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Fiches pratiques Gérer une entreprise Relations commerciales Obligation de moyen : comment ça fonctionne ?

Obligation de moyen : comment ça fonctionne ?

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Léna Cazenave

Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille. 
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.

Lorsque vous proposez des prestations de service, vous avez une responsabilité contractuelle. Vous devez réaliser la mission que vous proposez à vos clients. Dans ce cas, vous êtes tenu à une obligation de moyen ou de résultat. L’obligation de moyen vous oblige à tout mettre en œuvre pour obtenir le résultat escompté. Cependant, il est possible que vous ne puissiez pas atteindre ce résultat, contrairement à l’obligation de résultat, votre responsabilité n’est pas automatiquement engagée avec l’obligation de moyen. Legalstart vous éclaire sur cette notion bien particulière.

Mini-Sommaire

Qu’est-ce qu’une obligation de moyen ?

L’obligation de moyen est fréquente dans les contrats de prestation de services. Elle décharge l’entrepreneur prestataire de l’obligation de réussir la mission confiée.

Obligation de moyen : définition

Cela signifie qu’il doit tout mettre en œuvre pour parvenir à réaliser la prestation, mais qu’il ne sera pas pénalisé en l’absence de résultat. En pratique, vous trouverez cette obligation dans les modèles de contrat de prestation de service.

🛠️ En pratique : un coach sportif établit un contrat avec son client. Dans celui-ci, il s’engage à lui permettre d’atteindre ses objectifs sportifs. Cependant, il s’agit d’une obligation de moyen, car il ne peut pas contrôler l’attitude de son client, et ne peut donc pas lui certifier que ses résultats seront atteints.

Le prestataire pourrait être fautif, s’il ne s’est pas conduit diligemment et que sa conduite a provoqué un problème à un tiers, ou la non-réalisation de la mission.

🛠️ En pratique : le coach a fait faire des exercices non adaptés à son client, celui-ci n’a pas atteint ses objectifs et s’est fait mal. Le coach est responsable de la blessure de son client.

La faute peut être diverse : maladresse, inattention, négligence, imprudence...

🛠️ En pratique : un avocat qui omet intentionnellement de donner des arguments en faveur de son client et perd, à cause de cela, le procès. Cependant, s’il a tout mis en œuvre pour défendre son client, mais que le juge ne penche pas en sa faveur, l’avocat ne verra pas sa responsabilité engagée puisqu’il était tenu à une obligation de moyen.

Il faut aussi souligner que, dans certains cas, le prestataire n’est pas le seul à jouer un rôle dans la réalisation de son obligation. Parfois, au cours de la relation commerciale, son client participe aussi à la réalisation de l’obligation.

🛠️ En pratique : un consultant souhaite aider son client, mais celui-ci ne lui donne pas toutes les informations liées aux enjeux… Donc le consultant ne peut pas réaliser sa mission correctement, auquel cas, il ne peut en être tenu pour responsable.

Pour résumer, l’entrepreneur doit prouver qu’il se conduit selon les standards exigés. On dit qu’il doit se conduire en “bon père de famille”, ce qui signifie qu’il doit tout mettre en œuvre pour assurer la réussite de son opération, la sécurité des personnes qui l’entourent et la rapidité de sa démarche.

Obligation de moyen renforcée : définition

Également appelée “obligation de résultat atténué”, cette obligation de moyen renforcée permet de renforcer la responsabilité du prestataire. En effet, s’il n’arrive pas à atteindre le résultat escompté, le prestataire doit prouver qu’il n’a commis aucune faute. 

Cette obligation se place vraiment à mi-chemin entre l’obligation de moyen et de résultat. En effet, dans le cas d’une obligation de moyen, la responsabilité du prestataire n’est pas engagée si le résultat n’est pas atteint. Dans le cas d’une obligation de résultat, sa responsabilité est engagée dès que le résultat n’est pas atteint. Ce type d’obligation est fréquent dans les contrats de vente. 

Concrètement, lorsqu’on parle d’obligation de moyen renforcée, c’est quand il survient un problème qui touche un tiers ou un client. L’entrepreneur/prestataire doit montrer que le problème n’est pas arrivé par sa faute. Il ne l’a pas provoqué en agissant mal.

En droit du travail, l’employeur a une obligation de sécurité, il s’agit alors d’une obligation de moyen renforcé.

🛠️ En pratique : en cas de chute d’un employé, l’employeur devra prouver que tout était bien mis en œuvre pour préserver la sécurité de ses employés. Il est tenu à une obligation de moyen renforcée.

Quelle différence entre une obligation de moyen et une obligation de résultat ?

L’obligation de moyen et l’obligation de résultat sont deux concepts juridiques qui se distinguent par le degré d’engagement du débiteur dans l’exécution de sa prestation. En résumé, l’obligation de moyen repose sur la qualité des efforts déployés, tandis que l’obligation de résultat repose sur l’atteinte d’un objectif clairement défini.

Obligation de moyen

Le débiteur s’engage à mettre en œuvre tous les moyens raisonnables pour atteindre un objectif, sans garantir le résultat. Il doit agir avec soin, diligence et compétence, mais n’est pas tenu responsable si le résultat escompté n’est pas atteint. C’est le cas, par exemple, pour un médecin qui doit tout mettre en œuvre pour soigner un patient, mais sans assurer une guérison.

Obligation de résultat

Ici, le débiteur s’engage à obtenir un résultat précis. Sa responsabilité est engagée si ce résultat n’est pas atteint, sauf s’il peut prouver qu’une cause étrangère (force majeure) l’en a empêché. C’est typiquement le cas d’un transporteur qui doit livrer un colis à une date convenue. 

Qui a une obligation de moyen ? Exemples

Un médecin a une obligation de moyen envers ses patients. Il doit tout mettre en œuvre pour prodiguer les meilleurs soins possibles, en utilisant ses compétences, les connaissances médicales actuelles et les moyens disponibles. Cependant, il ne peut pas garantir la guérison du patient, car celle-ci dépend de nombreux facteurs échappant à son contrôle. 

L’avocat est également soumis à une obligation de moyen. Il s’engage à défendre les intérêts de son client de la meilleure façon possible, en utilisant ses connaissances du droit et ses compétences. Néanmoins, il ne peut garantir le succès de l’affaire, car le résultat final dépend des décisions de justice et des circonstances particulières du dossier. 

De la même manière, un consultant ou un formateur a une obligation de moyen envers ses clients. Il doit fournir tous les efforts nécessaires pour conseiller, accompagner ou former en utilisant son expertise. Cependant, il n’est pas tenu responsable si les résultats escomptés, comme une amélioration des performances ou l’acquisition de compétences, ne sont pas atteints.

Comment savoir s’il s’agit d’une obligation de moyen ou de résultat ?

Pour déterminer s’il s’agit d’une obligation de moyen ou de résultat, il faut examiner les termes du contrat, la nature de la prestation, et les attentes des parties. Concrètement, il faut se poser les questions ci-dessous.

Le contrat précise-t-il un résultat précis à atteindre ?

Si le contrat stipule clairement un résultat spécifique (comme livrer un colis à une date précise), il s’agit probablement d’une obligation de résultat. En revanche, s’il décrit simplement la façon dont le débiteur doit agir (par exemple, "soigner" ou "conseiller"), sans garantir un résultat, il s’agit d’une obligation de moyen.

La prestation dépend-elle de facteurs extérieurs ?

Si le résultat dépend d'éléments extérieurs imprévisibles ou de circonstances que le débiteur ne contrôle pas (comme la réaction d’un patient à un traitement médical), il s’agit généralement d’une obligation de moyen. Quand le débiteur a un contrôle total sur la prestation (par exemple, réparer un appareil), il s’agit d'une obligation de résultat.

Quelle est la jurisprudence et la nature de l’activité ?

Certaines professions sont classiquement associées à des obligations de moyen (médecins, avocats) ou de résultat (transporteurs, artisans). Consulter la jurisprudence pour des cas similaires peut aider à trancher en fonction du contexte et de la nature de la prestation fournie. 

Comment prouver que l’on a rempli son obligation de moyen ?

Pour prouver que l’on a rempli son obligation de moyen, il faut démontrer que tous les efforts et moyens nécessaires ont été déployés avec diligence et compétence.

Fournir des documents et preuves

Rassembler tous les documents pouvant attester des actions menées, tels que les rapports, les échanges de courriels, les comptes rendus, ou les dossiers médicaux. Ces preuves doivent montrer que le professionnel a agi avec soin et utilisé les moyens adaptés à la situation.

Montrer l’utilisation des compétences

Il est essentiel de prouver que le travail a été effectué selon les règles de l’art et les standards de la profession. Dans le cas d’un médecin, par exemple, cela signifie démontrer qu'il a suivi les protocoles médicaux et utilisé les outils diagnostiques appropriés.

Recourir à des témoignages

Faire appel à des témoignages d’experts ou de tiers qui peuvent attester que le débiteur a agi conformément aux pratiques professionnelles habituelles. Les avis de confrères, de clients ou de professionnels peuvent soutenir la preuve de la mise en œuvre de tous les moyens nécessaires.

Quelle sanction en cas de non-respect d’une obligation de moyen ?

En cas de non-respect d’une obligation de moyen, le débiteur peut être tenu responsable et contraint de réparer le préjudice subi par le créancier. La première condition pour engager cette responsabilité est de prouver que le débiteur n’a pas mis en œuvre tous les moyens nécessaires pour atteindre le résultat escompté. Cette démonstration peut inclure des preuves d’incompétence, de négligence ou d’un manque de diligence de la part du professionnel. 

Une fois la faute établie, le créancier peut demander des dommages et intérêts. Le montant de ces indemnisations dépend de l’étendue du préjudice subi et de la gravité de la faute du débiteur. Par exemple, si un médecin n’a pas respecté les protocoles de soins standards, il peut être condamné à verser des indemnités pour compenser les dommages subis par le patient. 

Cependant, le débiteur peut s’exonérer de sa responsabilité s’il démontre qu’il a agi conformément aux règles de l’art et que le résultat n’a pas été atteint en raison de facteurs indépendants de sa volonté (comme une complication imprévisible dans un acte médical). Cette possibilité de défense repose sur la preuve que tous les moyens nécessaires ont été déployés.

FAQ

Est-ce qu'un garagiste a une obligation de résultat ?

Oui, un garagiste a une obligation de résultat. Il doit remettre en état le véhicule conformément aux travaux convenus, et sa responsabilité est engagée si le résultat n'est pas atteint, sauf en cas de force majeure ou de faute du client.

Comment s'exonérer d'une obligation de résultat ?

Pour s'exonérer d'une obligation de résultat, le débiteur doit prouver qu'un événement extérieur, imprévisible et irrésistible (force majeure) ou une faute du créancier a empêché l’atteinte du résultat.

Qui a une obligation de résultat ?

Les transporteurs, garagistes, artisans, et généralement tous les professionnels qui s'engagent à fournir un service précis ou un résultat déterminé ont une obligation de résultat.  

Principales sources législatives et réglementaires

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