Conditions générales de vente : tout savoir sur les CGV
Comment une clause résolutoire peut-elle affecter un contrat ?
Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.
Lorsque vous rédigez un contrat, il est possible d’inclure une clause résolutoire. Celle-ci permet de mettre fin au contrat si votre cocontractant n’exécute pas ses obligations.
La clause résolutoire vous permet ainsi d’indiquer les événements susceptibles de mettre fin à votre contrat commercial. Cette procédure simplifiée et rapide ne nécessite l’intervention d’un juge qu’en cas de désaccord.
Découvrez dans cet article toutes les informations utiles pour comprendre cette notion.
Mini-Sommaire
Qu’est-ce qu’une clause résolutoire ?
Parmi les diverses techniques vous permettant de mettre fin à un contrat, figure la résolution. Elle peut :
- être ordonnée par un juge (résolution judiciaire) ;
- résulter de la volonté d’une seule partie en cas d’inexécution suffisamment grave du cocontractant (résolution unilatérale) ;
- découler de la mise en œuvre d’une clause résolutoire ou clause de résiliation.
La clause résolutoire est, par définition, une clause qui détermine à l’avance les événements qui peuvent entraîner la fin du contrat. Dès lors que l’un des événements indiqués se produira, le contrat sera considéré comme nul pour l’avenir (résiliation).
📝 À noter : si ce contrat n’a pas encore été exécuté, l’annulation se fera rétroactivement, comme s’il n’avait jamais existé (résolution).
Pourquoi intégrer une clause résolutoire dans un contrat ?
En comparaison avec les autres techniques de résolution, la clause résolutoire est particulièrement avantageuse. Contrairement à la résolution unilatérale, elle n’implique pas la démonstration d’une inexécution suffisamment grave. De plus, à l’inverse de la résolution judiciaire, elle ne fait intervenir un juge que pour constater la bonne application de la clause.
En conséquence, la clause résolutoire constitue un excellent moyen de pression sur votre cocontractant. Ce dernier sera contraint de respecter ses obligations contractuelles, sans quoi, vous aurez la possibilité de mettre fin au contrat avec une grande facilité.
Cette clause est notamment insérée dans les :
- contrats commerciaux ;
- contrats de vente de biens ;
- contrats de location.
La disposition vous étant également applicable, il convient cependant de satisfaire à vos obligations.
⚠️ Attention : depuis le 27 juillet 2023 dans le cadre de la “loi antisquat”, la clause résolutoire est une obligation dans tout nouveau bail de location. En outre, le délai de régularisation de la situation par le locataire est passé de deux mois à six semaines.
Quelles sont les conditions de validité d’une clause résolutoire ?
La clause résolutoire à des conditions de validité précises. Ainsi, il est indispensable de caractériser le manquement à ses obligations du cocontractant. Pour cela, il faut que ces manquements soient clairement mentionnés dans la clause et interprétés de manière stricte.
Les circonstances doivent démontrer la gravité de ces manquements pour justifier la résolution du contrat. Vous invoquez alors le manque de bonne foi du cocontractant qui sera laissé à l’appréciation du juge.
⚠️ Attention : la clause résolutoire est appliquée s’il y a eu une mise en demeure qui est restée infructueuse. Il s’agit d’un acte qui rappelle au créancier ses obligations envers son débiteur. Ce document n’est valable que s’il donne un délai raisonnable au créancier pour s’exécuter et mentionne la clause résolutoire et la sanction encourue.
Comment fonctionne la clause résolutoire d’un bail commercial ?
La clause résolutoire d’un bail commercial fait l’objet d’un encadrement légal spécifique. Son objectif est de protéger la partie la plus faible à savoir, le locataire.
En premier lieu, la clause résolutoire d’un bail alur ne peut prévoir librement les circonstances pouvant mener à la fin du contrat. La loi précise ainsi les motifs acceptés :
- non-paiement du loyer, des charges ou du dépôt de garantie ;
- non-souscription d’une assurance des risques locatifs ;
- usage non paisible : troubles du voisinage, sous-location non autorisée, etc.
En second lieu, la clause résolutoire d’un bail commercial doit prévoir que la résiliation ne peut se produire qu’un mois après un commandement demeuré infructueux.
📝 À noter : lorsque vous rédigez le commandement de payer visant la clause résolutoire, celui-ci doit mentionner le délai d’un mois sous peine de nullité.
Dans les baux commerciaux, les causes les plus fréquemment indiquées sont :
- le défaut de paiement d’un loyer à son échéance ;
- l’usage contraire à la destination initialement prévue.
Ainsi, l’exigence d’un commandement et le délai constituent une protection du locataire. D’autres actes font l’objet de protection similaire, c’est le cas, par exemple, de l'assurance vie.
Si la clause résolutoire du bail est appliquée, le locataire risque l’expulsion s’il ne remplit pas ses obligations dans les délais. Le bailleur peut également s’opposer au renouvellement du bail sans être tenu au paiement d’une indemnité au locataire.
Comment rédiger une clause résolutoire ?
La clause résolutoire selon le Code civil doit être formulée en termes clairs et précis. Plusieurs éléments doivent ainsi être exprimés de façon non équivoque comme :
- les circonstances susceptibles d'entraîner la résolution ou la résiliation ;
- l’intention des parties de mettre fin de plein droit au contrat ;
- la procédure de résolution ou résiliation de plein droit.
Lorsque tel est le cas, les pouvoirs du juge sont restreints. Celui-ci ne peut que vérifier si la circonstance conduisant à la résolution de plein droit s’est bien produite. En revanche, si la clause est ambiguë, le juge retrouve son pouvoir d’appréciation et peut écarter la disposition.
Pour que la clause résolutoire soit expresse, vous devez ainsi prévoir les engagements dont l’inexécution entraînera la résolution. En conséquence, vous ne pouvez pas rédiger une clause en mentionnant d’une manière trop générale et abstraite que le contrat prendra fin à titre d’exemple « pour tout type de manquement contractuel ».
Voici quelques exemples de motifs précis :
- impayés ;
- modification du contrôle de la société cocontractante ;
- modification de la destination du local ;
- défaut d’assurance.
La procédure débute généralement par une mise en demeure préalable de votre cocontractant. Il est toutefois possible d’exclure cette formalité dans votre clause. Il faut également prévoir les modalités de résiliation ou de résolution selon le type de contrat. Par exemple :
- restitution du bien vendu ;
- expulsion du locataire ;
- etc.
Il convient de préciser que d’autres techniques juridiques permettent de sanctionner une inexécution contractuelle. Si votre débiteur ne respecte pas ses obligations, vous avez ainsi le choix entre la clause résolutoire que vous avez rédigé et ces autres sanctions :
- l’exception d’inexécution ;
- l’exécution forcée en nature ;
- l’obtention d’une réduction de prix ;
- l’indemnisation pour le préjudice subi.
Pour avoir une idée plus concrète de la rédaction de cette clause, vous pouvez consulter un modèle de clause résolutoire.
Comment faire appliquer une clause résolutoire ?
Pour faire appliquer une clause résolutoire, il faut suivre ces étapes :
- l’envoi d’une mise en demeure au cocontractant ;
- en l’absence de régularisation, l’envoi d’un commandement par voie d’huissier lui ordonnant de s’exécuter dans un délai déterminé ;
- l’assignation en justice si le manquement aux obligations du cocontractant n’est pas régularisé durant le délai imparti. Le juge constate l’absence de régularisation et l’application de la clause résolutoire.
📝 À noter : en cas de commandement à payer demeuré infructueux, un bailleur peut demander au locataire les frais engagés pour son envoi et le versement d’une indemnité d’occupation.
Pour que le juge considère que le cocontractant est coupable d’un manquement, vous devez :
- lui fournir l’ensemble des preuves qui montrent ses manquements ;
- démontrer que l’obligation contractuelle mentionnée dans la clause résolutoire n’est pas respectée.
Si ces manquements sont avérés, le juge prononce :
- pour une clause résolutoire de vente, la restitution du bien au au créancier ;
- pour un bail commercial ou un bail d’habitation, la restitution du logement ou du local.
📌 À retenir : le débiteur doit restituer les sommes perçues ou les loyers payés d’avance au créancier, sauf clause contraire.
⚠️ Attention : le locataire a le droit de contester la mise en œuvre de la clause résolutoire en déposant une requête auprès du tribunal durant le délai imparti par l’huissier.
Des sanctions que nous avons citées plus haut peuvent également être prononcées par le juge sur demande du créancier. De plus, ce dernier a le droit de demander des dommages et intérêts en engageant la responsabilité contractuelle de son débiteur.
Pour en savoir plus sur le fonctionnement des contrats et des clauses, consultez nos fiches sur les clauses abusives ou encore la clause limitative de responsabilité.
FAQ
Quelle est la différence entre clause résolutoire et clause pénale ?
La clause résolutoire prévoit qu’en cas de manquements à l’une de ses obligations, son signataire peut voir son contrat résilier. La clause pénale, quant à elle, engage un cocontractant à dédommager l’autre partie si ses obligations ne sont pas remplies. Il lui verse alors une indemnité forfaitaire. La clause pénale est souvent présente dans les contrats commerciaux, mais interdite pour les contrats de travail et les baux d’habitation.
Quelles sont les trois modalités de résolution du contrat ?
Les trois modalités de résolution d’un contrat sont :
- la clause résolutoire qui prévoit en amont les modalités applicables en cas de manquements aux obligations du cocontractant ;
- la décision unilatérale du créancier en cas d’inexécution suffisamment grave du contrat ;
- la décision de justice en cas d’inexécution suffisamment grave imputable au débiteur.
Quel est le délai pour résilier un contrat ?
Un contrat à durée indéterminée peut être résilié à tout moment. Toutefois, vous devez respecter le préavis indiqué dans le contrat. Certains contrats ont des spécificités. Un contrat d’assurance peut être résilié à tout moment sans frais s’il date de plus d’un an. Si vous souhaitez résilier un contrat avec un opérateur téléphonique, internet ou télévisuel, une résiliation avant le 12e mois entraîne des frais.
Principales sources législatives et réglementaires :
- Articles 126, 127 et 129 du Code civil ;
- Article L145-17 du Code du commerce ;
- Loi n° 2023-668 du 27 juillet 2023 visant à protéger les logements contre l'occupation illicite.
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Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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