
La nouvelle réglementation du contrat de stage
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Vous recherchez de nouveaux collaborateurs pour votre bureau d’études techniques ou votre société de conseil ? Lors de la rédaction de vos contrats de travail, n’oubliez pas de tenir compte de la convention collective Syntec applicable à votre secteur.
Mais de quoi s’agit-il ? Comment savoir si votre entreprise est concernée par la convention collective Syntec ? Quels sont les avantages de cet accord syndical ? Quel est son impact sur les contrats et le temps de travail ? Que prévoit la convention en matière de congés, de rémunération, de maladies et d’accidents de vos salariés ? Legalstart fait le point.
Mini-Sommaire
Entrée en vigueur pour la première fois le 15 décembre 1987, Syntec est une convention collective regroupant deux grandes organisations :
Cet accord définit l’ensemble des règles applicables aux relations et conditions de travail des salariés exerçant dans les bureaux d’études techniques, les cabinets d’ingénieurs-conseils et les sociétés de conseils. À l’heure actuelle, la convention collective Syntec rassemble donc pas moins de 910.000 salariés et 80.000 entreprises, soit 7 % de l’économie française.
📌 À retenir : les conventions collectives sont des accords négociés entre les syndicats d’employeurs et de salariés appartenant à un domaine d’activité, une branche ou une entreprise particulière. Leur contenu a pour objectif d’adapter les règles du droit du travail aux spécificités d’un secteur (conditions d’emploi, formation professionnelle, garanties sociales, etc.). Leurs dispositions prévalent donc sur les normes de droit commun.
Pour être concernée par la convention collective Syntec, votre entreprise doit exercer son activité dans un des secteurs suivants :
La convention Syntec, dans son PDF disponible sur le site de la Fédération, précise l’ensemble des codes NAF (nomenclature d’activités françaises) concernés. Il s’agit :
Comme toutes les conventions collectives, Syntec présente un avantage majeur : elle permet aux salariés, peu importe la nature de leur contrat (CDI, CDD, période d’essai), de bénéficier de mesures plus favorables que celles prévues dans le Code du travail. Celles-ci sont par ailleurs mieux adaptées à la spécificité de leur secteur d’activité et répondent donc à leurs besoins.
La convention collective Syntec contient ainsi une série de dispositions concernant notamment :
La convention collective prévoit un ensemble de règles spécifiques pour les salariés des bureaux d’études techniques, des cabinets d’ingénieurs-conseils ou encore des entreprises de traduction.
Montant du salaire, durée de la période d'essai ou encore délai de préavis, le contenu du contrat de travail dépend fortement de la classification et du coefficient du salarié.
La convention Syntec prévoit la nomenclature suivante :
En parallèle, la convention collective Syntec fixe des coefficients variables en fonction de l’expérience de chaque salarié :
Le contrat de travail Syntec doit obligatoirement contenir les informations suivantes :
En fonction du secteur d’activité et du poste occupé, d’autres dispositions peuvent être ajoutées dans le contrat de travail du salarié Syntec :
La convention collective, applicable notamment aux bureaux d'études techniques Syntec, prévoit des dispositions spécifiques pour la période d’essai des salariés. Sa durée varie en fonction de la classification et du coefficient attribué à l’employé :
En cas de rupture du contrat de travail, les entreprises concernées par la convention collective Syntec doivent suivre certaines règles spécifiques.
Avec la convention Syntec, lors d’une démission, les ETAM doivent effectuer un préavis d’une durée d’un mois. Deux mois sont nécessaires si leur ancienneté est supérieure à 2 ans. Pour les ETAM dont le coefficient est compris entre 400 et 500, le préavis est de 2 mois, peu importe leur ancienneté. Quant aux ingénieurs et cadres, avec la convention collective Syntec, leur préavis est toujours de 3 mois (sauf accord contraire).
Par ailleurs, en cas de licenciement, une indemnité est accordée à tous les salariés dont l’ancienneté est de 2 ans ou plus. Ses modalités de calcul sont précisées dans l’accord collectif.
Les salariés Syntec ont en principe un temps de travail hebdomadaire de 35 heures. La convention prévoit toutefois la possibilité d’une modulation en garantissant aux salariés des compensations.
Les ETAM bénéficient ainsi d’un contingent annuel de 130 heures supplémentaires. Les dispositions légales de droit commun s’appliquent pour déterminer les majorations de salaire et les repos compensateurs.
Avec la convention Syntec, pour les cadres et ingénieurs, la situation est un peu différente. Ils bénéficient, en effet, d’un forfait variable en fonction de leur poste et de leurs missions. Celui-ci inclut les heures supplémentaires.
Avec la convention collective Syntec, les avantages en la matière sont nombreux. Si les salariés Syntec disposent d’une durée de congés payés identique à celle prévue par le Code du travail (25 jours), ils profitent toutefois de jours de repos complémentaires :
Par ailleurs, si l’entreprise impose qu’une partie des 4 premières semaines de congé soit prise en dehors d’une période allant du 1er mai au 31 octobre, le salarié bénéficie de jours supplémentaires :
L’accord prévoit des rémunérations minimum, variables selon le coefficient du salarié. Voici en détails ce que prévoit la Convention collective Syntec en matière de grilles de salaires pour 2024.
Position |
Coefficient |
Valeur du point |
Salaire minimal brut (arrondi) |
1.1 |
230 |
3,758 € |
1 715 € |
1.2 |
240 |
3,602 € |
1 715 € |
1.3 |
250 |
3,578 € |
1 745 € |
2.1 |
275 |
3,361 € |
1 775 € |
2.2 |
310 |
3,162 € |
1 831 € |
2.3 |
355 |
3,156 € |
1 971 € |
3.1 |
400 |
3,138 € |
2 111 € |
3.2 |
450 |
3,133 € |
2 266 € |
3.3 |
500 |
3,118 € |
2 415 € |
Position |
Coefficient |
Valeur du point |
Salaire minimal brut (arrondi) |
1.1 |
95 |
21,400 € |
2 033 € |
1.2 |
100 |
21,400 € |
2 140 € |
1.3 |
105 |
21,342 € |
2 241 € |
2.1 (moins de 26 ans) |
115 |
21,339 € |
2 454 € |
2.1 (plus de 26 ans) |
130 |
21,338 € |
2 774 € |
2.3 |
150 |
21,340 € |
3 201 € |
3.1 |
170 |
21,041 € |
3 577 € |
3.2 |
210 |
21,042 € |
4 419 € |
3.3 |
270 |
21,044 € |
5 681 € |
La partie de la convention collective Syntec sur les arrêts-maladies prévoit une indemnité pour les salariés. Son montant dépend de leur ancienneté et de leur classification. Pour les ETAM, elle représente 1 mois de salaire à 100 % plus deux mois de salaire à 80 %. Ces dispositions s’appliquent uniquement si le salarié dispose d’une ancienneté comprise entre 1 et 5 ans. Au-delà de 5 ans, ils profitent d’une indemnité maladie de 2 mois à 100 % et d’un mois supplémentaire à 80 %. Les ingénieurs et les cadres profitent, quant à eux, d’une indemnité de 3 mois de salaire plein, dès 1 an d’ancienneté.
Par ailleurs, les femmes enceintes bénéficient d’une réduction de 20 minutes de leur temps de travail, à compter de leur 3e mois de grossesse. Elles perçoivent également, pendant la durée de leur congé maternité, la totalité de leur salaire. Là encore, un an d’ancienneté est nécessaire pour profiter de cet avantage prévu par la convention collective Syntec.
Enfin, l’accord prévoit toute une série de dispositions spécifiques en matière de prévoyance du décès du salarié.
En fonction de sa classification, chaque salarié se voit attribuer un coefficient. Celui-ci dépend de plusieurs variables : la qualification du salarié, ses responsabilités, son expérience professionnelle et son ancienneté. Le coefficient Syntec permet à l’employeur de calculer le salaire minimal brut de chaque salarié sur base de la grille de salaires de la convention Syntec.
Les salariés Syntec bénéficient du même nombre de jours que le congé légal, soit 25 jours ouvrés par an. Si l’employeur impose à son salarié de poser ses congés en dehors de la période allant du 1er mai au 31 octobre, celui-ci bénéficie de jours supplémentaires (2 jours pour 5 jours ou plus pris en dehors de la période de référence et 1 jour si 3 ou 4 jours seulement sont posés). Cette règle ne s’applique toutefois qu’aux 4 premières semaines de congés payés.
Les conventions collectives établissent des règles spécifiques pour les salaires exerçant dans certains secteurs. Par exemple, avec la convention collective Syntec, la grille de salaire permet de fixer des salaires minimums basés sur la catégorie, le coefficient de salaire et la classification des salariés. Ces montants sont révisés environ tous les deux ans par les représentants des syndicats employeurs et salariés. Il est alors nécessaire de consulter la convention Syntec et les salaires mentionnés avant de proposer un salaire à un nouvel employé, car ces minimums doivent être respectés.
Les règles régissant la formation professionnelle pour les entreprises Syntec sont presque toutes issues du droit commun. En pratique, les salariés ont donc accès à un compte de formation, alimenté à hauteur de 500 € par an dans la limite de 5.000 € (800 € dans la limite de 8.000 € pour les salariés peu qualifiés).
Si l’invention est brevetable, l’entreprise doit accorder une prime forfaitaire de dépôt au salarié. Si le brevet est commercialement exploité dans les 5 ans, le salarié a également le droit à une rémunération complémentaire. Enfin, si l’invention est utilisée par l’entreprise, sans pouvoir faire l’objet d’un droit de propriété industrielle, le salarié peut se voir accorder une prime.
Avec la convention Syntec, le préavis lors d'une démission varie selon la catégorie professionnelle, l'ancienneté et le coefficient du salarié. En effet, les salariés rattachés à cette convention doivent se conformer à ces dispositions pour résilier leur contrat de travail. Pour les employés, techniciens et agents de maîtrise, le préavis est d'un mois au cours des deux premières années, puis de deux mois après deux ans d'ancienneté, avec la possibilité d'un accord pour une période plus longue. Les salariés ETAM classés aux coefficients 400, 450 et 500 ont un préavis de deux mois, quelle que soit leur ancienneté. Pour les ingénieurs et cadres, le préavis est de trois mois, mais il peut être prolongé par accord entre l'employeur et le salarié. Enfin, les chargés d'enquête ont un préavis d'un mois en cas de démission.
Principales sources législatives et réglementaires :
Note du document :
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Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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