
Avertissement au travail : les règles à connaître en 2025
Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Lorsqu’un salarié quitte l'entreprise, son ancien employeur peut lui interdire d’exercer une activité concurrentielle à l’entreprise ou de travailler pour une entreprise concurrente. Cette interdiction est justifiée par la présence d’une clause de non-concurrence dans le contrat de travail du salarié, qui s’applique au moment de la rupture de son contrat de travail.
Quelle est la définition de la clause de non-concurrence ? Quelles sont les mentions obligatoires à y faire figurer ? Comment contourner une clause de non-concurrence ? Que se passe-t-il en cas de non-respect d’une clause de non-concurrence ? Où trouver un modèle de clause de non-concurrence ? On vous répond.
Mini-Sommaire
La clause de non-concurrence n’est pas définie par le Code du travail, mais par la jurisprudence. Ce sont les juges, au fur et à mesure du temps, qui ont défini cette notion et ses critères.
La clause de non-concurrence a pour but de protéger les intérêts d’une entreprise en empêchant un salarié qui n’est plus dans l’entreprise de travailler pour une entreprise concurrente ou de s’installer à son compte.
La clause de non-concurrence peut, par exemple, ne s’appliquer qu’à certaines catégories de salariés. En effet, il arrive que des salariés aient des compétences techniques ou un savoir-faire spécifique qui justifie l’intérêt d’une telle clause. Ainsi, il arrive que la clause de non-concurrence ne s’applique pas pour un poste différent au sein d’une entreprise concurrente.
La clause de non-concurrence interdit au salarié qui quitte l’entreprise, de travailler pour une entreprise concurrente pendant une durée déterminée et dans un certain périmètre. Cette restriction de liberté s’accompagne d’une contrepartie financière versée à la fin du contrat, avec le solde de tout compte.
⚠️ Attention : il ne faut pas confondre la clause de non-concurrence avec la clause d’exclusivité du contrat de travail. La clause d’exclusivité s’applique pendant le contrat de travail tandis que la clause de non-concurrence s’applique à la rupture du contrat de travail (fin de contrat, démission, etc.).
☝️ Bon à savoir : peu importe la cause de la rupture du contrat de travail, la clause trouve en principe toujours à s’appliquer même si le salarié fait l’objet d’un licenciement pour faute grave. Il en va de même pour l'application d'une clause de non-concurrence suite à une démission.
La clause de non-concurrence est une clause qui limite les libertés du salarié et doit donc respecter certaines règles pour être valable :
Il s’agit de critères cumulatifs. Le non-respect de ses conditions peut altérer la validité de la clause de non-concurrence. L’employeur peut alors être condamné à verser des dommages-intérêts à son ancien salarié.
Pour rédiger une clause de non-concurrence, un modèle peut vous aider. Vous pouvez facilement en trouver un sur internet.
La clause de non-concurrence, bien qu’elle puisse exister dès la signature du contrat de travail, ne s’applique qu’au moment de la rupture du contrat (démission, licenciement, départ à la retraite, etc). En effet, pendant toute la durée de l’exécution du contrat de travail, le salarié à une obligation de loyauté envers son employeur, et doit éventuellement se conformer à une clause d’exclusivité s’il en est prévue une.
Quant à la clause de non-concurrence, elle permet d’anticiper ce que pourra faire ou non le salarié après son départ de l’entreprise. Plusieurs aspects sont alors à prendre en compte :
L’indemnité compensatrice de la clause de non-concurrence doit être versée dès lors qu’elle entre en application, c’est-à-dire :
☝️ Bon à savoir : la clause de non-concurrence est en principe prévue au contrat de travail. Toutefois, il est possible de l’ajouter par la suite en signant un avenant au contrat de travail. L’accord du salarié est obligatoire.
Le paiement de la contrepartie peut se faire en un seul versement sous la forme d’un capital ou en plusieurs fois sous la forme d’une rente.
⚠️ Attention : il est interdit de verser la contrepartie par anticipation pendant l’exécution du contrat de travail. Par conséquent, l’employeur ne peut pas prévoir qu’une partie du salaire vise à compenser la clause de non-concurrence.
En ce qui concerne le montant de l’indemnité, il est prévu dans la clause de non-concurrence ou dans la convention collective. La loi n’impose pas de montant minimum, toutefois, ce montant ne doit pas être dérisoire. En effet, le montant de la contrepartie de la clause de non-concurrence doit être proportionnel à la limitation de liberté professionnelle imposée au salarié, ainsi qu’à la durée d’application de la clause, et ce, au regard de ses revenus antérieurs.
Il est interdit de fixer le montant de cette indemnité en fonction de l’ancienneté du salarié dans l’entreprise, ou en fonction du motif de rupture du contrat de travail. Cependant, il peut s'agir d'un pourcentage du salaire brut du salarié.
📝 À noter : en cas de décès du salarié, l’indemnité prévue dans la clause de non-concurrence n’est pas due par l’employeur. En effet, son objet disparaît avec le défunt.
Par principe, il n’existe pas de distance géographique maximum pour l’application de la clause de non-concurrence. Toutefois, la jurisprudence a pu préciser qu’il doit s’agir d’un périmètre géographique clairement défini et qui correspond aux zones dans lesquelles l’activité de l’ancien salarié peut effectivement concurrencer l’entreprise.
Ainsi, si cela est justifié, la clause de non-concurrence peut s’appliquer sur tout le territoire national, voire au-delà. Mais il n’est pas possible de prévoir une clause de non-concurrence dans le monde entier.
La clause de non-concurrence a vocation à s’appliquer à tous les modes de rupture du contrat de travail, y compris à en cas de démission.
Ainsi, le salarié démissionnaire doit se conformer aux règles de non-concurrence imposées par la clause pour trouver un nouvel emploi ou créer sa propre entreprise.
Même si la clause de non-concurrence est prévue au contrat de travail, l’employeur peut décider de renoncer à son application. Il est alors dispensé de verser l’indemnité compensatrice.
Cela est possible si le contrat de travail le prévoit, ou si la convention collective prévoit cette possibilité ou encore, en cas d’un commun accord avec le salarié.
La renonciation de l’employeur à la clause de non-concurrence doit être claire et sans équivoque. Il est préférable de notifier cette décision au salarié par écrit, par exemple dans une lettre recommandée avec accusé de réception.
Si vous vous demandez comment faire sauter une clause de non-concurrence, sachez que si la clause ne respecte pas les mentions obligatoires, elle n’est pas valable.
Pour autant, dans certains cas, même en présence de ces informations, la clause peut être qualifiée de clause de non-concurrence abusive.
Quand peut-on qualifier une clause de non-concurrence d’abusive ?
Ce n’est donc pas la simple présence des mentions obligatoires qui garantit la validité de la clause. En effet, les conditions de la clause doivent être justifiées et raisonnables.
Le non-respect de la clause de non-concurrence n’entraîne pas les mêmes conséquences en fonction de la personne à l’origine de la faute.
Si le salarié ne respecte pas la clause de non-concurrence, alors l’employeur n’a plus l’obligation de lui payer l’indemnité de clause de non-concurrence.
L’employeur conserve l’obligation de verser l’indemnité prévue durant toute la période pendant laquelle le salarié a respecté la clause.
Si l’employeur ne respecte pas la clause de non-concurrence, c’est-à-dire qu’il ne verse pas le capital prévu ou qu’il cesse de payer la rente, alors le salarié n’est plus obligé de respecter la clause.
Dans les deux situations, en cas de non-respect de la clause de non-concurrence, il est possible d’engager la responsabilité contractuelle de celui qui ne l’a pas respectée. Cela suppose le paiement de dommages et intérêts pour réparer le préjudice encouru.
💡 Astuce : pour en savoir davantage sur les clauses qu'il est possible d'insérer dans un contrat de travail, prenez le temps de consulter notre fiche sur la clause de mobilité.
Les modalités de calcul de l’indemnité de la clause de non-concurrence sont prévues dans le contrat de travail ou par la convention collective. Ce montant est librement fixé par l’employeur, mais il ne doit pas être dérisoire. Généralement, il s’agit d’un pourcentage du salaire brut du salarié compris entre 30 et 50 %.
Le salarié peut se libérer d’une clause de non-concurrence en démontrant qu’elle n’est pas valable, car elle ne remplit pas les conditions requises, notamment en termes de durée ou de distance. Il peut également démontrer que la clause est abusive. Ce sera par exemple le cas, si la clause ne sert pas réellement à protéger les intérêts de l’entreprise, mais à empêcher le salarié de retrouver un emploi. Dans les deux cas, l’affaire doit être portée devant le Conseil des prud’hommes. Par ailleurs, si l’employeur cesse de payer l’indemnité de clause de non-concurrence, le salarié n’est plus obligé de respecter la clause.
La clause de non-concurrence doit être prévue dans le contrat de travail ou la convention collective. De plus, pour être valable, il est indispensable qu’elle précise :
Il n’existe pas de montant minimum fixé par la loi pour la clause de non-concurrence. Toutefois, ce montant ne doit pas être dérisoire. Au contraire, il doit être proportionnel à :
Il est interdit de fixer le montant de la clause de non-concurrence en fonction de l’ancienneté du salarié dans l’entreprise ou du mode de rupture du contrat de travail.
La loi ne prévoit pas de règles concernant l'application d'une clause de non-concurrence, le montant ou son mode de calcul doit être précisé dans le contrat de travail. Le plus souvent, il s'agit d'un pourcentage du salaire. Mais celui-ci ne peut pas varier en fonction de l'ancienneté ou du motif de rupture du contrat de travail. En tout état de cause, le montant de l'indemnité de la clause de non-concurrence ne doit pas être dérisoire. Il doit donc correspondre à l'étendue de la restriction des libertés imposée au salarié qui quitte l'entreprise.
En principe, une clause de non-concurrence ne peut pas avoir une durée supérieure à 2 ans.
Principales sources législatives et réglementaires :
Note du document :
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Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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