
La nouvelle réglementation du contrat de stage
Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Le recrutement d’un salarié implique de nombreuses étapes : de la définition du poste, en passant par l’entretien d’embauche, jusqu’à la signature du contrat de travail et la DPAE (déclaration préalable à l'embauche). C’est un processus qui peut être long et qui n’est pas à prendre à la légère. Legalstart fait le point pour vous sur toutes les formalités pour recruter un salarié.
Mini-Sommaire
Tout employeur peut recruter un salarié. Il peut s’agir d’une personne physique (particulier-employeur, médecin, artisan, etc.), ou d'une personne morale (SARL, association, etc.).
☝️ Bon à savoir : pour recruter un salarié, le signataire doit être muni du pouvoir d’engager la société.
Bien que le statut ne soit pas propice au recrutement d’un salarié, les entreprises individuelles peuvent également embaucher un salarié. Pour rappel, le statut de la micro-entreprise ou de l’entreprise individuelle est destiné aux entrepreneurs souhaitant exercer leur activité seul. Les plafonds de chiffre d’affaires limitent également le développement de l’entreprise individuelle.
En théorie, recruter un salarié en auto-entreprise est possible, mais cela peut s’avérer compliqué. Le micro-entrepreneur ne peut pas opérer de déduction sur son chiffre d'affaires. Le salaire et les charges sociales sont donc directement déduits de celui-ci. Si l’activité grandit, il peut être préférable de changer de régime avant de recruter un salarié.
L’une des étapes clés du processus de recrutement d’un salarié est le choix du type de contrat de travail ainsi que sa rédaction.
Depuis 2014, la réglementation sur les contrats de stage est devenue plus stricte. Elle limite le nombre de cas pour lesquels il est possible de recourir au stage, ce qui défavorise les TPE/PME. Cela tend toutefois à protéger les salariés d'une trop grande précarité. Il est donc d'autant plus important de comprendre quand et comment vous pouvez avoir recours aux principaux contrats de travail, le CDI et le CDD.
Le CDI est un contrat dont la durée n’est pas limitée dans le temps. C’est la forme la plus courante d’une relation de travail entre un employeur et son salarié.
La rédaction de ce contrat est en principe libre et n’est soumise à aucun formalisme en particulier. Il existe cependant un certain nombre de mentions obligatoires à mentionner lors de la rédaction du CDI. Le contrat de travail à temps plein est d'ailleurs le seul type de contrat qui ne requiert pas d'être écrit. Ainsi, à vous de négocier avec votre futur salarié les termes de votre relation contractuelle (salaire, durée de la période d'essai du CDI, etc.) dans les limites imposées par la Code du travail.
Si vous passez par l'écrit pour conclure le contrat de travail, ce qui reste la grande majorité des cas, vous devez le rédiger en français (même utiliser des termes étrangers est autorisé).
☝️ Bon à savoir : si vous souhaitez embaucher un salarié étranger, ce dernier pourra demander la traduction de son contrat. Le CDI peut tout à fait être un contrat à temps partiel ou à temps plein.
Bien que ce contrat de travail soit à durée indéterminée, cela ne signifie pas qu’il ne puisse pas être rompu. Plusieurs situations peuvent mener à la rupture d'un CDI : démission du salarié, licenciement ou encore accord entre les parties (rupture conventionnelle).
☝️ Bon à savoir : il est possible de rédiger une lettre d'engagement, ou promesse d'embauche, préalablement à la rédaction du contrat de travail.
Le contrat de travail à durée déterminée est un contrat d’exception et il n'existe, en principe, qu'un nombre de cas limités pour lesquels on peut recourir au CDD. Il peut s'agir par exemple du remplacement d'un salarié absent, d'une embauche pour un emploi saisonnier ou encore d'une embauche dans l'attente de la prise de fonction d'un nouveau salarié.
Pourquoi limiter le recours au CDD ? Le droit du travail a pour but de favoriser l'intérêt des salariés et privilégie donc le CDI qui assure plus de stabilité. Cela entraîne deux conséquences en pratique :
Pour bien rédiger un CDD, il faut y insérer diverses mentions obligatoires comme la durée du contrat. À noter qu'il est nécessaire de recourir à l'écrit pour le CDD : en effet, un contrat non écrit est réputé à durée indéterminée. Rendez-vous sur notre fiche reprenant les étapes de rédaction d'un CDD si vous souhaitez en savoir plus.
⚠️ Attention : en fonction de votre secteur d’activité, la convention collective applicable à votre entreprise imposera certaines spécificités à intégrer à votre contrat de travail (durée du travail, seuils de rémunération, etc.) ou même d'avoir recours à un certain type de contrat (CDI ou CDD).
Si vous souhaitez recruter un salarié pour une période de courte durée, vous pouvez envisager de conclure un contrat d'extra ou un contrat saisonnier en restauration.
Vous embauchez ? Nous vous proposons de télécharger un modèle gratuit de CDI ou de CDD sur notre site.
Il existe différents moyens de trouver un salarié à recruter. Il existe notamment des sites pour recruter du personnel, comme les agences de placement. Ces agences rapprochent les demandeurs d’emploi et les entreprises qui émettent des offres dans le but de recruter un salarié. Les plus connues sont les suivantes :
Il vous est également possible de faire appel à un cabinet spécialisé ou à un chasseur de têtes. Ces cabinets trient les candidats pour trouver ceux qui correspondent parfaitement au profil recherché.
Une autre solution est de diffuser vous-même une offre d’emploi sur votre site internet ou sur des réseaux professionnels comme LinkedIn. Enfin, activer votre réseau professionnel est également une solution pour trouver un candidat à recruter.
Il n’existe pas de procédure d’embauche d’un salarié à proprement parler. Il convient toutefois de suivre quelques étapes pour vous assurer de recruter le meilleur candidat au poste.
Cette première étape est primordiale, puisque l’offre d’emploi est le premier contact avec le candidat. Elle doit être claire, détaillée et suffisamment attractive. Voici quelques pistes pour la rédiger :
Après la diffusion de l’annonce, il est fort probable que vous receviez plusieurs réponses pour le poste à pourvoir. La prochaine étape consiste donc à analyser les candidatures et de répondre à chaque candidat.
Vous devez ensuite préparer les entretiens pour les candidats sélectionnés. Ces entretiens peuvent se tenir en présentiel ou à distance. Il est possible d’en prévoir plusieurs, et d’y intégrer un test de mise en situation pour vérifier les compétences du candidat avant de le recruter.
Pour préparer les entretiens de recrutement, lister les points à approfondir avec chaque candidat après lecture de leur CV. Élaborez également une trame commune à tous les candidats, pour que votre processus de recrutement soit équitable entre les candidats.
La dernière étape du processus pour recruter un salarié est celle de rédiger et signer le contrat de travail. Ce dernier est généralement écrit et fait apparaître toutes les informations importantes concernant le poste et les missions du salarié, la qualification, la rémunération, la durée du travail, et éventuellement les horaires, la convention collective, etc.
📝 À noter : le contrat de travail doit être signé par le salarié et l’employeur, en double exemplaire, chaque partie en conservant un.
Une fois le candidat sélectionné et le contrat de travail signé, d’autres démarches sont à accomplir. Les formalités d’embauche d’un salarié sont les suivantes :
La déclaration préalable à l’embauche (DPAE) est une formalité d’embauche obligatoire qui doit être faite avant la prise de poste effective du salarié. Dans les faits, la DPAE doit être réalisée dans les 8 jours qui précèdent la date d’embauche du salarié.
La DPAE est une formalité qui permet d’accomplir plusieurs déclarations :
Pour accomplir cette formalité, il est possible de déclarer un salarié en ligne sur le site internet de net-entreprises ou directement sur celui de l’Urssaf. La DPAE comporte différents renseignements :
☝️ Bon à savoir : au moment de l’embauche, des documents sont à fournir par le salarié pour vous aider à compléter les informations du salarié sur la DPAE et le contrat de travail. À ce titre, vous pouvez lui demander une copie de sa carte d’identité et de sa carte vitale.
Une fois la DPAE faite, le salarié sera convoqué pour passer une visite d’information et de prévention avec le médecin du travail. Cette visite intervient dans les 3 mois qui suivent la date d’embauche.
📝 À noter : dans certains cas, cette visite doit se tenir avant la date d’embauche. C’est le cas si vous recrutez un salarié de moins de 18 ans, un travailleur de nuit, ou si le salarié est exposé à des risques particuliers.
Le but de cette visite est d'interroger le salarié sur son état de santé et de l’avertir des risques encourus à son poste de travail. Suite à cette visite, le médecin de travail prononce un avis d’aptitude ou d’inaptitude au poste de travail.
En tant qu’employeur, vous devez libérer votre salarié pour qu’il puisse se rendre à cette visite médicale d’embauche obligatoire. Cette visite a lieu sur le temps de travail, sans déduction de salaire. Le salarié doit ensuite réaliser une nouvelle visite dans un délai maximum de 5 ans. C’est le médecin du travail qui fixe la périodicité exacte des visites.
⚠️ Attention : le non-respect de cette obligation de visite d’information et de prévention vous expose à une amende de 1 500 euros et des sanctions pénales en cas de récidive.
En tant qu’employeur, vous devez souscrire à différents organismes sociaux : retraite complémentaire, prévoyance, complémentaire de santé collective.
Chaque nouveau salarié entrant doit être affilié à ces différents organismes de protection sociale.
📝 À noter : le coût d'un salarié pour une entreprise inclut les cotisations liées aux obligations sociales, en plus du salaire brut.
Certains documents doivent être remis au salarié. Il s’agit notamment de la copie de la DPAE, ou de l’accusé de réception. Un exemplaire du contrat de travail doit également être conservé par le salarié.
Vous devez également lui remettre la convocation pour la visite médicale d’embauche, ainsi que tout document pour son affiliation aux différents organismes sociaux.
Pour récapituler, voici un tableau des formalités d’embauche à accomplir pour recruter un salarié.
Formalité |
Informations |
Rédaction et signature du contrat de travail |
Contrat écrit obligatoirement si CDD, conseillé pour un CDI temps plein |
Déclaration préalable à l’embauche |
Dans les 8 jours qui précèdent la date d’embauche |
Visite d’information et de prévention |
Dans les 3 mois qui suivent la date d’embauche |
Affiliation au régime de retraite complémentaire |
Inscription auprès du contrat souscrit par l’entreprise |
Affiliation au régime de prévoyance collectif |
Inscription auprès du contrat souscrit par l’entreprise |
Affiliation à la complémentaire santé collective |
Inscription auprès du contrat souscrit par l’entreprise |
Inscription du salarié sur le registre unique du personnel |
Dès l’embauche et à mettre à jour en cas de modification du type de contrat ou de sortie du salarié. |
D’autres formalités sont à accomplir après l’embauche du salarié. Il s’agit de tenir à jour différents registres, ou encore de gérer la paie du salarié et le règlement des cotisations sociales.
Tout employeur qui recrute un premier salarié doit ouvrir un registre unique du personnel. Ce registre est ensuite conservé et complété en respectant l’ordre chronologique des embauches.
Dans ce registre, les éléments suivants sont recensés :
☝️ Bon à savoir : les mentions inscrites sur le registre unique du personnel doivent être écrites de façon indélébile.
D’autres registres doivent également être tenus, comme le registre du comité social économique (CSE), et le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP).
Le DUERP est à réaliser dès la première embauche d’un salarié. Ce document doit ensuite être mis à jour tous les ans. Il sert à répertorier et classer les différents dangers auxquels sont exposés les salariés sur leur lieu de travail pour leur sécurité ou leur santé.
Ce document d’évaluation des risques professionnels est accessible au sein de l’entreprise :
⚠️ Attention : le non-respect de cette obligation est passible d’une amende de 1 500 € pour les personnes physiques et de 7 500 € pour les personnes morales.
En plus de ces registres, l’employeur est tenu à certains affichages obligatoires, comme l’interdiction de fumer, ou encore les coordonnées de l’inspecteur du travail.
Un bulletin de salaire doit être établi et remis au salarié pour chaque rémunération versée (par exemple, salaire de base, primes comme une éventuelle prime de déplacement, etc.). Le contenu du bulletin de salaire est encadré par la loi. Il vous est possible de gérer vous-même la réalisation des bulletins de salaire avec un logiciel de paie. Vous pouvez également déléguer l’établissement des bulletins de salaire à un service de gestion de la paie, ou un cabinet d’expertise comptable.
Une fois les bulletins de salaire calculés, vous êtes tenu de déclarer les rémunérations versées aux différents organismes sociaux. Cette déclaration permet de reverser les cotisations sociales afférentes à l’embauche de vos salariés.
Ces formalités s’effectuent grâce à la déclaration sociale nominative (DSN). C’est un dispositif qui permet la déclaration automatique et le paiement des cotisations sociales aux organismes d’après les éléments contenus dans le logiciel de paie.
Au moment de l’embauche, le salarié doit fournir une copie de sa carte d’identité et de son attestation d'affiliation à la Sécurité sociale (ou photocopie de la carte vitale). Il peut également fournir un RIB pour le versement de ses salaires.
Il existe différentes aides en fonction du type de contrat. Par exemple, il existe des aides pour les contrats d’apprentissage ou de professionnalisation. Un employeur peut également bénéficier d’aide pour l’embauche d’un demandeur d’emploi, d’un demandeur d’emploi de plus de 45 ans, ou encore d’un travailleur handicapé.
Les sanctions diffèrent en fonction de l’obligation non respectée. À titre d’exemple, en cas de défaut d’émission de la DPAE, l’employeur peut être condamné à 45 000 euros d’amende et 3 ans d’emprisonnement s’il y a dissimulation d’emploi salarié. Pour la visite d’information et de prévention, le non-respect de cette obligation expose l’employeur à une amende de 1 500 euros et à des sanctions pénales.
Principales sources législatives et réglementaires :
Note du document :
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Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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