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Fiches pratiques Gérer une entreprise Relations commerciales Clause abusive : quelles sont les règles et les sanctions ?

Clause abusive : quelles sont les règles et les sanctions ?

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Léna Cazenave

Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille. 


Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.

Vous souhaitez conclure un contrat commercial avec l’un de vos partenaires ? Il peut être judicieux de vous assurer de l’absence de clauses abusives au sein du contrat avant de vous engager. En effet, celles-ci concernent prioritairement les consommateurs, mais peuvent également s’appliquer entre professionnels. 

Pour cela, il est nécessaire d’en savoir plus sur la qualification de clause abusive et sur les conséquences des clauses abusives dans les contrats. Legalstart vous aide à y voir plus clair.

Mini-Sommaire

Qu’est-ce qu’une clause abusive ?

Tout d’abord, il convient de rappeler qu’au nom du principe de liberté contractuelle, les parties négocient librement les clauses de leurs contrats. Les clauses dans un contrat sont toutes les mentions qui détaillent ce sur quoi l’on s’engage. Il peut s’agir par exemple de dispositions qui prévoient les modalités de paiement ou les modalités de livraison d’une chose. 

Plusieurs dispositions légales limitent toutefois le principe de liberté contractuelle. Il existe notamment une législation qui condamne l’utilisation, dans un contrat, de clauses créant un déséquilibre significatif au détriment du consommateur : les clauses abusives. 

Les clauses abusives, par définition, ne sont pas nécessairement des clauses illicites. En effet, les clauses abusives sont condamnées dans certains types de contrat. Mais elles peuvent être valides si celui-ci ne concerne pas un consommateur ou si elles ne sont pas démontrées comme déséquilibrées.

Qui est concerné par les clauses abusives ?

Les clauses abusives entre professionnels et particuliers

Les clauses abusives concernent prioritairement les relations contractuelles entre professionnel et non-professionnel ou consommateur. C’est pourquoi elles sont régies par le Code de la consommation et le Code civil. 

Ces dispositions ont pour objectif de rééquilibrer les relations entre le professionnel, averti, et le particulier, qui peut ne pas comprendre la portée de ce à quoi il s’engage. Ainsi, les clauses du contrat doivent être compréhensibles et claires. À défaut, on considère que la clause peut être abusive. Dans le doute, l’interprétation va toujours en faveur du consommateur.

Les clauses abusives entre professionnels

Il existe également des clauses abusives entre professionnels. Une liste de pratiques interdites ainsi que la nullité de certaines clauses abusives figurent au Code de commerce comme :

  • l’interdiction de céder ses créances à un tiers ;
  • faire bénéficier de manière rétroactive de certaines remises ou ristournes ;
  • faire bénéficier automatiquement au cocontractant de conditions privilégiées accordées aux concurrents. 

D’autres pratiques abusives sont condamnées. Ce sont, par exemple, celles qui tentent de soumettre l’une des parties à un déséquilibre de ses droits et obligations. Sont également jugées abusives les pratiques visant à obtenir des conditions de prix, de délai, de vente sous la menace d’une rupture de contrat, ou la rupture sans préavis minimum.

Quelle est la réglementation applicable aux clauses abusives ?

Les cas de clauses abusives dans le Code de la consommation

Le Code de la consommation condamne l’utilisation des clauses abusives dans les relations de professionnels à consommateurs.

Les critères de la clause abusive

Premièrement, une clause peut qualifiée d’abusive lorsqu’elle figure :

  • dans un contrat : contrat de distribution, contrat de prestation de services, contrat de sous-traitance, conditions générales de vente, etc.
  • conclu entre un professionnel (...) : il s’agit de toute personne qui agit dans le cadre de son activité professionnelle qu’elle soit commerciale, artisanale, libérale ou agricole.
  • (...) et un consommateur : il s’agit des particuliers qui agissent à des fins qui n’entrent pas dans le cadre de leurs activités professionnelles.

📝 À noter : il convient de rappeler qu’une entreprise (SARL, SAS, etc.) qui n’agit pas dans son cadre professionnel au moment de la conclusion d’un contrat ne peut pas être qualifiée de « consommateur ». Il s’agit simplement d’un « non-professionnel ».

Deuxièmement, une clause est qualifiée d’abusive au regard du droit de la consommation lorsqu’elle figure dans la liste des clauses abusives du Code de la consommation. Cette liste est scindée en 2 catégories : liste noire et liste grise.

La liste des clauses abusives

Si la clause figure dans la liste noire, elle est nécessairement considérée comme abusive. En revanche, si la clause figure dans la liste grise, elle est simplement présumée abusive. Le consommateur agit en justice. Le professionnel doit alors apporter la preuve qu’il n’existe pas de déséquilibre entre ses droits et ceux du consommateur, pour empêcher la qualification de clause abusive.

La liste noire des clauses abusives

Les clauses abusives du Code de la consommation contiennent, dans leur liste noire, les 12 clauses suivantes qui :

  • font adhérer le consommateur à des clauses ne figurant pas dans le document signé ou figurant dans un document auquel il n’est pas fait référence ;
  • limitent le respect de ses engagements par le professionnel ;
  • octroient au professionnel le droit de modification unilatérale de clauses essentielles du contrat (durée, prix et caractéristiques du bien ou service vendus) ;
  • donnent au professionnel seul le droit de décider de la conformité ou non du bien ou service vendus ;
  • contraignent le consommateur à respecter ses obligations alors que le professionnel ne respecte pas les siennes ;
  • limitent ou interdisent tout droit à réparation si le professionnel manque à ses obligations ;
  • interdisent ou limitent le droit de demander résolution ou résiliation du contrat en cas de manquement du professionnel à ses obligations ;
  • accordent un droit de résiliation discrétionnaire au professionnel ;
  • permettent au professionnel de conserver les sommes perçues pour des prestations non réalisées, lorsqu’il résilie le contrat à sa discrétion ;
  • fixent un délai de préavis plus favorable au professionnel qu’au consommateur en cas de résiliation ;
  • impose le versement d’une indemnité en cas de résiliation par le consommateur ;
  • fixe la charge de la preuve sur le consommateur en cas de conflit. 
La liste grise des clauses abusives

Au titre des 10 clauses abusives présumées du Code de la consommation, la liste grise contient celles qui :

  • engagent le consommateur alors que le professionnel peut exécuter la prestation selon une condition dépendant de sa volonté ;
  • prévoient que le professionnel pourra conserver des sommes en cas de renonciation du consommateur mais sans possibilité réciproque pour ce dernier ;
  • imposent le versement d’une indemnité disproportionnée en cas de non-exécution des obligations du consommateur ;
  • ne prévoient pas de préavis raisonnable en cas de résiliation du professionnel ;
  • permettent une cession du contrat pouvant entraîner la baisse des droits du consommateur sans l’accord de ce dernier ;
  • autorisent une modification unilatérale des droits et obligations prévues au contrat par le professionnel ;
  • prévoient une date d’exécution du contrat dans les cas non prévus par la loi ;
  • fixant des conditions de résiliation ou de résolution moins favorables au consommateur qu’au professionnel ;
  • limitent les moyens de preuve dont bénéficie le consommateur de façon injuste ;
  • limitent ou interdisent le recours du consommateur selon les voies légales, en imposant une juridiction ou un arbitrage non prévus par la loi. 

Fait partie des clauses abusives, par exemple, une clause qui reconnaît au professionnel la faculté de résilier le contrat sans préavis d'une durée raisonnable. 

Enfin, une clause peut avoir été reconnue comme abusive dans une recommandation de la Commission des clauses abusives. Dans ce cas, le consommateur peut démontrer en justice le caractère abusif de la clause, et s’appuyer sur cette recommandation.

⚠️ Attention : il est très fréquent que des clauses abusives figurent au sein des Conditions générales de vente (CGV). Pour vous assurer de leur absence, prenez le temps de consulter notre fiche sur les clauses des CGV.

Les cas de clauses abusives dans le Code Civil

Le Code civil sanctionne, quant à lui, l’utilisation des clauses abusives dans les contrats d’adhésion dès lors qu’elles créent un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat. 

Sur ce fondement, pour qu’une clause soit considérée comme abusive, elle doit :

  • figurer dans un contrat d’adhésion : il s’agit d’un contrat composé de clauses non-négociables, déterminées à l’avance, par une seule des parties au contrat. C’est notamment le cas des contrats d’abonnement téléphonique ou encore des contrats de fourniture d’énergie.
  • créer un déséquilibre significatif : le déséquilibre significatif doit être suffisamment important. Il est apprécié par les juges au regard de la clause et de l’économie générale du contrat (une clause qui semble déséquilibrée peut être justifiée par une autre clause du contrat).

☝️ Bon à savoir : il n’existe pas, en tant que telles, de clauses abusives dans le Code de Commerce. Toutefois, les pratiques abusives peuvent être sanctionnées.

Quelles sanctions en cas de clauses abusives ?

La présence de clauses abusives dans un contrat peut être très dangereuse. C’est pourquoi la sanction peut être de deux types :

  • La clause abusive peut être réputée non-écrite, il faut donc simplement la retirer du contrat.
  • Le contrat peut être déclaré nul s’il ne peut pas subsister sans la clause.

☝️ Bon à savoir : depuis le 28 mai 2022, la directive Omnibus est venue encadrer les sanctions encourues en cas de maintien d'une clause abusive. Le professionnel qui maintient une clause abusive dans ses contrats ou ses CGV s’expose ainsi à une amende de 15.000 € (personne physique), et 75.000 € (personne morale). La sanction peut être portée à 4 % de votre CA moyen des 3 dernières années ou 2 millions d’euros.

Si une clause vous semble abusive au sein de vos contrats, pensez à vous informer et à vous renseigner auprès du site de la Commission des clauses abusives. Par ailleurs, prenez le temps de vous renseigner sur les autres types de clauses : clause résolutoire, clause de réserve de propriété ou encore clause pénale.

FAQ

Qu’est-ce que la commission des clauses abusives ?

La Commission des clauses abusives ou CCA est un organe pluridisciplinaire dont le rôle est d’examiner les contrats existants dans divers secteurs d’activité. Elle émet ensuite des recommandations demandant à ce que les clauses abusives soient supprimées. Elle ne rend pas de décision de justice et n’oblige pas les professionnels à agir. Mais ses recommandations sont utiles en cas de litige entre un consommateur et un professionnel.

Est-ce qu’une clause abusive annule le contrat ?

Non, une clause abusive n’annule pas nécessairement le contrat. Si elle fait partie des clauses de la liste noire, elle est annulée mais le reste du contrat continue d’exister. Toutefois, si la clause abusive était nécessaire à l’existence du contrat, celui-ci peut être annulé.

Quelles sont les clauses abusives d'un bail ?

Il existe de nombreuses clauses abusives à éviter dans un contrat de bail. Parmi elles, on retrouve les clauses qui :

  • imposent le règlement du loyer par prélèvement automatique ;
  • obligent à payer des frais autre que le dépôt de garantie et les frais d’agence à l’entrée dans les lieux ;
  • imposent le paiement de l’état des lieux non établi par commissaire de justice ;
  • interdisent d’héberger des tiers ;
  • prévoient la résiliation du bail pour des motifs interdits. 

Principales sources législatives et réglementaires :

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