Règlement intérieur d’entreprise : le guide 2025
Congés payés : comment ça marche ?
Léna Cazenave
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.
En France, tous les salariés bénéficient de congés payés. Au moment où les beaux jours reviennent, tout le monde se bouscule pour poser ses congés. Vous aussi vous souhaitez prendre des jours pour partir en vacances mais vous avez du mal à comprendre le fonctionnement des congés payés ? Ou à l'inverse, vous êtes en charge de la gestion de la paie et les congés payés sont pour vous un véritable casse-tête ? Conditions, durée et indemnité de congés payés, on fait le point avec vous.
Mini-Sommaire
Qu’est-ce que les congés payés ?
Les congés payés sont un droit accordé à tous les salariés pour leur permettre de bénéficier de périodes de repos tout en continuant à percevoir une rémunération. Ce droit est prévu par le Code du travail et s'applique indépendamment de la nature du contrat ou de la durée du travail.
Chaque salarié acquiert 2,5 jours ouvrables de congés payés par mois de travail effectif, ce qui correspond à 30 jours ouvrables (ou 5 semaines) pour une année complète de travail. Certaines périodes d'absence, comme les congés de maternité ou de formation, sont considérées comme du temps de travail effectif pour le calcul des droits.
Les congés payés doivent être pris dans une période définie par l'employeur, souvent entre le 1er mai et le 31 octobre. Toutefois, des règles spécifiques peuvent être prévues par des conventions collectives ou des accords d'entreprise.
L'employeur est tenu de garantir que le salarié prenne ses congés avant la fin de la période de référence. À défaut, et sauf circonstances exceptionnelles, les congés non pris peuvent être perdus ou, dans certains cas, reportés.
Qui a le droit à des congés payés ?
Les congés payés désignent une période pendant laquelle le salarié est rémunéré par l’employeur alors même qu’il ne travaille pas. En France, le droit aux congés payés est ouvert à tous les salariés. Peu importe le contrat (intérim, CDD ou CDI), la durée du contrat, le temps de travail ou l’ancienneté, le salarié bénéficie de congés payés.
⚠️ Attention : le salarié ne peut pas refuser de prendre ses congés payés, y compris en échange d’une indemnité, et il n’a pas le droit de travailler pendant ses congés. De la même façon, l’employeur ne peut pas demander au salarié de remplacer sa prise de congé en contrepartie du versement d’une indemnité.
Qui paye les congés payés ?
L’indemnité de congés payés est versée par l’employeur, qui en assume entièrement la charge financière. Elle est destinée à compenser la période d’absence du salarié tout en maintenant un revenu équivalent à celui perçu en temps de travail.
Les employeurs financent cette indemnité soit par leurs fonds propres, soit, dans certains secteurs comme le bâtiment ou les intermittents du spectacle, via des caisses spécifiques qui mutualisent les contributions des entreprises.
Le calcul de l’indemnité dépend des règles légales ou conventionnelles. L’employeur doit toujours appliquer la méthode la plus avantageuse pour le salarié, ce qui garantit un traitement équitable.
En cas de cessation d’activité ou de rupture de contrat, les congés payés non pris par le salarié donnent lieu à une indemnité compensatrice, également versée par l’employeur. Cette obligation demeure même si l’entreprise rencontre des difficultés financières.
Comment sont calculés les congés payés ?
Deux éléments sont à prendre en compte : la durée des congés payés, et l’indemnité associée.
Le calcul de la durée de congés payés
Le calcul des congés payés est simple puisque l’acquisition des congés payés se fait en fonction du nombre de mois travaillés. Le salarié, y compris s’il a conclu un contrat à temps partiel, bénéficie de 2 jours et demi ouvrables de congés par mois de travail effectif. Un mois de travail effectif correspond à 4 semaines ou 24 jours de travail auprès du même employeur. Si la durée du congé comprend une demi-journée, par exemple 10 jours et demi de congés, celle-ci sera arrondie à la journée supérieure, soit 11 jours dans notre exemple.
📝 À noter : certaines absences peuvent être prises en compte dans la détermination de la période de travail effectif, parmi lesquelles les périodes de congés payés, de congé maternité, paternité ou d’adoption, de service national, ainsi que les périodes de congé de formation.
En principe, le salarié ne peut pas revendiquer plus de 30 jours ouvrables de congé payés par année complète de travail, ce qui correspond à 5 semaines. Il est toutefois possible de prévoir des conditions plus favorables pour le salarié, par le biais des conventions collectives ou du contrat de travail.
☝️ Bon à savoir : si vous avez épuisé tous vos congés payés, vous pourrez toujours demander à prendre un congé sans solde. Il s’agit d’un congé pendant lequel vous ne serez pas rémunéré. Cependant, votre employeur n’est pas obligé de vous l’accorder. Il peut également arriver que vous ayez des heures complémentaires à rattraper par la biais de jours de repos compensateur.
Le calcul de l’indemnité de congés payés
L’indemnité de congé payé est la rémunération que va recevoir le salarié pendant ses congés. Il existe deux méthodes différentes pour la calculer, c’est la plus avantageuse pour le salarié qui doit être utilisée.
Dans la première méthode : l’indemnité est égale à 1/10ème de la rémunération brute totale reçue par le salarié au cours de la période de référence. La période de référence de congés payés correspond à la durée minimale durant laquelle le salarié doit travailler afin de pouvoir bénéficier de son droit aux congés payés.
Dans la seconde méthode, l’indemnité est égale à la rémunération perçue par le salarié lorsqu’il travaille, elle tient compte des primes.
🛠️ En pratique : si vous percevez un salaire brut de 24.000€ (soit 2.000€/mois) au cours de la période de référence, les règles de calcul pour une semaine de congés sont les suivantes :
Méthode du 1/10ème |
Méthode du maintien de salaire |
Pour un congé de 30 jours ouvrables : 24.000/10 = 2.400€. Pour un congé d’une semaine, en jours ouvrés (soit 5 jours sur les 25 jours ouvrés du mois) : 2.400x(5/25) = 480€. |
Il convient de multiplier le salaire mensuel (2.000€) par le nombre d’heures habituellement travaillées (soit 7h par jour pendant 5 jours). Il faut ensuite diviser la somme obtenue par le nombre d’heures travaillées en un mois (7h par jour pendant 21 jours) 2.000x(35h)/147h = 476,19€ |
Pour cet exemple, la méthode la plus favorable pour une semaine de congés payés est la méthode du 1/10ème, le montant de congés payés perçu serait alors de 480€.
⚠️ Attention : les dates de congé ainsi que le montant de l’indemnité de congés payés doivent impérativement figurer sur le bulletin de paie simplifié.
Comment sont payés les congés payés ?
Pendant les congés payés, la rémunération est généralement versée de la même manière que le salaire habituel. Le montant correspondant figure sur le bulletin de paie du salarié, dans une ligne dédiée aux congés payés, avec une mention spécifique pour l’indemnité versée.
Dans certains cas, notamment dans des secteurs comme le BTP ou le spectacle, le paiement des congés peut être effectué par une caisse spécialisée. Cette caisse, alimentée par les cotisations des employeurs, verse directement l’indemnité de congés payés au salarié, souvent sous forme d’un virement distinct.
Pour les autres secteurs, l’indemnité de congés payés est intégrée au cycle habituel de paiement des salaires, à la même date que le versement mensuel ou selon les pratiques spécifiques de l’entreprise. Le salarié perçoit ainsi ses congés payés sans interruption dans son revenu.
Quand un salarié peut-il poser des congés payés ?
Les dates de congés payés peuvent ou non s’étendre sur toute l’année, la période de congé doit à minima s’étendre sur la période allant du 1er mai au 31 octobre. La période de congé est fixée par accord d’entreprise, par accord de branche ou par l’employeur après avis du comité social et économique (CSE). Les salariés doivent être informés au moins 2 mois avant l’ouverture de la période de congé.
Les dates de congés payés ne peuvent pas être décidées librement par le salarié. En effet, ce dernier doit, en principe, respecter quelques règles. Ainsi, chaque année, entre le 1er mai et le 31 octobre, le salarié est obligé de prendre un congé d’une durée supérieure à 12 jours ouvrables. Par ailleurs, le salarié ne peut pas prendre un congé de plus de 24 jours ouvrables en une seule fois.
De plus, l’ordre des départs en congé dépend des situations familiales des salariés, de leur ancienneté et de l’activité simultanée chez un ou plusieurs employeurs. L’employeur peut refuser d’accorder au salarié les dates de congé payés qu’il demande, auquel cas le congé sera pris à une autre date.
L’employeur ne peut pas modifier les dates de congé de ses salariés moins d’un mois avant le départ.
☝️ Bon à savoir : le droit à des congés payés en CDD s'applique dans les mêmes conditions que pour les autres salariés.
📝 À noter : il existe également le congé VAE pour permettre la validation des acquis de l'expérience.
Un salarié peut-il refuser de prendre ses congés payés ?
En principe, un salarié ne peut pas refuser de prendre ses congés payés, car le droit aux congés est également une obligation. Le Code du travail impose que les salariés prennent leurs congés pour préserver leur santé et leur équilibre, ce qui répond à une exigence d’ordre public.
L’employeur a l’obligation de s’assurer que les congés soient effectivement pris avant la fin de la période de référence, généralement fixée au 31 mai de l’année suivante. Si un salarié refuse de prendre ses congés, l’employeur peut les imposer, en respectant les délais de prévenance définis par la loi ou par des accords collectifs.
Toutefois, des situations exceptionnelles, comme un besoin lié au fonctionnement de l’entreprise ou une demande spécifique du salarié, peuvent justifier un report des congés. Dans ce cas, un accord entre le salarié et l’employeur est nécessaire pour éviter que les droits aux congés soient perdus.
L’employeur peut-il refuser des congés payés ?
Oui, l’employeur peut refuser une demande de congés payés, mais uniquement dans des conditions précises. Il dispose d’un pouvoir d’organisation pour gérer les absences en fonction des besoins de l’entreprise, tout en respectant les règles fixées par le Code du travail ou les accords collectifs.
Le refus doit être motivé par des raisons objectives, comme une surcharge d’activité, l’absence simultanée d’autres salariés, ou un impact sur le fonctionnement de l’entreprise. Il doit également respecter les délais de réponse prévus, généralement un mois avant la date demandée, sauf disposition conventionnelle spécifique.
Cependant, l’employeur ne peut pas empêcher le salarié de prendre l’intégralité de ses congés acquis avant la fin de la période de référence. Il doit s’assurer que les congés soient planifiés et pris, sous peine d’en porter la responsabilité.
Que deviennent les congés payés non pris ?
Les congés payés non pris peuvent, en principe, être perdus si le salarié n’a pas pu les poser avant la fin de la période de référence. Toutefois, en cas de rupture du contrat de travail, ils donnent lieu à une indemnité compensatrice, garantissant que les droits acquis soient valorisés.
Le sort des congés payés non pris : le principe
Selon la loi, les congés payés non pris avant la fin de la période de référence, généralement au 31 mai, sont perdus, sauf dispositions spécifiques prévues par un accord collectif ou si le salarié a été empêché de les poser pour des raisons légitimes. Des exceptions existent, notamment en cas de force majeure, de maladie ou de congé maternité, où les congés non pris peuvent être reportés sur la période suivante.
Le sort des congés payés non pris en cas de rupture du contrat de travail
En cas de rupture du contrat de travail, quel qu’en soit le motif, les congés payés non pris ouvrent droit à une indemnité compensatrice. Cette indemnité est calculée sur la base des jours de congés acquis et non utilisés, et elle est versée avec le dernier bulletin de salaire. Elle permet de compenser financièrement les droits restants, garantissant qu’aucun congé payé acquis ne soit perdu.
FAQ
Un salarié peut-il travailler pendant ses congés payés ?
Non, un salarié ne peut pas exercer une autre activité professionnelle pendant ses congés payés, sauf exceptions prévues par la loi (comme le cumul avec une activité autorisée).
Quelle est la période de calcul des congés payés ?
La période de calcul des congés payés va généralement du 1er juin de l’année précédente au 31 mai de l’année en cours, sauf accord spécifique.
Un salarié peut-il poser tous ses congés payés en une seule fois ?
Oui, un salarié peut poser tous ses congés payés en une seule fois, mais cela nécessite l’accord de l’employeur qui peut refuser pour des raisons organisationnelles.
Principales sources législatives et réglementaires
- articles L3141-1 à L3141-33 - Code du travail
Léna Cazenave
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