Congés payés et CDD : le guide 2024
Congés anticipés : comment ça marche ?
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.
Les congés anticipés permettent aux salariés de bénéficier de jours de congés payés avant d’avoir accumulé les droits nécessaires, généralement acquis au fil du temps. Ce dispositif, souvent méconnu, est pourtant utilisé dans certaines entreprises pour offrir davantage de flexibilité aux salariés, notamment en début de contrat. Les congés anticipés sont soumis à des règles spécifiques en matière de calcul, d’attribution et de prise, que chaque employeur et salarié doit comprendre pour en tirer le meilleur parti.
Mini-Sommaire
Que sont les congés anticipés ?
Les congés anticipés sont des jours de congés payés que les salariés peuvent prendre avant d'avoir acquis le nombre de jours nécessaires au titre de leurs droits légaux. En règle générale, les salariés cumulent des jours de congé au fil des mois, à raison de 2,5 jours par mois de travail effectif, et peuvent les utiliser après la période de référence, souvent fixée au 1er mai. Avec les congés anticipés, ils peuvent demander à prendre des jours de repos même s'ils n'ont pas encore cumulé suffisamment de droits.
Ce dispositif est souvent utilisé par les nouveaux salariés qui, à leur arrivée dans une entreprise, n'ont pas encore cumulé suffisamment de jours de congé pour prendre des vacances ou pour répondre à des besoins personnels urgents. Les congés anticipés permettent ainsi une plus grande flexibilité dès les premiers mois de travail, à condition que l'employeur accepte cette demande. Il n'existe pas de droit légal au congé anticipé : l'accord entre l'employeur et le salarié est essentiel pour l'octroi de ces jours.
En termes de gestion, les congés anticipés sont ensuite déduits des jours de congé que le salarié va acquérir au cours de l’année. Par conséquent, le salarié pourra voir son solde de congés payés diminuer à mesure qu'il gagne des droits. Si le salarié quitte l'entreprise avant d'avoir acquis ces droits, il peut être amené à rembourser ces jours, ou l'employeur peut les déduire de son solde de tout compte.
Le recours aux congés anticipés peut également être envisagé dans des situations exceptionnelles, comme des événements familiaux ou des impératifs personnels, lorsque le salarié n’a pas encore cumulé suffisamment de jours de repos. Cela permet de répondre à des besoins ponctuels tout en assurant une gestion flexible des ressources humaines au sein de l’entreprise.
Qui peut demander à prendre des congés par anticipation ?
Les congés par anticipation sont généralement demandés par des salariés qui n'ont pas encore accumulé suffisamment de jours de congé pour prendre du repos. Ce sont souvent les nouveaux embauchés qui, au cours de leurs premiers mois ou première année dans l’entreprise, n’ont pas encore acquis de droits complets pour les congés payés. Ils peuvent alors solliciter des congés anticipés pour répondre à des besoins personnels ou pour planifier des vacances, à condition que leur employeur accepte cette demande. Contrairement aux congés payés classiques, le droit aux congés anticipés n'est pas automatique et dépend de la bonne volonté de l'employeur. C’est lui qui accorde ou non l’utilisation des congés non acquis.
Les salariés ayant des impératifs personnels ou familiaux, tels qu'un mariage, une naissance ou des événements familiaux urgents, peuvent aussi être amenés à demander des congés anticipés. Ces situations exceptionnelles justifient souvent la demande de jours de congé avant l’acquisition des droits. Toutefois, l'accord de l'employeur reste nécessaire, et la flexibilité de l'entreprise joue un rôle clé dans l'acceptation de ce type de demande.
📝 À noter : tous les salariés, quel que soit leur contrat, peuvent en principe faire cette demande, qu'ils soient en contrat à durée indéterminée (CDI) ou à durée déterminée (CDD). Cependant, les modalités peuvent varier selon les entreprises, car aucune obligation légale n’impose à l’employeur d’accepter une demande de congé anticipé. Cela relève avant tout d'une négociation et d'un accord entre le salarié et l'employeur, en fonction des besoins de l’entreprise et de la situation du salarié.
L’employeur peut-il refuser des congés anticipés ?
L’employeur a tout à fait le droit de refuser une demande de congés anticipés. Contrairement aux congés payés classiques, qui sont un droit acquis pour chaque salarié, les congés anticipés reposent sur une négociation entre le salarié et l’employeur.
L’entreprise n’a aucune obligation légale d’accorder ces congés, et l’employeur est donc en droit de refuser la demande si elle n'est pas compatible avec les besoins de l'organisation, comme des contraintes de service ou une charge de travail trop élevée.
Les raisons du refus peuvent être variées. Par exemple, l’employeur peut estimer que l’absence du salarié à ce moment-là pourrait perturber le bon fonctionnement de l’entreprise ou que d’autres priorités, comme la gestion d'un pic d'activité, doivent être prises en compte. Il peut également refuser si le salarié n’a pas encore accumulé assez de droits ou si la demande de congés anticipés semble disproportionnée par rapport à la situation justifiant la demande.
Cela dit, certaines entreprises se montrent plus souples et peuvent accepter les congés anticipés en fonction des circonstances particulières du salarié. Si l’entreprise a une culture de flexibilité ou si les absences du salarié n’ont pas un impact majeur sur l’activité, l’employeur peut envisager de répondre positivement à la demande. Dans tous les cas, il est important que le dialogue entre l’employeur et le salarié soit ouvert et constructif pour trouver un compromis.
Ainsi, bien que l'employeur ait le pouvoir de refuser une demande de congés anticipés, ce refus doit être justifié par des raisons objectives liées aux besoins de l’entreprise, sans que cela soit abusif ou discriminatoire. Le salarié, quant à lui, doit être prêt à négocier ou à reporter sa demande en fonction des contraintes de son poste.
L’employeur peut-il imposer des congés anticipés au salarié ?
En principe, les congés anticipés ne peuvent pas être imposés par l’employeur. Les congés anticipés sont une disposition négociée, basée sur une demande volontaire du salarié, qui n’a pas encore accumulé suffisamment de droits à des congés payés. Ce type de congé doit être accepté par les deux parties, et l’employeur n’a donc pas la possibilité de forcer un salarié à prendre des jours de congé non encore acquis, sauf accord spécifique.
Cependant, dans des situations exceptionnelles, comme une baisse temporaire d’activité ou des circonstances particulières, l’employeur peut proposer des congés anticipés pour gérer les effectifs et maintenir l’équilibre des ressources. Dans ce cas, il peut suggérer cette option au salarié, mais ce dernier n'est pas obligé d’accepter. Le salarié reste libre de refuser une telle demande, surtout s'il préfère conserver ses jours de congé pour plus tard.
Il est également important de noter que, dans le cadre de la gestion de crise, comme la pandémie de COVID-19, des ordonnances temporaires ont parfois permis à l’employeur de modifier les dates de congés payés ou de RTT des salariés, mais ces mesures restent exceptionnelles et limitées dans le temps. En dehors de ces contextes particuliers, l'employeur ne peut en aucun cas obliger un salarié à prendre des congés anticipés.
Comment faire une demande de congés anticipés ?
Pour faire une demande de congés anticipés, la première étape consiste pour le salarié à vérifier les règles internes de l’entreprise concernant ce type de congé. Étant donné que les congés anticipés ne sont pas un droit acquis, mais plutôt une option basée sur l’accord de l’employeur, il est essentiel de s'assurer que l’entreprise permet ce type de demande et de connaître les conditions spécifiques à respecter. Certaines entreprises peuvent avoir des politiques définies à ce sujet, tandis que d’autres évaluent ces demandes au cas par cas.
Une fois informé des règles internes, le salarié doit formuler une demande formelle, généralement par écrit, en précisant les dates de congé souhaitées ainsi que la raison pour laquelle il sollicite des congés avant d’avoir acquis suffisamment de droits. Cette demande peut être transmise par e-mail ou via un formulaire de gestion des congés selon les outils utilisés par l’entreprise. Il est recommandé de fournir des explications claires et de justifier la nécessité de prendre ces congés de manière anticipée, surtout si cela est lié à des besoins personnels urgents ou des événements exceptionnels.
Après avoir soumis la demande, le salarié doit attendre la réponse de l’employeur. Ce dernier a la possibilité d’accepter ou de refuser la demande en fonction des besoins opérationnels de l’entreprise et de la situation du salarié. Si la demande est acceptée, le salarié pourra prendre ses congés selon les dates convenues, qui seront ensuite déduits des jours de congés payés à venir.
☝️ Bon à savoir : en cas de refus de la demande de congés anticipés, le salarié devra probablement reporter sa demande ou envisager d'autres options, comme l'utilisation de jours de RTT ou d'autres types de congés autorisés. Il est important de rester ouvert à la discussion et à la négociation avec l’employeur pour trouver une solution adaptée à la situation.
FAQ
Peut-on prendre des congés par anticipation la 1ère année ?
Oui, mais uniquement avec l’accord de l’employeur, car les congés anticipés ne sont pas un droit acquis.
Quels sont les avantages des congés anticipés pour l’employeur ?
Ils permettent de répondre aux besoins du salarié sans attendre l'accumulation de droits, favorisant ainsi la flexibilité et la satisfaction des employés.
Quels sont les inconvénients des congés anticipés pour l’employeur ?
Ils peuvent désorganiser le planning de l'entreprise et augmenter les risques liés à l'absence de personnel en période critique.
Principales sources législatives et réglementaires
- articles L3141-1 à L3142-131 - Code du travail
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Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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