
CDD d’usage (CDDU) : conditions, avantages et démarches
Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Le contrat de travail temporaire a été prévu par le Code du travail afin de permettre aux employeurs de faire face à certains besoins temporaires. Il fait partie intégrante du paysage économique, car il présente l’avantage d’offrir aux entreprises une souplesse importante, leur permettant de répondre de manière réactive à leurs enjeux pratiques.
Ce contrat reste toutefois précaire à l’égard du salarié, doté de missions professionnelles sur une période limitée. Compte tenu de cette précarité, le contrat de travail temporaire fait l’objet d’un encadrement strict.
Qu’est-ce qu’un contrat de travail temporaire ? Quelles sont les conditions pour y recourir ? Quelles sont les modalités pour le mettre en place ? Legalstart fait le point pour vous.
Mini-Sommaire
Le contrat de travail temporaire (CTT) tient sa définition dans le droit du travail. Également appelé contrat de mission, il a pour objet la mise à disposition temporaire d'un salarié. Il est donc conclu pour pourvoir un besoin provisoire de l’entreprise : une mission.
Ce contrat est, à la différence du CDD (conclu directement entre un salarié et un employeur), un contrat tripartite. En effet, il fait intervenir trois acteurs étant donné qu’il y a un intermédiaire entre le salarié et l’employeur : l’entreprise de travail temporaire. Deux contrats sont donc signés :
Autrement dit, le salarié est embauché par une première société, l’entreprise de travail temporaire pour être ensuite mis à disposition d’une autre société, appelée entreprise utilisatrice, pour exécuter une mission.
📌 À retenir : le contrat de travail temporaire est un contrat d’intérim, conclu entre un salarié et une agence d’intérim.
Le salarié exécute ses missions professionnelles au sein de l’entreprise utilisatrice, selon les règles applicables au sein de celles-ci : règlement intérieur, consignes de sécurité, horaire de travail, etc.
Le salarié intérimaire bénéficie également des services collectifs offerts par l’entreprise utilisatrice, tels que la cantine, les vestiaires, le parking, la cafétéria, etc.
En revanche, le salarié reste sous la direction de l’entreprise de travail temporaire qui dispose, seule, du pouvoir disciplinaire à son encontre. C’est elle qui procède au versement de sa rémunération, octroie les congés payés, etc.
Le contrat de mission temporaire est un contrat de travail précaire en ce qu’il offre au salarié une activité professionnelle sur un temps limité.
Compte tenu de cette précarité, les cas de recours au contrat de travail temporaire se trouvent limités par le Code du travail aux situations suivantes :
Également, le recours au contrat de travail temporaire peut par exemple permettre l’embauche d’individus sans emplois ou confrontés à des difficultés d’insertion. L’embauche de salariés en contrat de professionnalisation ou d’apprentissage est également possible.
⚠️ Attention : le contrat de travail temporaire ne peut pas être conclu si un licenciement économique a été mis en place dans l’entreprise utilisatrice au cours des six derniers mois. Il ne peut pas non plus être conclu pour pourvoir durablement un emploi lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise.
Dans certaines hypothèses, le contrat de mission temporaire est conclu avec un terme précis (de date à date). Il en est ainsi des contrats d’intérim à la semaine, ou avec une date de fin de contrat stipulée dès la signature du contrat. C’est notamment ainsi dans les cas suivants :
En revanche, le contrat d’intérim peut être conclu avec un terme imprécis. Cela signifie que c’est la réalisation de l’objet pour lequel il est conclu qui marque la fin du contrat. Le contrat de travail temporaire peut n'être assorti d’aucun terme précis dans les cas suivants :
📝 À noter : lorsque le contrat est conclu sans terme précis, la durée du contrat de travail temporaire dépend de la réalisation de l’objectif pour lequel il a été conclu (retour de la personne remplacée, suppression du poste, etc.).
Pour autant, le contrat de travail temporaire est soumis à des durées maximales, renouvellement du contrat compris, en fonction de l’objet pour lequel il est conclu.
Motif du recours au contrat de travail temporaire |
Durée maximale du contrat, renouvellement compris |
Remplacement d’un salarié absent ou dont le contrat est suspendu |
18 mois |
Remplacement d’un salarié passé provisoirement à temps partiel |
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Remplacement d’un non-salarié (chef d'entreprise, chef d'exploitation agricole, profession libérale) |
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Emploi saisonnier |
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Emploi excluant le recours à un CDI |
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Accroissement temporaire d’activité |
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Commande exceptionnelle à l’exportation |
24 mois |
Mission exécutée à l’étranger |
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Remplacement d’un salarié parti avant la suppression définitive de son poste |
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Réalisation de travaux urgents pour mesures de sécurité |
9 mois |
Attente de l’entrée en service effective d’un salarié recruté en CDI |
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Cycle de formation effectué en apprentissage |
36 mois |
Cas particulier du contrat d’intérim CDI : par exception, une entreprise de travail temporaire peut conclure un contrat d’intérim en CDI avec un salarié et mettre celui-ci à disposition d’une ou plusieurs entreprises de manière successive.
Le salarié, intérimaire en CDI, pourra
Le contrat de travail temporaire n’est pas obligatoirement assorti de l’exécution d’une période d’essai.
Toutefois, si celle-ci est prévue, elle doit être précisée dans le contrat de travail. Sa durée devra être fixée selon les modalités suivantes, sauf accord collectif contraire :
Le salarié en contrat de travail temporaire bénéficie d’un salaire dans les mêmes conditions que les autres salariés de l’entreprise utilisatrice. Ainsi, il perçoit :
📝 À noter : les jours fériés sont rémunérés, sans condition d’ancienneté, si les autres salariés de l’entreprise en bénéficient.
Le salarié en contrat de travail temporaire perçoit également en fin de mission une indemnité de fin de contrat (prime de précarité), et une indemnité compensatrice de congés payés.
Afin d’assurer sa validité, le contrat de mission (conclu entre l’entreprise de travail temporaire et le salarié), doit, impérativement, être écrit et mentionner les éléments suivants :
Ce contrat doit être établi et signé au plus tard dans les 2 jours ouvrables suivant la prise de fonction du salarié.
⚠️ Attention : si le contrat de travail temporaire n’est pas établi par écrit et signé, il peut être requalifié en CDI.
À l’issue du contrat de mission temporaire (CTT), le salarié perçoit une indemnité de fin de mission. Aussi appelée prime de précarité, son montant est égal à 10 % de la rémunération brute totale perçue pendant la durée du contrat, renouvellement inclus.
Cette indemnité n’est toutefois pas due lorsque :
☝️ Bon à savoir : l’indemnité de fin de mission est versée à la fin de chaque mission, en même temps que le salaire dû et figure sur le bulletin de salaire.
Outre la prime de précarité, le salarié perçoit à l’issue de chaque mission, une indemnité compensatrice de congés payés. Son montant dépend de la durée de la mission, et ne peut être inférieur à 10 % de la rémunération totale brute du salarié.
📝 À noter : le montant de l’indemnité de fin de mission doit être inclus dans le calcul de l’indemnité compensatrice de congés payés.
Certaines absences doivent être comptabilisées dans la durée de la mission pour calculer l’indemnité compensatrice de congés payés :
Il est possible de renouveler un contrat de travail temporaire en respectant deux conditions :
Lorsque l’entreprise de travail temporaire souhaite conclure un nouveau contrat de mission, avec le même salarié, elle est tenue de respecter un délai de carence.
En effet, les contrats de missions ne peuvent se succéder immédiatement dans le temps entre les mêmes parties. La durée de ce délai de carence dépend de la durée du contrat :
Ce délai de carence ne s’applique pas lorsque le recours au contrat de mission temporaire est justifié par :
☝️ Bon à savoir : si vous souhaitez recruter un salarié pour une période qui se répète chaque année, vous pouvez opter pour le contrat saisonnier en restauration..
Comme vu précédemment, le contrat de travail temporaire est mis en place afin de répondre à un événement précis, pallier une absence, réaliser une mission particulière, etc. Il prend donc naturellement fin lorsque sa cause a disparu (sous réserve du respect des durées maximales précitées) et lorsqu’il est conclu à terme précis, une fois arrivée à cette échéance.
Par exception, le contrat de travail temporaire peut être rompu de manière anticipée. La rupture du contrat de travail temporaire peut intervenir, à l’initiative du salarié ou de l’entreprise de travail temporaire, sans motif, pendant la période d’essai.
Lorsque la rupture anticipée est à l’initiative de l’employeur, celui-ci doit proposer au salarié un nouveau contrat de travail temporaire. Ce contrat doit prendre effet au maximum dans les 3 jours suivant la rupture.
Le nouveau contrat de mission proposé ne doit pas comporter de modifications sur un élément essentiel du contrat de mission (qualification, rémunération, horaires de travail, etc.). Si la durée du nouveau contrat est inférieure à celle qui restait à courir avec le contrat rompu, l’employeur doit payer une indemnité au salarié. Cette indemnité est égale à la rémunération que le salarié aurait perçue s’il avait poursuivi la mission initiale à son terme.
L’employeur est dispensé de ces obligations si la rupture du contrat intervient en cas :
Le salarié peut rompre son contrat de travail temporaire de manière anticipée pour l’une des raisons suivantes :
⚠️ Attention : en dehors de ces hypothèses, la rupture du contrat de travail temporaire, avant son terme, expose le salarié au paiement de dommages et intérêts.
Les contrats d’intérim sont soumis à des durées maximales en fonction de la nature du contrat de mission. Il est par exemple possible de rester 18 mois dans la même entreprise pour remplacer un salarié absent ou pour un accroissement temporaire d’activité.
Le contrat d'intérim peut être renouvelé 2 fois maximum. Attention cependant, la durée totale du contrat, renouvellements compris, ne doit pas dépasser la durée maximale autorisée (entre 9 et 36 mois, selon le motif du recours au contrat de travail temporaire).
Lorsqu’un salarié signe un CDD, il est embauché directement par une entreprise, en vue d’accomplir sa mission. Pour un contrat de travail temporaire, le salarié est embauché par une entreprise de travail temporaire (ETT), qui joue un rôle d’intermédiaire avec l’entreprise utilisatrice. C’est l’ETT qui est son employeur et qui lui octroie des missions.
Principales sources législatives et réglementaires :
Note du document :
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Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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