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Fiches pratiques Créer une entreprise Démarches de création Quand et comment désigner un commissaire aux apports ?

Quand et comment désigner un commissaire aux apports ?

Léna Cazenave - Image

Léna Cazenave

Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille. 


Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.

Lors de la création d’une société, les associés doivent constituer le capital social de la future entreprise en lui apportant une somme d’argent (apport en numéraire) ou des biens (apport en nature). Dans le cadre d’un apport en nature, l’associé transfère des biens corporels et incorporels à la société ce qui a pour particularité d’être plus ou moins facile à chiffrer. 

C’est pourquoi, certaines situations imposent qu’un commissaire aux apports (CAA) soit nommé. L’objectif est de faire évaluer les apports en nature par une personne indépendante et extérieure à la société. Legalstart vous explique le rôle du commissaire aux apports.

Mini-Sommaire

Qu’est-ce qu’un commissaire aux apports ?

Le commissaire aux apports, par définition, est un professionnel indépendant, externe à l’entreprise, nommé pour évaluer de manière indépendante les apports en nature qui ont vocation à constituer en tout ou partie le capital social de la société. 

Pour rappel, les apports en nature correspondent aux apports réalisés par les associés sous la forme d’un bien corporel (un immeuble, du matériel, un véhicule, etc.) ou d’un bien incorporel (brevet, etc.).

L’évaluation de ces apports est particulièrement importante puisqu’en échange de l’apport réalisé, l’associé reçoit un certain nombre de titres sociaux auxquels sont attachés des droits d’information, des droits de vote et des droits financiers (dividendes).

📝 À noter : dans une SCI ou une SARL, les titres sociaux sont des parts sociales, tandis que dans une SA ou une SAS, on parle d’actions. 

Quel est le rôle du commissaire aux apports ?

Le rôle du commissaire aux apports est d’évaluer la valeur des apports en nature, c’est-à-dire des biens apportés à la société par les différents associés. Il doit chiffrer la valeur marchande des biens et déterminer le nombre de parts sociales ou d’actions à émettre en conséquence. 

Pour l’exercice de cette mission, le commissaire aux apports peut se faire accompagner par un ou plusieurs experts. En effet, l’évaluation de certains biens nécessite des connaissances techniques précises dans certains domaines. Par exemple, pour l’évaluation d’un brevet sur un produit de beauté, le CAA peut s’appuyer sur l’avis d’un expert en cosmétique. 

Le commissaire aux apports doit dresser un rapport d’évaluation. Ce rapport doit :

  • détailler chacun des apports. Il s’agit de décrire la nature des biens apportés ;
  • indiquer le mode d’évaluation retenu. Il convient de préciser la formule retenue mais également le motif qui a conduit à retenir une évaluation plutôt qu’une autre ;
  • garantir le montant des apports. Il doit s’agir de la valeur exacte des apports au jour de l’apport. Le commissaire aux apports ne doit pas prendre en compte une éventuelle perte de valeur ultérieure.

📝 À noter : tous les associés doivent approuver l’évaluation des apports en nature. Ils peuvent toutefois décider de ne pas suivre le rapport du commissaire aux apports, auquel cas ils sont responsables à l’égard des tiers de la valeur donnée pendant une durée de 5 ans.

Le commissaire aux apports peut être amené à intervenir à différents moments de la vie de la société :

☝️ Bon à savoir : il est indispensable de penser au dépôt au greffe du rapport du Commissaire aux apports. Ce rapport doit également être annexé aux statuts constitutifs de la société.

Est-ce obligatoire de nommer un commissaire aux apports ?

La nomination d’un commissaire aux apports est obligatoire dans certains cas. Il est en effet possible en respectant certaines conditions de ne pas en nommer un. 

Commissaire aux apports dans une SARL ou une SAS

En principe, la désignation d’un commissaire aux apports dans une SAS ou une SARL est obligatoire dès lors qu’au moins l’un des associés réalise un apport en nature. 

Cependant, la société peut être dispensée de nommer un commissaire aux apports de SARL ou de SAS, si les deux conditions suivantes sont respectées :

  • le montant de l’apport en nature n’excède pas 30.000 € ;
  • le montant de l'ensemble des apports en nature ne dépasse pas la moitié du capital social. 

Par exemple : si le capital social est de 60.000 € et que l’apport en nature a une valeur d’environ 20.000 €, la société sera dispensée de nommer un commissaire aux apports.

Commissaire aux apports et EURL ou SASU

L’EURL et la SASU sont les formes unipersonnelles de la SARL et de la SAS. Par conséquent, elle ne compte qu’un seul associé. En principe, il est obligatoire de nommer un commissaire aux comptes.

Cependant, l'associé unique peut s'en passer si les mêmes conditions qu'en SARL ou SAS sont respectées. Pour rappel :

  • le montant de l’apport en nature ne doit pas excéder 30.000 € ;
  • le montant de l'ensemble des apports en nature ne doit pas dépasser pas la moitié du capital social. 

Il existe aussi un autre cas de dispense de nomination de commissaire aux comptes spécifiques aux EURL et aux SASU. L'associé unique n'est pas obligé de nommer un commissaire aux apports si : 

  • c'est une personne physique ;
  • il exerçait son activité en nom propre avant la constitution de la société, y compris comme entrepreneur individuel ;
  • il apporte des éléments qui figuraient dans le bilan de son dernier exercice.

Malgré ces possibilités de dispenses, il reste intéressant de désigner un CAA en cas d’apport en nature réalisé par l’associé unique, afin de se prémunir vis-à-vis des tiers. En effet, en cas de mauvaise évaluation du bien apporté, les créanciers de la société pourraient engager la responsabilité de l’associé qui a lui-même évalué le bien sans pouvoir justifier de la valeur retenue.

Commissaire aux apports et SA

Dans le cadre d’un apport en nature dans une société anonyme (SA), la nomination d’un commissaire aux apports est obligatoire.

Commissaire aux apports et SCI et SNC

La désignation d’un commissaire aux apports de SCI est facultative. Il en va de même pour les sociétés en nom collectif.

Obligation de nommer un commissaire aux apports : tableau récapitulatif 

Forme sociale

Obligation de nommer un CAA

EURL / SASU

Facultatif

SARL / SAS

Obligatoire uniquement si apport en nature d’une valeur supérieure à 30.000 € et correspondant à plus de la moitié du capital social

SA

Obligatoire

SCI

Facultatif

SNC

Facultatif

⚠️ Attention : même si la société peut profiter de la dispense de recourir aux services d’un commissaire aux apports, le recours au CAA est toujours très fortement recommandé. En effet, s’ils optent pour la dispense, les associés sont responsables de la valeur donnée aux apports en nature pendant une durée de 5 ans. Cela signifie qu’en cas de contestation d’un créancier, ils sont solidairement tenus du paiement de la différence entre la valeur qu’ils ont fixée et la valeur réelle du bien.

De plus, s’ils ont surestimé frauduleusement la valeur de l’apport en nature, les associés encourent une peine de 5 ans d’emprisonnement et une amende allant jusqu’à 375.000€.

Qui peut être commissaire aux apports ?

Le rôle de commissaire aux apports est obligatoirement tenu par un commissaire aux comptes enregistré auprès de la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes (CNCC). En effet, il s’agit d’une profession réglementée.

☝️ Bon à savoir : la personne désignée comme commissaire aux apports de la société ne peut pas être nommée par la suite commissaire aux comptes dans la même société.

Comment désigner un commissaire aux apports ?

Que ce soit dans le cadre d’un apport en nature réalisé pour la création d’une société ou d’une augmentation de capital, par principe, le commissaire aux apports est désigné par un vote des associés. L’unanimité des voix est requise.

📝 À noter : dans une EURL ou une SASU, l’associé unique est le seul décisionnaire pour choisir le CAA. Il peut alors le faire par acte sous seing privé.

Si les associés ne parviennent pas à se mettre d’accord, une requête doit être déposée auprès du président du Tribunal de commerce pour demander la désignation judiciaire d’un commissaire aux apports. Il convient de déposer une requête en deux exemplaires originaux, datés et signés par le ou les requérants. Il est possible de suggérer un ou plusieurs noms pour la nomination du CAA.

Le président du tribunal statue rend alors une ordonnance désignant le commissaire aux apports.

Combien coûte un commissaire aux apports ?

Concernant les honoraires du commissaire aux apports, le prix dépend principalement de la complexité du dossier et du temps que va devoir y consacrer le professionnel. De plus, s’agissant d’une profession réglementée, les honoraires du CAA sont fixés par décret. Ce dernier détermine une fourchette dans laquelle le professionnel peut facturer ses heures de travail. Ensuite, chaque commissaire aux apports fixe ses propres tarifs dans la fourchette réglementaire. 

Ainsi, pour l’évaluation d’un apport en nature par un commissaire aux apports, il faut compter en moyenne entre 500 et 3.000 euros d’honoraires. Le montant des honoraires pratiqués est indiqué dans la lettre de mission du commissaire aux apports.

📝 À noter : les honoraires du commissaire aux apports sont à la charge des associés de la société en création. Pour une augmentation de capital, le coût des horaires du CAA est supporté par la société.

De plus, si les associés la désignation du commissaire aux apports se fait par voie judiciaire, il faut ajouter aux honoraires du CAA, le coût de la requête qui est de 32.72 € (frais postaux inclus).

FAQ

Où trouver un commissaire aux apports ?

Vous pouvez consulter la liste des commissaires aux apports sur le site internet de la Compagnie Régionale des Commissaires aux Comptes (CRCC). Pour rappel, seuls les commissaires aux comptes enregistrés auprès de cet ordre professionnel sont habilités à exercer la fonction de commissaire aux apports.

Quelle est la responsabilité du commissaire aux apports ?

Le commissaire aux rapports est responsable de l’évaluation de l’apport en nature qu’il réalise. Dès lors, il engage sa responsabilité civile. Il peut également voire sa responsabilité pénale engagée s’il s’avère qu’il a délibérément surévalué un bien pour avantager un associé.

Quelle est la différence entre commissaire aux comptes et commissaire aux apports ?

Le commissaire aux apports évalue la valeur d’un bien apporté au capital social d’une société au moment de sa création ou en cas d’augmentation du capital. Le commissaire aux comptes contrôle et certifie la conformité des comptes. Leurs missions ne sont donc pas les mêmes. Toutefois, en pratique, le commissaire aux apports est un commissaire aux comptes. Mais le CAA d’une société ne peut pas être nommé par la suite comme CAC de la même société. 

Principales sources législatives et réglementaires :

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Note du document :

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