
Conditions générales de vente : tout savoir sur les CGV
Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Le droit français est très protecteur des consommateurs. À ce titre, un grand nombre de mesures sont mises en place pour les protéger. Parmi ces mesures, on retrouve notamment l’obligation d’information du professionnel, ou encore le droit de rétractation du consommateur.
Ces mesures, qui doivent impérativement être mises en place face à des consommateurs, s’appliquent-elles également aux relations commerciales ? Qu’en est-il de la vente entre professionnels et du droit de rétractation ?
Qu’est-ce que le droit de rétractation entre professionnels ? Quelles sont les conditions du droit de rétractation entre professionnels ? Legalstart vous explique.
Mini-Sommaire
Le droit de rétractation permet à un client de pouvoir revenir sur sa décision pendant un certain délai. Il s’agit donc d’une possibilité offerte au client d’annuler la vente dans un délai donné, sans avoir à justifier son changement d’avis, et sans que cela ne puisse lui être préjudiciable.
Auparavant, le droit de rétraction du Code de la consommation ne s’appliquait qu’au profit des consommateurs et des non-professionnels. Depuis, la loi Hamon a étendu le champ d’application du droit de rétractation aux contrats conclus entre professionnels sous certaines conditions. Cela vaut que les professionnels en question exercent une activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole.
Les règles du délai de rétractation entre professionnels sont similaires au droit de rétractation accordé aux consommateurs. Pour autant, contrairement aux consommateurs, tous les professionnels ne peuvent pas profiter du droit de rétractation.
Il existe trois conditions qui doivent toutes être réunies pour bénéficier d’un droit de rétractation entre professionnels :
Pour pouvoir invoquer un droit de rétractation, le contrat ne peut pas avoir été conclu dans les locaux de l’entreprise qui veut se rétracter.
Il doit donc s’agir d’un droit de rétractation entre professionnels suite à un achat en ligne ou dans les locaux du fournisseur ou du prestataire de services. Par exemple, il peut s’agir du droit de rétractation entre professionnels en magasin.
Ce critère est analysé au cas par cas par les juges. Par exemple : la réalisation d’un site internet pour vendre les produits d’une entreprise entre dans son champ principal d’activité tandis qu’un contrat d’assurance-vie professionnelle ou de vidéosurveillance d’un magasin n’entre pas dans son champ d’activité principale.
Le professionnel qui veut invoquer le droit de rétractation entre professionnels doit avoir moins de 5 salariés.
☝️ Bon à savoir : il existe de nombreuses règles spécifiques aux relations commerciales entre professionnels telles que les règles de non-respect des délais de livraison entre professionnels ou encore le refus de vente entre professionnels.
Lorsque les conditions de validité du droit de rétractation entre professionnels sont réunies, l’entreprise cliente peut revenir sur son achat dans le délai imparti, sans avoir à justifier sa décision.
Il existe certains contrats qui du fait de leur objet, ne permettent pas l’application du droit de rétractation entre professionnels, notamment dans le cadre de la vente à distance. Il s’agit des contrats suivants :
Par principe, le délai de rétractation entre professionnels est de 14 jours minimum. Mais le contrat de vente ou les conditions générales de vente (CGV) peuvent prévoir un délai plus long.
📝 À noter : le délai de rétractation entre professionnels en immobilier ne fonctionne pas selon les mêmes règles que le délai de rétractation entre professionnels pour un achat en magasin ou en ligne.
Ce délai commence à courir à partir du moment de la conclusion du contrat pour les activités de prestation de services et à partir de la réception du bien pour les activités de fourniture de marchandises. D’autre part, si le délai prend fin un week-end ou un jour férié, il est prolongé jusqu’au prochain jour ouvrable.
⚠️ Attention : le professionnel est soumis à une obligation d’information envers ses clients, en cas de manquement à son devoir d’information, le délai de rétractation est allongé puisqu’il court à partir du moment où le client en a été informé si l’information a lieu pendant les 14 jours suivants l’achat. Au-delà de ce délai, le délai de rétractation est prorogé de 12 mois à compter de la fin du délai initial.
La principale conséquence du droit de rétractation entre professionnels est l’annulation de la vente. Cela signifie que le client doit retourner les marchandises, et que le fournisseur ou le prestataire de services doit lui rembourser le prix.
📝 À noter : en principe, il appartient à la partie qui se rétracte de supporter les coûts de retour des marchandises, le cas échéant.
Le remboursement par le vendeur doit intervenir dans les 15 jours suivants la notification de la rétractation par le client. S’il prend davantage de temps, le vendeur doit avoir une raison valable à soumettre. Par exemple, il peut retarder le remboursement au moment de la réception des biens retournés. En cas de remboursement tardif, une majoration peut s’appliquer.
☝️ Bon à savoir : en cas d’exercice du droit de rétractation sur internet ou pour un achat en magasin, le remboursement ne peut pas prendre la forme d’un bon d’achat ou d’un avoir. Il faut rembourser le client selon le même mode de paiement qu’il a utilisé pour régler son achat, sauf accord contraire de sa part.
Pour exercer son droit de rétractation entre professionnels, le client doit manifester clairement sa volonté de se rétracter. Pour cela, il doit compléter le formulaire de rétractation fourni avec le contrat, ou faire une déclaration écrite par mail par exemple.
En effet, le fait de refuser la livraison ou de simplement retourner les marchandises ne suffit pas à formaliser une rétractation.
De plus, le fait de formaliser par écrit la demande d’exercice du droit de rétractation permet de justifier du bon respect du délai imparti.
Les professionnels ont un devoir d’information envers leurs clients qu’ils soient consommateurs ou professionnels.
Cette obligation d’information se traduit notamment par l’information sur :
Ces informations doivent impérativement figurer dans les conditions générales de ventes (CGV) lorsqu’elles existent. Pour rappel, il n’est pas obligatoire de joindre systématiquement les CGV au contrat de vente avec un professionnel. Cependant, il doit pouvoir les consulter sur simple demande. Ainsi, même si votre activité est uniquement en B2B, il est important de respecter votre devoir d’information et de mentionner le droit de rétractation entre professionnels.
⚠️ Attention : lorsque les conditions d’application du droit de rétractation entre professionnels sont réunies, il est interdit de prévoir une clause dans le contrat de vente ou les CGV excluant ce droit pour le client. Une telle clause, si elle existe, est réputée non-écrite.
Si le vendeur ne respecte pas le droit de rétractation entre professionnels, plusieurs sanctions peuvent s’appliquer en cas de figure.
Ainsi, si le non-respect consiste à un manquement à son obligation d’information, le délai de rétractation entre professionnels peut être prorogé jusqu’à 12 mois à partir de la fin du délai légal de 14 jours.
En outre, si le non-respect du droit de délai de rétractation entre professionnels prend la forme d’un retard de remboursement, une majoration s’applique selon les règles suivantes :
🛠️ En pratique : si le vendeur ne respecte pas le délai imparti pour procéder au remboursement suite à l’exercice du droit de rétractation entre professionnels, le client peut le mettre en demeure de rembourser les sommes dues.
Oui, depuis la loi Hamon, il existe un droit de rétractation entre professionnels mais uniquement au profit des petites entreprises comptant moins de 5 salariés, et sous certaines conditions. Quand il s’applique, le délai de rétractation entre professionnels est de 14 jours minimum.
Le délai de réflexion est un délai accordé aux parties d’un contrat avant la conclusion définitive du contrat pour valider ou non l’accord. Le délai de rétractation, quant à lui, intervient après la conclusion du contrat, et permet au client de revenir sur sa décision afin de se faire rembourser.
La loi prévoit une liste de cas dans lesquels le délai de rétractation ne s’applique pas. C’est notamment le cas pour l’achat de denrées périssables ou de contenus sur support numérique consommables immédiatement.
Principales sources législatives et réglementaires :
Note du document :
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Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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