Congés payés et CDD : le guide 2024
Convention collective automobile : que prévoit-elle pour les entreprises du secteur ?
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.
Le secteur de l'automobile en France est régi par une convention collective spécifique, destinée à encadrer les relations de travail et à garantir des conditions équitables pour les employés. La convention collective automobile joue un rôle majeur dans la régulation des droits et obligations des travailleurs et des entreprises du secteur. Elle couvre divers aspects tels que les salaires, les classifications professionnelles, les conditions de travail et la formation professionnelle. Quelle est cette convention, à qui s’applique-t-elle et quels sont ses principaux dispositifs ? Legalstart vous informe sur la convention collective de l'automobile en 2024.
Mini-Sommaire
Qu’est-ce qu’une convention collective ?
Une convention collective est un accord négocié entre les organisations représentant les employeurs et les syndicats représentant les salariés. Elle fixe les règles en matière de conditions de travail, de salaires, de garanties sociales, et d'autres aspects liés à l'emploi. Son objectif principal est de standardiser et d'améliorer les conditions de travail dans un secteur donné.
La convention collective est constituée d’un texte initial que des avenants et des annexes viennent actualiser régulièrement. Par exemple, la convention collective de l’automobile 2024 peut ainsi tenir compte des évolutions législatives et des changements de conditions économiques. Une fois conclue, elle est étendue par arrêté ministériel, ce qui lui confère une application obligatoire pour toutes les entreprises du secteur concerné.
Contrairement aux contrats de travail individuels, elle a une portée plus large et s'applique à l'ensemble des salariés du secteur. Elle est aussi généralement plus favorable que les dispositions du Code du travail et peut conférer des avantages intéressants pour les employés.
Quelle est la convention collective pour le secteur de l’automobile ?
La convention collective n° 3034, portant l’IDCC 1090, est la convention applicable au secteur de l'automobile. Également appelée convention collective nationale des services de l'automobile, elle couvre un large éventail d'activités liées au secteur automobile. Elle concerne en effet le commerce et la réparation de l'automobile, du cycle et du motocycle et les activités connexes, ainsi que le contrôle technique automobile.
Cette convention collective s’applique donc à des activités telles que le commerce et la réparation de véhicules, la location de voitures, en passant par la fabrication de pièces détachées. Elle s'applique à tous les employeurs et salariés travaillant dans ces domaines, offrant un cadre réglementaire commun et des standards minimaux à respecter.
Quelles sont les entreprises concernées par la convention collective automobile ?
La convention collective automobile s'applique à une large gamme d'entreprises opérant dans le secteur des services automobiles. Celles-ci doivent avoir leur siège social ou exercer leur activité sur le territoire français, c'est-à-dire en métropole ou dans les DROM-COM.
Voici les principales catégories d'entreprises concernées par la convention collective automobile :
- Commerces et réparations d'automobiles et de motocycles. Ce sont les entreprises qui vendent, réparent et entretiennent des véhicules légers ou des poids lourds, ainsi que les motocycles neufs ou d'occasion. Cela inclut les concessions automobiles ou motos, les garages indépendants, les carrosseries et les casses automobiles.
- Commerce et réparation de cycles : les magasins spécialisés dans la vente ou l'entretien et la réparation de cycles et vélos.
- Distribution de pièces détachées : les entreprises qui vendent des pièces de rechange pour véhicules.
- Location de véhicules : les sociétés spécialisées dans la location de voitures et de véhicules utilitaires ou de machines, qu'il s'agisse de location de courte ou longue durée pour les particuliers et entreprises.
- Stations-services et stations de lavage : les établissements fournissant des services de ravitaillement en carburant et services connexes, tels que le lavage de voitures.
- Écoles de conduite : les organismes de formation à la conduite et à la sécurité routière, incluant les auto-écoles et les centres de formation pour les moniteurs d’auto-école.
- Services de stationnement de véhicules : garages, parkings, services de remorquage de véhicule.
Toutes ces entreprises doivent se conformer aux dispositions de la convention collective brochure n°3034, si celles-ci sont plus favorables que celles du Code du travail.
Quelles sont les particularités de la convention collective automobile ?
Période d’essai et préavis
La période d’essai pour les salariés du secteur automobile varie en fonction de la catégorie professionnelle.
Pour les ouvriers et employés, la durée maximale est de 2 mois, tandis qu’elle peut atteindre 3 mois pour les agents de maîtrise et 4 mois pour les cadres. Cette période peut être renouvelée une fois, pour la même durée, sous certaines conditions.
En cas de rupture du contrat de travail, les délais de préavis sont également définis par la convention collective automobile. Ils dépendent de si la rupture intervient ou non pendant la période d’essai. En cas de démission :
- pour les employés et ouvriers, le préavis est de 2 semaines à 1 mois ;
- pour les agents de maîtrise et cadres, le préavis est de 2 à 3 mois ;
- pour les cadres, le préavis est de 3 mois.
En cas de licenciement, pour les employés et ouvriers la durée du préavis varie également en fonction de l’ancienneté et peut aller jusqu’à 2 mois.
Durée du travail
La durée légale du travail est fixée à 35 heures par semaine. Toutefois, la convention collective de l’automobile prévoit des aménagements pour la répartition de ces heures, notamment par le temps partiel fixé à 24h ou 12h30 selon les postes. Les heures supplémentaires effectuées au-delà de cette durée sont majorées de 25 à 50 %. Le repos journalier est au minimum de 11h.
Le travail le dimanche est également réglementé, de même que le travail de nuit, prévoyant des majorations respectives de 100 % et de 10 à 50 % du salaire.
Congés payés
Les salariés bénéficient de congés payés selon les dispositions légales, soit 2,5 jours ouvrables par mois de travail effectif, ce qui équivaut à 30 jours ouvrables maximum par an.
La convention collective automobile prévoit des congés supplémentaires pour ancienneté (jusqu’à 3 jours) ou pour des événements familiaux spécifiques (mariage, naissance, décès). Les modalités de prise des congés sont définies par l'employeur en concertation avec les représentants du personnel, afin de concilier les besoins de l’entreprise et les souhaits des salariés.
Salaires minima
Dans la convention collective automobile, des salaires minima sont garantis pour chaque catégorie et échelon professionnel. Ces salaires minima sont régulièrement réévalués pour tenir compte de l'évolution du coût de la vie et des conditions économiques du secteur.
La convention collective des services automobiles 2024 prévoit des salaires brut mensuels :
- de 1.785 à 2.176 € pour les ouvriers et employés ;
- de 2.148 à 2.727 € pour les agents de maîtrise ;
- de 2.449 à 5.688 € pour les cadres.
Les employeurs doivent respecter ces minima, mais peuvent offrir des salaires supérieurs en fonction des compétences et de l’expérience des salariés. Les primes et autres compléments de salaire (panier de nuit, formation-qualification, suppléance, etc.) viennent s’ajouter à ces minima conventionnels.
☝️ Bon à savoir : le salarié qui a suivi une formation de plus de 105h bénéficie également d’une majoration de sa rémunération.
Maladie et maternité
L’un des avantages de la convention collective automobile est qu’en cas de maladie, les salariés bénéficient d’un maintien de salaire durant 45 jours ou 90 jours pour les cadres. À partir du 46è jour d’arrêt ou du 91è jour, le régime de prévoyance complète les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale. La condition pour en bénéficier est d’avoir 1 an d’ancienneté.
Pour les salariées en congé maternité, la convention collective prévoit un maintien intégral du salaire puis un complément du régime de prévoyance dans les mêmes conditions de délais et d’ancienneté.
Classification des emplois
Dans la convention collective automobile, les échelons structurent les emplois en différents niveaux, en fonction des compétences et des responsabilités. Cette classification permet de structurer les postes au sein des entreprises et de définir les salaires correspondants.
Les salariés sont classés en plusieurs catégories : ouvriers et employés, agents de maîtrise, et cadres.
Les ouvriers et employés sont répartis entre les échelons suivants :
- échelon 1 et 2 : pas de qualification professionnelle ;
- échelons de référence 3, 6, 9 et 12 : qualifications de branche, avec compétence croissante ;
- échelons majorés 4, 5, 7, 8, 10 et 11 : progression avec extension d’activité.
Les agents de maîtrise se divisent en 2 catégories :
- échelons de référence 17, 20 et 23 : qualifications de branche, avec compétence croissante ;
- échelons majorés 18, 19, 21, 22, 24 et 25 : progression avec extension d’activité.
Enfin, les cadres sont répartis en 5 niveaux et, en leur sein, 3 degrés de progression (sauf au niveau 5). Ces degrés prennent en compte l’autonomie, la responsabilité, l'expérience et l’autorité.
Formation professionnelle
La convention collective automobile encourage fortement la formation professionnelle continue. Les employeurs doivent permettre aux salariés d’accéder à des formations visant à développer leurs compétences et à favoriser leur évolution professionnelle, par des dispositifs comme :
- la validation des acquis de l’expérience (VAE) ;
- le compte personnel de formation (CPF) ;
- l’apprentissage ;
- la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences ;
- le congé individuel de formation, etc.
Les salariés de la convention collective de l’automobile doivent en outre avoir accès à des entretiens professionnels tous les 2 ans, le premier intervenant durant la première année dans l’entreprise.
Les entreprises s’acquittent également d’une contribution auprès de l’ANFA et d’une contribution pour la formation professionnelle continue. La convention prévoit aussi un dispositif dit Pro-A, favorisant la reconversion ou la promotion des salariés par le biais de l’alternance.
FAQ
Quels sont les avantages de la convention collective de l’automobile ?
La convention collective de l’automobile offre des avantages aux salariés. Elle garantit notamment :
- des salaires minima selon les échelons ;
- des dispositifs de formation professionnelle pour développer les compétences des salariés ;
- des congés supplémentaires pour ancienneté ;
- un maintien de salaire en cas de maladie ou de maternité.
Où trouver la convention collective du secteur automobile ?
La convention collective du secteur automobile est disponible gratuitement sur des sites juridiques comme Legifrance : nous vous la proposons en fin d’article. Vous pouvez également la demander directement à votre employeur ou au service des ressources humaines de votre entreprise. Enfin, les organisations professionnelles du secteur automobile mettent souvent à disposition des exemplaires pour leurs adhérents.
Comment calculer l’ancienneté pour l’application de la convention collective automobile ?
L'ancienneté se calcule en prenant en compte la durée totale des services effectués par un salarié dans une entreprise depuis son jour d’arrivée. Les périodes de travail effectif sont comptabilisées, ainsi que certaines périodes d'absence comme les congés payés et les congés de maternité ou paternité.
Principale source législative et réglementaire :
- Convention collective nationale (15/01/1981) du commerce et de la réparation de l'automobile, du cycle et du motocycle et des activités connexes, ainsi que du contrôle technique automobile
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Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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