
Déclaration de cessation de paiement : mode d’emploi 2025
Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Lorsqu’une entreprise rencontre des difficultés, il est important d’agir le plus rapidement possible afin de prévenir les risques d’une éventuelle cessation des paiements. La procédure de sauvegarde d’une entreprise est alors l’une des procédures préventives les plus populaires auprès des dirigeants d’entreprise. Cela s’explique par le fait que le dirigeant puisse rester maître des opérations tout au long de la sauvegarde.
Comment se déroule une procédure de sauvegarde ? Pour y voir plus clair, on vous livre la définition et les différentes étapes à suivre pour une procédure de sauvegarde.
Mini-Sommaire
La procédure de sauvegarde est une procédure préventive qui permet à une entreprise de faire face à ses difficultés financières avant même d’être en état de cessation des paiements. La sauvegarde est destinée à faciliter la réorganisation de l’entreprise pour permettre la poursuite de son activité, le maintien de l’emploi mais également l’apurement de ses dettes.
La procédure de sauvegarde judiciaire n’est pas la seule procédure collective possible pour une entreprise en difficulté. En effet, à côté de la sauvegarde, il existe le redressement judiciaire et la liquidation judiciaire. Chaque procédure a ses propres spécificités, et s’adresse à un profil différent d’entreprise en fonction de la gravité des difficultés rencontrées et des perspectives d’évolution.
Ainsi, la sauvegarde est la procédure qui intervient le plus tôt puisqu’elle ne peut être ouverte que si l’entreprise n’est pas encore en état de cessation des paiements. Les difficultés financières commencent à se faire ressentir, mais l’entreprise est toujours en capacité de payer ses fournisseurs et ses créanciers fiscaux et sociaux. Un plan de sauvegarde peut être mis en place pour améliorer la situation et assurer la pérennité de l’entreprise.
À l’inverse, dans le cadre d’une procédure de redressement ou de liquidation, l'entreprise est en cessation des paiements :
📝 À noter : il est possible de passer d’une procédure collective à l’autre en fonction de la situation découverte au fil de la procédure. Par exemple, si finalement, un plan de redressement ne peut pas être mis en place de manière viable, la procédure peut être orientée vers une procédure de liquidation judiciaire.
Toutes les entreprises peuvent faire l’objet d’une procédure de sauvegarde dès lors qu’elles éprouvent des difficultés financières, économiques et/ou juridiques et qu’elles ne sont pas en état de cessation des paiements.
Ainsi, un entrepreneur individuel (EI), y compris un auto-entrepreneur peut bénéficier d’une procédure de sauvegarde. Il en va de même pour les sociétés comme les SARL, les EURL, les SAS, les SASU, les SA, les SCI, etc.
☝️ Bon à savoir : certaines grandes entreprises peuvent bénéficier d’une procédure de sauvegarde accélérée. L’intérêt de cette procédure accélérée est qu’elle permet à l’entreprise de mettre en place un plan de sauvegarde dans un délai compris entre 1 et 3 mois.
La particularité de la procédure de sauvegarde, c’est que le dirigeant de l’entreprise est le seul habilité à demander l’ouverture d’une telle procédure. Au contraire, pour un redressement ou une liquidation, la demande peut être déposée par un créancier intéressé ou par le procureur de la république.
Cela s’explique par le fait que l’entreprise est encore en capacité de payer ses créanciers, du moins à court terme, donc ces derniers n’ont aucune raison de demander l’ouverture d’une procédure collective en l’absence d’impayé.
L’ouverture d’une procédure de sauvegarde entraîne plusieurs conséquences.
Tout d’abord, elle entraîne l’arrêt des poursuites individuelles à l’encontre de l’entreprise. En effet, les créanciers ne peuvent plus poursuivre chacun de leur côté l’entreprise en cas d’impayés. Ils doivent impérativement déclarer leurs créances dans un délai de 2 mois suivant la publication au Bodacc de l’avis d’ouverture de la procédure de sauvegarde. Ils doivent transmettre leurs déclarations de créances au mandataire judiciaire désigné par le tribunal pour les représenter de manière collective.
D’autre part, l’entreprise a l’interdiction de payer les créances nées avant le jugement d’ouverture. Il y a donc un gel des créances au moment du jugement d’ouverture de la procédure. Le montant des créances échues ou à échoir au moment de l’ouverture de la procédure doit faire l’objet d’une déclaration de créances par le créancier.
Pour les créances nées postérieurement au jugement d’ouverture, elles sont payées à leur échéance normale dès lors qu’il s’agit de :
📝 À noter : les salaires continuent d’être payés chaque mois même en cas de procédure de sauvegarde.
Par ailleurs, les contrats commerciaux se poursuivent normalement à la suite de l’ouverture de la procédure de sauvegarde. Les fournisseurs et les prestataires de l’entreprise ne peuvent pas mettre fin à leurs contrats au motif de l’ouverture d’une procédure de sauvegarde. Seul l'administrateur judiciaire peut prendre cette décision s’il estime que le contrat représente une charge trop importante pour l’entreprise, alors qu’il n’est pas nécessaire à l’activité.
La procédure de sauvegarde, selon le Code de commerce, doit suivre plusieurs étapes :
Pour demander l’ouverture d’une procédure de sauvegarde, un formulaire doit être complété par le dirigeant où il doit exposer la nature des difficultés rencontrées par son entreprise et les raisons pour lesquelles il n’est pas en mesure de les surmonter.
Le dirigeant doit ensuite réunir un dossier de pièces justificatives comprenant notamment :
Le formulaire de demande d’ouverture de la sauvegarde et le dossier de pièces justificatives doivent ensuite être déposés auprès :
Lors du jugement d’ouverture de la procédure de sauvegarde, le dirigeant expose la nature des difficultés rencontrées par son entreprise. Le représentant du Comité social et économique (CSE) peut également être entendu.
À l’issue du jugement, le tribunal se prononce sur le bien-fondé de l’ouverture d’une procédure de sauvegarde. Si la demande est légitime, il prononce le jugement d’ouverture de la procédure de sauvegarde et fixe la durée de la période d’observation. Il désigne également le mandataire judiciaire qui va représenter la collectivité des créanciers. Un administrateur judiciaire peut aussi être nommé pour diriger avec ou à la place du dirigeant de l’entreprise.
☝️ Bon à savoir : la désignation d’un administrateur judiciaire dans une procédure de sauvegarde est obligatoire pour les entreprises comptant au moins 20 salariés et dont le chiffre d’affaires annuel excède 3 millions hors taxes.
La période d’observation permet de réaliser un véritable bilan économique et social de l’entreprise. À cette étape, le dirigeant, éventuellement assisté par un administrateur judiciaire, doit étudier l’ensemble des possibilités de rétablissement envisageables pour son entreprise. De plus, il doit dresser un inventaire complet des biens de l’entreprise. C’est ce qui va permettre de préparer le plan de sauvegarde et d’envisager l’avenir de l’entreprise.
🛠️ En pratique : la période d’observation peut durer jusqu’à 6 mois maximum. Elle peut être renouvelée sur décision du juge, dans la limite de 12 mois.
Selon l’état de la situation de l’entreprise, la procédure de sauvegarde peut prendre trois issues différentes :
Si au cours de la procédure de sauvegarde judiciaire, la situation de l’entreprise s’améliore de sorte à ce que la procédure collective ne soit plus justifiée, il est possible de mettre fin à la procédure. Les créanciers sont réglés, et l’entreprise reprend son activité tout à fait normalement.
Lorsque la période d’observation témoigne de l’existence d’une possibilité sérieuse de sauvegarder l’entreprise, le dirigeant doit dresser un plan de sauvegarde.
Le plan de sauvegarde de l’entreprise permet au dirigeant de prendre un ensemble de mesures à mettre en œuvre pour restructurer son entreprise et en permettre la sauvegarde. Grâce à ces mesures, l’entreprise en difficulté doit pouvoir repartir sur des bases saines dans un délai imparti.
☝️ Bon à savoir : un plan de sauvegarde ne peut pas durer plus de 10 ans.
La mise en place d’un plan de sauvegarde impose aux créanciers d’importants sacrifices tels que l’attribution de délais de paiement ou de remises de dettes. À ce titre, les créanciers doivent être inclus dans les négociations.
Une fois le plan de sauvegarde validé par le tribunal, la décision paraît au Bodacc. Toutes les mentions relatives à la procédure de sauvegarde sur l’extrait Kbis et le chéquier de l’entreprise, sont supprimées.
Lorsqu’il apparaît que l’entreprise était déjà en état de cessation des paiements avant l’ouverture de la procédure de sauvegarde, le tribunal doit convertir la sauvegarde en procédure de redressement judiciaire.
Il existe des avantages et des inconvénients à la procédure de sauvegarde. Ainsi, la sauvegarde présente l’avantage d’agir très tôt donc les difficultés de l’entreprise sont censées être prises à temps pour éviter la cessation des paiements, et donc une situation plus difficile à redresser. De plus, l’entreprise bénéficie du gel des créances et de l’arrêt des poursuites individuelles. Elle peut rembourser les dettes antérieures au jugement d’ouverture de la sauvegarde selon un échéancier pouvant aller jusqu’à 10 ans.
En fonction de la situation analysée au cours de la période d’observation, la procédure de sauvegarde peut connaître 3 issues différentes :
Se mettre en liquidation judiciaire permet à l’entreprise de cesser son activité et de rembourser les créanciers prioritaires et privilégiés, et si possible les créanciers chirographaires. Les poursuites individuelles des créanciers cessent et les dettes de l’entreprise sont gelées.
Principales sources législatives et réglementaires :
Note du document :
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Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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