années précédant la fin du dernier contrat de travail ;
- division de cette somme par le nombre de jours calendaires (jours travaillés + jours non travaillés) compris entre le 1er jour du premier contrat et le dernier jour du dernier contrat de cette période.
Salaire journalier de référence = (total des rémunérations brutes perçues durant les 3 années précédant la fin du dernier contrat de travail) / nombre de jours calendaires compris entre le 1er jour du premier contrat et le dernier jour du dernier contrat de cette période.
🛠️ En pratique : un demandeur d’emploi a perçu sur les 3 dernières années avant la fin de son contrat 78.000 € brut. Sur 1.096 jours calendaires, son salaire de référence (SJR) est : 78.000 / 1.096 = 71,17 €.
Calcul pour un temps complet
Les allocations chômage sont versées mensuellement de sorte que le montant de l’allocation journalière est multiplié par le nombre de jours du mois correspondant.
Une fois le SJR défini, le montant de l’allocation versée par France Travail a pour calcul :
Ou |
40,4 % du salaire journalier de référence (SJR) + une partie fixe de 12,95 € |
57 % du SJR. |
C’est le montant le plus élevé qui est retenu.
🛠️ En pratique : pour un demandeur d’emploi dont le SJR est de 71,17 €, son indemnité de chômage sera de :
- (40,4 % x 71,17) + 12,95 = 28,75 + 12,95 = 41,70 €.
- 57 % x 71,17 = 40,57 €.
Dans cet exemple, c’est la première méthode qui sera appliquée. Le salaire journalier sera donc ici de 41,17 €/jour. L’indemnité d’allocation chômage, sur un mois de 31 jours, sera donc de 31 x 41,17 € = 1.292,70 € brut. Ce qui donnerait une simulation chômage net de 1.009 €.
⚠️ Attention : le salaire journalier ne peut pas être inférieur à 31,59 € pour un temps de travail complet. L’allocation ne peut pas dépasser 289,64 €/jour.
Calcul des indemnités chômage pour un temps partiel
Le montant des allocations chômage à temps partiel est égal à la somme retenue selon le calcul précédemment indiqué, minoré d’un coefficient de réduction égal à la formule suivante : horaire à temps partiel/horaire légal (ou conventionnel) de travail.
🛠️ En pratique : un salarié à temps partiel dont la durée de travail est fixée à 28 heures tandis que la durée de travail de l’entreprise (pour un temps plein) est de 35 heures, se verra appliquer un coefficient calculé comme suit : 28/35 = 0,8. C’est donc un coefficient de 0,8 qui sera appliqué à la partie fixe détaillée précédemment au titre du calcul de l’allocation chômage du demandeur.
Calcul des indemnités chômage en cas de cumul du chômage avec une activité à temps partiel
Comme on l’a vu, les allocations chômage ont, par principe, pour objet de compenser la perte d’un emploi.
Les demandeurs d’emploi qui reprennent une activité professionnelle à temps partiel peuvent toutefois cumuler, pour partie, leurs allocations chômage avec la rémunération nouvellement perçue au titre de leur contrat de travail à temps partiel.
En effet, afin d’inciter les demandeurs d’emploi à reprendre une activité professionnelle, fut-ce à temps partiel, France Travail maintient, en cas de reprise d’un contrat de travail à temps partiel, le versement des allocations chômage.
Un tel cumul - entre les allocations chômage et la rémunération perçue au titre du CDI ou CDD à temps partiel – ne dépend pas du nombre d’heures de travail accompli par le salarié (sous réserve qu’il s’agisse d’un temps partiel) ni du montant de la rémunération perçue.
Le montant des allocations chômage d’un salarié qui a repris une activité à temps partiel est toutefois réduit par rapport aux allocations chômage perçues lorsqu’il se trouvait sans aucune activité.
Ainsi, l’allocation chômage perçue en complément d’un salaire à temps partiel correspond à la formule suivante :
Allocation chômage perçue en complément d’un salaire à temps partiel = allocations chômage initiales (pleine et entière) – 70 % du salaire mensuel brut perçu au titre du contrat de travail à temps partiel.
📌 À retenir : il convient toutefois de préciser que le complément chômage/travail à temps partiel, ne doit pas excéder le montant de l’ancien salaire (celui perçu par le salarié au cours des 12 derniers mois précédant la rupture de son contrat de travail et ouvrant droit aux allocations chômage initiales).
Par ailleurs, le résultat précédemment obtenu est divisé par le montant de l’allocation chômage journalière, afin de déterminer le nombre de jours d’allocations devant être versé chaque mois (le nombre obtenu étant arrondi à l’entier le plus proche).
Pour pouvoir bénéficier d’une telle allocation supplémentaire, le salarié qui a repris une activité à temps partiel est tenu d’actualiser sa situation professionnelle auprès de France Travail.
Les allocations chômage sont cumulées avec le salaire à temps partiel jusqu’au terme des droits au chômage du salarié concerné, étant, là encore, précisé que seuls les jours indemnisés dans le mois sont décomptés de la durée d’indemnisation restante.
Autrement dit, chaque jour non indemnisé reporte d’autant la date de fin des droits.
☝️ Bon à savoir : les allocations chômage sont soumises à la CSG et à la CRDS, sous réserve que de telles cotisations n’emportent pas réduction de l’allocation chômage en dessous du plancher précité égal à 28,86 euros.
FAQ
Quelle est la durée des allocations chômage ?
La durée d’allocation chômage varie en fonction de l’âge du demandeur. Pour un demandeur d’emploi de moins de 53 ans, la durée des allocations est de 24 mois maximum s’il remplit les conditions requises. Pour un demandeur d’emploi de plus de 53 ans, la durée est de 36 mois maximum.
Comment est calculé le chômage en 2024 ?
En 2024, le chômage est calculé en fonction de la rémunération brute du salarié sur les 2 ou 3 dernières années (selon son âge). Il prend également en compte s’il a travaillé en temps complet ou en temps partiel sur son dernier contrat de travail. Avec ses données, le montant de l’allocation va dépendre du calcul du SJR (salaire journalier de référence).
Quelles indemnités chômage pour un salaire de 2.500 euros net ?
Pour définir les indemnités chômage pour un salaire de 2.500 € net, il est nécessaire d’avoir des informations complémentaires (temps de travail, etc.). Si on considère qu’il s’agit d’un salarié non-cadre de moins de 53 ans et qu’il a travaillé en temps plein, son salaire brut sur 12 mois est de 3.205 €/mois (soit 76.920 €/an). S’il n’a touché aucune autre forme de rémunération, son SJR est de 76.920 € / 731 jours calendaires = 105,23 €. Dans ce cas-là, son salaire journalier est de 59,98 € et son indemnité chômage sur un mois de 31 jours de 1.450 € brut.
Principales sources législatives et réglementaires :
- décret n° 2019-797 du 26 juillet 2019 relatif au régime d'assurance chômage ;
- circulaire n° 2021-13 du 19 octobre 2021.
Note du document :
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Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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