Immobilisation corporelle : principe, valorisation et comptabilisation
Comment fonctionnent les provisions comptables d’une entreprise ?
Thomas Wittenmeyer
Diplômé de l'ESSEC Business School.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.
Les provisions comptables sont des charges que l’entreprise enregistre dans ses comptes pour anticiper des pertes ou des charges futures. Si la nature en est certaine, le montant ou l’échéance, eux, sont incertains.
Quels sont les différents types de provisions ? Pourquoi et comment calculer les provisions comptables dans son bilan comptable ? Legalstart vous aide à y voir plus clair.
Mini-Sommaire
Qu’est-ce que les provisions comptables ?
Provisions comptables : définition
Les provisions comptables sont des charges probables qu'une entreprise s'attend à devoir payer dans l'avenir, pour un montant qui est estimable, mais qui n'est pas encore connu de manière définitive.
Elles sont enregistrées dans les comptes annuels de l'entreprise pour refléter fidèlement sa situation financière et sont considérées comme une forme de passif dans le bilan comptable, positionnées en dessous des capitaux propres.
Ces provisions sont évaluées et comptabilisées lors de l'établissement du bilan comptable, habituellement à l'occasion de la révision annuelle des comptes, et sont consignées dans un dossier de travail annuel. Leur constitution est motivée par la prévision de pertes ou de charges qui ne sont pas encore effectives à la clôture de l'exercice comptable, mais dont la survenance est rendue probable par des événements en cours.
La reconnaissance des provisions dans les comptes annuels est essentielle pour assurer que ces derniers donnent une image fidèle de la situation réelle de l'entreprise.
☝️ Bon à savoir : ce processus est guidé par le principe comptable de prudence, qui vise à anticiper les pertes ou les charges futures et à les refléter dans les comptes actuels, augmentant ainsi virtuellement les dettes de l'entreprise.
En France, les provisions sont régies par le Plan Comptable Général (PCG) et sont réévaluées à chaque clôture d'exercice.
Les types de provisions
Il existe plusieurs types de provisions qui se classent principalement dans trois grandes catégories :
- les provisions pour risques et charges ;
- les provisions pour dépréciation ;
- les provisions réglementées.
Les provisions pour risques et charges
Les provisions pour risques et charges sont des charges enregistrées pour couvrir des pertes ou des obligations futures probables. Les provisions pour risques et charges sont :
- provisions pour risques (compte 151) ;
- provisions pour pensions et obligations similaires (compte 153) ;
- provisions pour restructurations (compte 154) ;
- provisions pour impôt (compte 155) ;
- provisions pour renouvellement des immobilisations (compte 156) ;
- provisions pour charges à répartir sur plusieurs exercices (compte 157) ;
- autres provisions pour charges (compte 158).
Les provisions pour dépréciation
Les provisions pour dépréciation sont des ajustements comptables qui reflètent la diminution de la valeur d'un actif, comme les stocks ou les immobilisations, due à l'usure, à l'obsolescence, ou à d'autres facteurs. Elles peuvent être :
- provisions pour dépréciation des stocks (différence entre le prix de revient des éléments composant le stock et le cours du jour applicable à ces biens) ;
- provisions pour dépréciation des immobilisations (dépréciation par rapport à leur valeur d'entrée dans l'actif) ;
- provisions pour créances douteuses ou litigieuses (mauvaise situation financière du débiteur ou litige opposant le créancier et le débiteur).
📌 À retenir : la provision est calculée à partir du montant hors taxes de la créance de l'entreprise.
Les provisions réglementées
Les provisions réglementées sont une réserve comptable spéciale et spécifique à chaque secteur d’activité. Elles peuvent comprendre par exemple :
- provisions pour amortissement dérogatoire ;
- provisions pour plus-value à long terme ;
- provisions pour investissements ;
- provisions pour hausse des prix, etc.
Qui peut faire des provisions comptables ?
Les personnes autorisées à effectuer des provisions comptables sont principalement :
- les entrepreneurs individuels ;
- et les sociétés soumises à l'impôt sur le revenu dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) ou à l'impôt sur les sociétés (IS).
En revanche, les professionnels exerçant une activité libérale, relevant des bénéfices non-commerciaux (BNC) et utilisant une comptabilité d'encaissement, ne peuvent normalement pas constituer de provisions, en raison de l'incompatibilité de ce mode de compatibilité avec la constitution de provisions.
Cependant, si ces contribuables optent pour une comptabilité de type commercial, ils peuvent alors constituer des provisions, mais cette possibilité se limite aux provisions pour créances douteuses.
Pourquoi calculer les provisions comptables ?
Les avantages des provisions comptables
Calculer les provisions comptables répond à des nécessités comptables :
- anticiper les risques en reflétant dans les comptes de l’entreprise les pertes ou les charges futures potentielles ;
- respecter le principe comptable de prudence qui dit qu’une entreprise, dans l’incertitude, doit toujours enregistrer des estimations qui anticipent les pertes afin d’éviter la surestimation de ses bénéfices ;
- présenter fidèlement la situation financière de l’entreprise.
Le risque des provisions
Les provisions peuvent aussi présenter quelques risques :
- faire des estimations inexactes qui peuvent fausser la situation financière réelle de l’entreprise ;
- manipuler les résultats pour influencer artificiellement les résultats financiers.
Quelles sont les conditions de validité des provisions comptables ?
Les conditions de validité des provisions comptables peuvent être divisées en plusieurs aspects :
- les conditions comptables ;
- et les conditions fiscales.
Les conditions comptables de la validité des provisions
Pour être validées, les provisions doivent :
- montrer que l’entreprise a une obligation envers un tiers par le biais de contrats, de réglementations, d’engagements publics, etc. Cette obligation doit exister à la date de clôture de l'exercice, mais elle peut provenir d'un exercice antérieur (tant qu'elle perdure) et non d'un exercice futur ;
- entraîner une sortie de ressources de l'entreprise au bénéfice du tiers en clôture d’exercice, sans qu'il y ait de contrepartie au moins équivalente ;
- pouvoir être évaluées de manière fiable. Si le montant de la sortie ne peut pas être évalué de manière fiable, la provision n’est pas comptabilisée, mais une mention en annexe doit être faite.
Les conditions fiscales de la validité des provisions
Côté fiscalité, les conditions de validité sont :
- les provisions doivent être effectivement constatées dans les comptes de l'exercice comptable concerné ;
- elles doivent être établies en prévision d'une perte ou d'une charge qui est déductible fiscalement ;
- la nature et le montant de la perte ou de la charge doivent être nettement précisés ;
- la probabilité de réalisation de la perte ou de la charge doit résulter de circonstances particulières ;
- et la probabilité de la perte ou de la charge doit découler d'événements en cours à la date de clôture de l'exercice
Comment calculer les provisions comptables ?
Le calcul des provisions comptables dépend de la nature de la provision et des informations disponibles à un moment donné.
Une provision comptable pour risque et charge se comptabilise en créant :
- une dette au passif du bilan (compte 151) ;
- et une charge dans le compte de résultat (compte 6875).
Cette provision reste dans le bilan tant que le risque ou la charge n’a pas été réalisé. Une fois réalisée, la provision devient réelle, une nouvelle charge apparaît sur le compte de résultat via une reprise de provision (compte 781).
Quel est le sort des provisions ?
Il existe plusieurs situations lorsque les provisions sont réalisées :
- si la perte ou la charge pour laquelle la provision a été enregistrée se concrétise, la procédure commence par une reprise de la provision, ce qui signifie que la provision qui n'est plus justifiée en raison de la réalisation de la perte ou de la charge est réintégrée aux résultats. Ensuite, la perte ou la charge réellement supportée est déduite du résultat ;
- si la perte ou la charge ne se matérialise pas, la provision précédemment constituée devient sans objet (par exemple, une provision pour créance douteuse réglée par le client). Dans ce cas, elle doit être réintégrée dans les bénéfices de l'exercice ;
- et enfin, si la provision a été constituée de manière irrégulière, c'est-à-dire si les conditions de fond et/ou de forme n'ont pas été respectées, alors la provision doit également être réintégrée aux résultats de l'entreprise.
FAQ
Comment annuler une provision en comptabilité ?
Pour annuler une provision en comptabilité, il suffit de constater la réintégration de la provision dans les comptes en créditant le compte de provision et en débitant le compte de résultat lorsqu'il est établi que la perte ou la charge anticipée ne se réalisera pas.
Comment comptabiliser les provisions ?
Les provisions comptables sont comptabilisées en enregistrant la charge correspondante dans le compte de résultat (compte 6875) et en créant une contrepartie au passif du bilan en utilisant un compte de provision spécifique (compte 151). Le montant de la provision est évalué en fonction de la meilleure estimation de la perte ou de la charge future.
Qu’est-ce qu’une provision pour charges ?
Une provision pour charges est une réserve comptable créée pour anticiper et couvrir des pertes ou des charges futures probables, dont le montant ou la date de survenance ne sont pas encore définitivement connus. Elle est enregistrée au passif du bilan pour refléter une obligation envers des tiers et est comptabilisée en tant que charge dans le compte de résultat lorsqu'elle se réalise.
Principales sources législatives et réglementaires :
- articles L123-12 à L123-24 - Code de commerce ;
- article 39 - Code général des impôts ;
- article 38 - Code général des impôts, annexe III .
Note du document :
4,5 - 8 vote(s)
Thomas Wittenmeyer
Diplômé de l'ESSEC Business School.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
Réalisez votre comptabilité simplement
Téléchargez notre guide gratuit sur la comptabilité
Ces articles pourraient aussi vous intéresser :
-
Qu’est-ce qu’une immobilisation corporelle ? Comment la valoriser et la comptabiliser en comptabilité ? Explications et conseils.
-
Documents comptables : liste, classement et conservation
Chaque entreprise doit répertorier ses flux dans des documents comptables. Quels sont-ils ? Sont-ils obligatoires ? Comment les conserver ?Lire la suite -
Comment fonctionne le compte courant d’associé au bilan de la société ?
Les comptes courants d’associés apparaissent au bilan de cette dernière. On vous explique leur fonctionnement et leur comptabilisation.Lire la suite -
Comptabilité d’une SCI : toutes les règles à connaître
Découvrez comment gérer efficacement la comptabilité d'une SCI. Guide complet, spécificités et obligations comptables d’une société civile immobilière soumise à l'IR ou à l'IS.Lire la suite -
Calcul du taux de marge : tout comprendre facilement
Le calcul du taux de marge vous permet d’obtenir le montant du bénéfice généré par chaque vente. Apprenez à le calculer correctement.Lire la suite -
Prix d’un expert-comptable : à quoi faut-il s’attendre ?
Combien coûte un expert-comptable ? Le prix d’un expert-comptable dépend de plusieurs critères. Faire appel à une plateforme de comptabilité en ligne peut permettre de réaliser des économies.Lire la suite