Clause de résiliation : définition et fonctionnement
Donneur d’ordre : rôle, responsabilités et obligations
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.
Le donneur d’ordre intervient quand une entreprise souhaite externaliser certains de ses besoins ou déléguer des services à un sous-traitant. Faire appel à un prestataire extérieur, c’est créer une relation de partenariat, entre le donneur d’ordre et le sous-traitant. Faisons le point sur le rôle, les responsabilités et les obligations du donneur d’ordre.
Mini-Sommaire
Qu’est-ce qu’un donneur d’ordre ?
Le donneur d’ordre, par définition, est une personne pour laquelle une mission est réalisée. Dans le secteur du bâtiment, on l’appelle le “maître d’ouvrage”. Il s’agit du responsable et commanditaire du projet : à lui de définir les objectifs à atteindre, les moyens nécessaires, de faire le suivi, etc.
Le donneur d’ordre coordonne les différents interlocuteurs dans le cadre d’un contrat de sous-traitance, entre lui et le sous-traitant. Dans le secteur du bâtiment encore, le sous-traitant se fait appeler “maître d'œuvre”.
Qui peut être donneur d’ordre ?
Le donneur d’ordre est une entreprise qui confie à une autre entreprise (appelée “sous-traitant”) une mission. Tous les secteurs d’activité et les statuts juridiques sont concernés, dans le cadre d’un marché public ou privé. Le donneur d’ordre peut tout aussi bien être une personne physique que morale.
Concernant la sous-traitance, elle concerne tout ou une partie d’une prestation. Tous les types de sous-traitance sont concernés :
- la sous-traitance de capacité : le service sous-traité fait partie des services de l’entreprise du donneur d’ordre, mais celle-ci ne peut plus l’assurer (trop de demandes des clients par exemple) ;
- la sous-traitance de spécialité intervient quand le donneur d’ordre ne possède pas les ressources internes, les compétences pour accomplir cette prestation ;
- la sous-traitance transport permet aux marchandises du donneur d’ordre de parvenir à bon port ;
- la sous-traitance stratégique offre la possibilité au donneur d’ordre de tester un marché ou d’évaluer une entreprise avant de la racheter.
Quelle est la responsabilité du donneur d’ordre ?
Donneur d’ordre et prestataire entretiennent une relation contractuelle à travers le contrat de sous-traitance. L’entreprise qui est donneuse d’ordre est responsable envers ses clients pour les fautes commises par son sous-traitant dans la réalisation des missions qui lui ont été confiées. La réparation de ces fautes prend souvent la forme de remboursement des sommes perçues et de versements au client de dommages et intérêts.
C’est alors que le contrat de sous-traitance permet ensuite au donneur d’ordre de se retourner contre le sous-traitant pour obtenir le remboursement de ces frais. En effet, le prestataire a une obligation de résultat envers le donneur d’ordre. Il est impossible de s’en désister, sauf si le sous-traitant apporte la preuve d’une origine ou d’une cause externe pour la faute.
Quelles sont les obligations du donneur d’ordre ?
Le lien de sous-traitance est une vraie relation juridique qui impose des devoirs pour le donneur d’ordre, en vue de lutter contre le travail dissimulé. Le donneur d’ordre doit dès lors faire des vérifications auprès du sous-traitant, au moment de la signature du contrat, puis tous les 6 mois jusqu’à la fin de celui-ci.
Le devoir de vigilance
Le donneur d’ordre a la responsabilité de vérifier l’identité de son prestataire. Cette obligation de vigilance est nécessaire dans tous les contrats d’un montant minimum de 5.000 euros hors taxes.
Il faut alors vérifier si le sous-traitant est bien immatriculé, s’il est en situation régulière auprès de l’URSSAF et si son statut est valide. À ce titre, le donneur d’ordre doit demander à son prestataire de lui remettre :
- une attestation de vigilance de l’URSSAF de moins de 6 mois prouvant qu’il est à jour de ses obligations fiscales et sociales ;
- un document prouvant son existence, son immatriculation et portant le numéro de TVA intracommunautaire pour l’UE : carte d’identification auprès du répertoire des métiers, extrait Kbis, récépissé du dépôt de déclaration auprès d’un CFE, avis de situation SIRENE pour les micro-entreprises ;
- l’attestation A1 pour les salariés de l’UE soumis aux règlements européens de coordination en matière de sécurité sociale et une attestation URSSAF pour les salariés hors UE.
📌 À retenir : le sous-traitant a un devoir de transparence vis-à-vis du donneur d’ordre et doit se tenir prêt à lui partager ces documents.
Le devoir de diligence
Une fois ces documents en possession du donneur d’ordre, celui-ci doit exercer son obligation de diligence en vérifiant leur authenticité. L’objectif est de regarder l'exactitude des informations transmises. Pour cela, le donneur d’ordre doit saisir, sur le site de l’URSSAF, le code de sécurité figurant sur l’attestation.
⚠️ Attention : si le donneur d’ordre découvre alors un manquement du sous-traitant dans ses obligations de déclaration de cotisations, il doit aussitôt enjoindre son prestataire à faire cesser cette situation, par lettre recommandée avec accusé de réception.
Quelles sanctions en cas de non-respect de ses obligations par le donneur d’ordre ?
Le donneur d’ordre suit le Code du travail et remplit ses obligations de vérification auprès du prestataire, via ses devoirs de vigilance et de diligence. S’il poursuit une relation commerciale alors que le statut du sous-traitant n’est pas valide ou qu’il y a travail dissimulé, l’entreprise donneuse d’ordre engage alors sa responsabilité civile et pénale.
Dans ce cas, le donneur d’ordre peut être considéré comme solidaire du sous-traitant et payer avec ce dernier les rémunérations, les indemnités, les impôts, les taxes, les cotisations, les pénalités et les majorations liées à la prestation. Et si le sous-traitant a bénéficié d’aides publiques, il faudra aussi que le donneur d’ordre rembourse les sommes correspondantes.
De plus, si le donneur d’ordre n’assume pas son rôle en matière de vigilance, l’URSSAF annule les réductions ou les exonérations de cotisations applicables à ses salariés, sur toute la période pendant laquelle cette situation de travail dissimulé aura eu lieu.
📝 À noter : si le délit de travail dissimulé est prouvé, la peine est de trois ans d’emprisonnement et une amende de 45.000 euros.
FAQ
Quel est l'autre nom du donneur d'ordre ?
Le donneur d’ordre et le maître d’ouvrage sont la même chose. Ce dernier exerce juste dans le bâtiment (BTP).
Quels sont les inconvénients de la sous-traitance pour le donneur d'ordre ?
La sous-traitance implique des devoirs de vigilance et de diligence de la part du donneur d’ordre. Ce dernier peut aussi devenir dépendant du sous-traitant ou être déçu par son manque d’implication ou de coordination pendant la mission. Il faut alors installer une communication solide et un suivi qualité tout au long du projet.
Quels documents le donneur d'ordre doit-il demander à son sous-traitant ?
Le donneur d’ordre doit demander un document prouvant le statut valide, l’immatriculation à un répertoire des métiers et le numéro de TVA du sous-traitant, comme un extrait Kbis par exemple. Il faut également se procurer tous les six mois une attestation de vigilance URSSAF et les attestations en lien avec les salariés du sous-traitant.
Principales sources législatives et réglementaires :
- Loi n° 2017-399 du 27 mars 2017
- Article L243-15 - Code de la sécurité sociale
- Article D8222-5 - Code du travail
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Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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