
La période d'observation en redressement judiciaire : explications
Emilie Mesmin
L’ouverture d’une procédure collective à l’égard d’une entreprise peut être synonyme de sanction pour son dirigeant. À côté de la responsabilité pour insuffisance d'actifs (qui contraint le dirigeant à combler le passif de l’entreprise), on retrouve des sanctions civiles et interdictions comme la faillite personnelle.
Quels sont les enjeux de cette sanction qui peut être prononcée à l’égard du dirigeant fautif ? Retour sur la définition et les conséquences de cette sanction pour faillite personnelle.
Mini-Sommaire
En France, la faillite personnelle est une sanction civile prononcée à l’encontre du dirigeant d’entreprise dans le cadre d’une procédure de redressement ou liquidation judiciaire.
Les conséquences de la faillite personnelle sont, pour le dirigeant concerné, une interdiction de diriger, gérer, administrer ou contrôler, directement ou indirectement, toute entreprise commerciale ou artisanale, toute exploitation agricole, toute entreprise ayant une activité indépendante et toute personne morale.
La faillite personnelle en cas de liquidation judiciaire par exemple peut concerner tout dirigeant personne physique, notamment :
Un dépôt de bilan ne doit pas être confondu avec la faillite personnelle. Il s’agit de deux procédures distinctes. En effet, le dépôt de bilan suivi de l’ouverture d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire peut s’accompagner de la faillite personnelle du dirigeant.
Un dépôt de bilan correspond à la déclaration de cessation des paiements et n’entraîne pas nécessairement la faillite personnelle du dirigeant.
Le dépôt de bilan intervenant lorsque l’entreprise se trouve en état de cessation des paiements, c’est-à-dire lorsque sa trésorerie ne lui permet plus de faire face à ses dettes. En d’autres termes, l’actif disponible de l’entreprise ne suffit pas à couvrir le passif exigible.
Lorsque cette situation est constatée, l’entreprise a l’obligation de déposer une déclaration appelée “dépôt de bilan” auprès du tribunal de commerce ou du tribunal judiciaire dans les 45 jours suivant la constatation de l’état de cessation des paiements.
Suivant la date de cessation des paiements et la situation financière de l’entreprise, le tribunal compétent procède à l’ouverture d’une procédure de conciliation, de redressement ou de liquidation judiciaire.
Cette dernière peut être l’occasion de rétablir l’entreprise et de retrouver une situation juridiquement et économiquement stable. C’est le cas lorsque l’entreprise parvient à redresser la situation par le biais d’échelonnement ou de remises de dettes.
À l’inverse, un dépôt de bilan peut également conduire à mettre fin à l’activité de votre entreprise par le biais d’une liquidation judiciaire s’il n’est pas possible de régler les dettes avec l’actif disponible. En cas de procédure de liquidation judiciaire, le liquidateur judiciaire peut publier une offre de reprise. Cela permet alors de vendre l’entreprise avec des dettes.
Quels choix s’offrent au chef d’entreprise faisant l’objet d’une procédure collective ? Peut-on vendre une entreprise avec des dettes ? La réponse est oui, il est possible de procéder de céder une entreprise avec ses dettes. Le repreneur récupère l’intégralité de l’actif et du passif de la structure et devient donc débiteur des créanciers de cette dernière. La situation sera différente si le dirigeant cède uniquement les actifs de l’organisation (matériel d’usine, camions, etc.). Dans ce cas, la vente de certains actifs peut permettre d’apurer tout ou partie du passif.
⚠️ Attention : il ne faut pas confondre la procédure de rétablissement personnel avec la procédure de faillite personnelle. Le rétablissement personnel est une procédure utile lorsque l’on cherche à savoir comment obtenir un effacement de dette. Un rétablissement peut être personnel ou professionnel et permet, quant à lui, de bénéficier d’un effacement des dettes de celui qui en fait l’objet.
La déclaration de faillite personnelle suppose l’accomplissement d’agissements fautifs de la part du dirigeant.
Pour se mettre en faillite, l’entrepreneur individuel ou encore le dirigeant d’entreprise doit être considéré responsable des manquements tels que :
En tout état de cause, c’est au tribunal qu’il incombe de sanctionner le dirigeant et de motiver les raisons de sa décision.
Le dirigeant frappé de faillite personnelle en vertu du Code de commerce se voit imposer une interdiction de diriger, de gérer, d'administrer ou de contrôler toute entreprise ou société pendant un certain temps.
L’interdiction de gérer en tant que conséquence de la faillite personnelle est à distinguer de la sanction. Bien qu’elles aient la même finalité, la faillite personnelle et l’interdiction de gérer n’ont pas le même degré de sévérité. Pour comprendre les différences entre ces deux sanctions, n’hésitez pas à consulter notre fiche sur le sujet.
Comment obtenir un effacement de dettes ? La procédure de faillite personnelle d’un particulier permet de rechercher ce résultat. En effet, outre la procédure visant le chef d’entreprise, une procédure de faillite personnelle d’un particulier peut également être prononcée.
L’aveu de faillite personnelle par un particulier quand il est jugé recevable entraîne la gestion et la liquidation personnelle de ses biens. L’objectif de cette saisie des biens est de permettre un remboursement partiel des dettes accumulées.
Les conséquences de la faillite personnelle d’un particulier sont donc :
La liquidation judiciaire personnelle a des conséquences différentes de la procédure de surendettement (auprès de la Banque de France).
Peut-on devenir auto-entrepreneur avec un dossier de surendettement ? La réponse à cette question est oui dans la mesure où l’activité ne compromet pas les remboursements planifiés au titre de la procédure.
Une mise en faillite personnelle n’est pas anodine et doit être envisagée en ultime recours. Ainsi, l’examen de toutes les options est indispensable avant d’engager une procédure de demande de faillite personnelle. Il ne faut donc pas hésiter à consulter des experts financiers afin d’être certain d’avoir épuisé l’ensemble des ressources.
Une fois la décision prise, le dossier doit être déposé auprès du Tribunal judiciaire ou de commerce suivant la situation. Ce dossier doit comporter la preuve de la faillite personnelle.
Une entreprise peut ainsi être déclarée en faillite personnelle soit :
L’aveu de faillite du débiteur doit être déposé auprès du greffe du Tribunal de Commerce dans un délai d’un mois après la cessation de paiement. À défaut, le débiteur engage alors sa responsabilité.
La déclaration d’aveu de faillite d’une personne morale doit remplir les trois conditions suivantes :
La durée de la sanction de faillite personnelle prononcée par le tribunal ne peut excéder 15 ans.
Le tribunal peut également prononcer une incapacité d’exercer une fonction publique élective pour une durée égale à celle de la faillite personnelle, dans la limite de 5 ans.
En principe, l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire emporte l’arrêt des poursuites individuelles. Cela signifie que les créanciers de l’entreprise (fournisseurs, banquiers, prestataires, etc.) ne peuvent plus poursuivre cette dernière en justice dans le but d’être remboursés, et ce, pendant toute la durée de la procédure.
À la clôture de la liquidation, les dettes de l’entreprise sont effacées et les créanciers ne trouvent pas leur droit de poursuite.
Néanmoins, le cas de faillite personnelle fait exception à ce principe ! Le débiteur frappé de faillite personnelle perd cette “protection”: les créanciers retrouvent leur droit de poursuite individuelle pendant toute la durée de la sanction.
Lorsqu’une situation de faillite personnelle se présente, il est normal de s’interroger sur certains points. Voici les réponses aux questions les plus fréquemment posées afin d’apporter un éclairage complet en cas de faillite personnelle.
En cas de faillite personnelle, il est possible d’obtenir un remboursement en cas de liquidation judiciaire et si le produit de la vente des actifs de l’entreprise n’est pas complètement épuisé. Dans ce cas, les liquidités et sommes récoltées serviront à rembourser en premier les salariés et autres créanciers privilégiés comme l’État et les organismes de Sécurité Sociale.
La faillite personnelle libère en principe le particulier de toutes ses dettes. Pour le dirigeant d’entreprise, les conséquences sont différentes. En vertu de la loi relative à la f et à l’insolvabilité, les actions et parts du débiteur dans la société peuvent être revendues pour rembourser les dettes de l’entreprise. Si les actifs sont insuffisants, Le Tribunal prononce la clôture de la procédure pour insuffisance d’actifs et les dettes de l’entreprise seront éteintes, qu’il s’agisse de dettes fiscales (TVA, URSSAF), sociales (salaires, Sécurité sociale et autres organismes sociaux), de dettes fournisseurs ou de dettes bancaires.
La procédure d’effacement des dettes est différente de la faillite personnelle. Il s’agit de la procédure dite de rétablissement personnel engagée par la Commission de surendettement (et non le tribunal) avec l’accord de la personne surendettée. Elle est mise en place quand la situation financière du particulier ne permet pas de régler la question du surendettement (pas de patrimoine).
En amont de toute procédure, une organisation rigoureuse et un dialogue continu avec les créanciers est indispensable afin d’éviter une faillite personnelle. Négocier des échéanciers, trouver des accords avec l'administration font partie des techniques afin de limiter les risques.
En cas de procédure collective et si des manquements sont reprochés au chef d’entreprise, le moyen d’éviter la sanction de faillite personnelle sera de démontrer le fait que le dirigeant n’a commis aucune faute de gestion ayant provoqué l’état de cessation des paiements.
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