Immobilisation corporelle : principe, valorisation et comptabilisation
Charges financières : comment les enregistrer en comptabilité ?
Thomas Wittenmeyer
Diplômé de l'ESSEC Business School.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.
Lorsqu’une entreprise souscrit des emprunts, elle doit payer des intérêts. Les coûts générés sont classés comme charges financières dans le compte de résultat. Définitions, exemples, comptabilisation, tableau récapitulatif, Legalstart fait le point sur les charges financières.
Mini-Sommaire
Qu’est-ce que les charges financières ?
Par définition, les charges financières recouvrent les modes de financement adoptés par une entreprise afin de développer les besoins de son activité. Ces sources de financement peuvent provenir d’emprunts bancaires, de compte-courant d’associés, d’escomptes ou de recouvrement d’une créance commerciale.
L’analyse des charges financières est essentielle afin de :
- Connaître avec précision le coût de ses financements. Il convient, en effet, de relever que tout financement entraîne des dépenses directes (comme des intérêts) et parfois des coûts indirects (comme c’est le cas avec des pertes de change).
- Identifier les modalités de financement les plus avantageuses. L’entreprise pourra ainsi optimiser ses dépenses.
- Planifier le budget, en sélectionnant les modalités de financement les plus avantageuses.
- Préparer les comptes annuels. Les charges financières constituent l’un des éléments clés de tout compte de résultat.
Quelles sont les charges financières ? Exemples
Les charges financières regroupent plusieurs éléments :
- les charges d’intérêts ;
- les escomptes accordés ;
- les pertes de change ;
- les charges nettes sur cession de jetons ;
- les charges nettes sur cession de valeurs mobilières de placement ;
- les autres charges financières.
Les charges d’intérêts
Les charges d’intérêt désignent les dettes et les emprunts financiers de l’entreprise. Ce compte rassemble ainsi les crédits fournisseurs, les obligations, les prêts bancaires, les agios, les intérêts de retard ou toute autre dette qui génère des intérêts à payer. Les obligations d’entreprise, les prêts immobiliers ou encore les intérêts pour les apports en compte courant d’associé en sont des exemples.
En pratique, cette section se décompose de la façon suivante :
- Les intérêts des emprunts et dettes. Sous conditions, leur montant peut être déduit.
- Les intérêts des comptes courants et des dépôts créditeurs. Lorsqu’un associé effectue un apport à l’entreprise autre qu’un apport en capital, la structure peut lui verser des intérêts selon un taux établi conjointement. Cette opération n’est cependant pas obligatoire. Ces intérêts peuvent être déduits, s’ils respectent le seuil (régulièrement actualisé) fixé par l’administration fiscale. Ils sont aussi soumis à cotisations sociales, et parfois assujettis à l'impôt sur le revenu.
- Les intérêts bancaires et intérêts sur opération de financement. Ce compte rassemble les intérêts débiteurs (ou agios bancaires), qui interviennent lorsque l’entreprise est en découvert, et les intérêts d’escompte.
- Les intérêts des autres dettes. Ce compte regroupe notamment les indemnités forfaitaires pour frais de recouvrement et les pénalités de paiement tardif.
Les escomptes accordés
Ce compte regroupe les réductions financières accordées aux clients, afin de les aider à régler en anticipé les montants dus. Cet avantage financier génère ainsi une perte de revenu pour l’entreprise. Néanmoins, il renforce la fidélisation des clients et permet de faire entrer rapidement plus de liquidité dans l’entreprise.
Les pertes de change
Lors de la conversion d’une devise étrangère en euros dans le cadre d’une transaction commerciale internationale, la devise peut se déprécier entre la date de facturation et la date de paiement d’un bien ou d’un service. Cette fluctuation génère ainsi une perte financière pour l’entreprise. Lors de la comptabilisation d’une perte de change, il est essentiel de procéder à des calculs précis et de justifier les taux appliqués, pour éviter tout redressement fiscal.
💡 Astuce : pour se protéger contre cette situation, une société peut opter pour une couverture de change.
Les charges nettes sur cessions de jetons
Les charges nettes sur cession de jetons regroupent les pertes financières générées lors de la cession de jetons numériques, comme les cryptomonnaies ou l’Ether. Ces pertes peuvent réduire l’assiette imposable d’une entreprise.
☝️ Bon à savoir : la législation et la fiscalité en matière d’actifs numériques sont particulièrement complexes et évoluent régulièrement. Il est recommandé de se rapprocher d’un expert-comptable spécialisé pour procéder à leur comptabilisation.
Les charges nettes sur cession de valeurs mobilières de placement
Cette section regroupe les pertes financières générées à la suite du rachat ou de la vente de biens mobiliers. Elles touchent des obligations, des actions ou tout titre détenu au sein d’une entreprise pour gérer la trésorerie ou réaliser à court terme un profit.
📝 À noter : l’évaluation de la plus ou de la moins-value générée s’effectue grâce à la méthode du Premier Entré, Premier Sorti (PEPS). Cela signifie que les titres cédés sont les premiers qui ont été acquis par l’entreprise vendeuse. Sous certaines conditions spécifiques, les moins-values peuvent être déduites. Il convient cependant de se tourner vers un expert-comptable ou de consulter les dernières dispositions fiscales en vigueur pour évaluer et appliquer correctement cette situation.
Les autres charges financières
Cette section regroupe les charges financières non énumérées précédemment. Il concerne notamment les intérêts payés lors d’un affacturage.
Comment comptabiliser les charges financières ?
En comptabilité, les charges financières sont regroupées dans le compte 66 du Plan comptable. Elles sont divisées en sous-comptes selon la nature des charges.
Les charges d’intérêts
Les charges d’intérêt correspondent au compte 661. Il comprend les subdivisions suivantes :
- le compte 6611 pour les intérêts d’emprunts et dettes ;
- le compte 6615 pour les intérêts des comptes courants et des dépôts créditeurs ;
- le compte 6616 pour les intérêts bancaires et les opérations de financement ;
- le compte 6618 pour les intérêts des autres dettes, qui regroupe lui-même le compte 66181 pour les dettes commerciales et le compte 66188 pour les dettes diverses.
Selon la nature des charges, le compte 66 est souvent lié aux comptes suivants :
- le compte 512 (banque) ;
- le compte 16 (emprunts et dettes assimilées)
- le compte 401 (fournisseurs)
- le compte 616 (coûts des services bancaires)
- le compte 455 (associés)
Les pertes sur créances rattachées à des participations
Les pertes sur créances rattachées à des participations sont notées dans le compte 664.
Les escomptes accordés
Les escomptes accordés sont comptabilisés dans le compte 665. ll est souvent lié aux comptes suivants :
- le compte 512 (banque) ;
- le compte 411 (clients) ;
- le compte 706 (prestations de services) ;
- le compte 707 (ventes de marchandises).
Les pertes de change (compte 666)
Les pertes de change sont comptabilisées dans le compte 666. Il est couramment lié aux comptes suivants :
- 512 (banque) ;
- 665 (gain de change) ;
- 401 (fournisseurs) ;
- 411 (clients).
Les charges nettes sur cession de jetons
Les charges nettes sur cessions de jeton sont comptabilisées dans le compte 6661. Il est couramment lié aux comptes suivants :
- le compte 522 (banques, établissements financiers et assimilés) ;
- le compte 657 (pertes sur créances liées à des participations) ;
- le compte 7661 (gains nets sur cessions de jetons).
Les charges nettes sur cessions de valeurs mobilières de placement
Les charges nettes sur cession de valeurs mobilières de placement sont comptabilisées dans le compte 667. Il est souvent relié aux comptes qui suivent :
- le compte 512 (banque) ;
- le compte 765 (produits nets sur cessions de valeurs mobilières de placement pour les plus-values) ;
- le compte 52 (valeurs mobilières de placement pour la détention des titres).
Les autres charges financières
Les autres charges financières sont comptabilisées dans le compte 668.
📝 À noter : en cas d’affacturage, les rémunérations d’affacturage sont à noter dans le compte 6225. Par ailleurs, il convient de débiter le compte 668 (autres charges financières) pour enregistrer la commission de financement représentant le coût du financement anticipé.
Tableau récapitulatif des charges financières
Le tableau suivant récapitule l’ensemble des comptes des charges financières :
Numéro de compte |
Nature de la charge |
66 |
Charges financières |
661 |
Charges d’intérêt |
6611 |
Intérêts d’emprunts et dettes |
6615 |
Intérêts des comptes courants et des dépôts créditeurs |
6616 |
Intérêts bancaires et les opérations de financement |
6618 |
Intérêts des autres dettes |
66181 |
Intérêts des dettes commerciales |
66188 |
Intérêts des dettes diverses |
664 |
Pertes sur créances rattachées à des participations |
665 |
Escomptes accordés |
666 |
Pertes de change |
6661 |
Charges nettes sur cession de jetons |
667 |
Charges nettes sur cessions de valeurs mobilières de placement |
668 |
Autres charges financières |
FAQ
Quels sont les 3 types de charges ?
Les trois types de charges sont les charges d’exploitation (relative au cycle d’exploitation de l’entreprise), les charges financières (qui se rapportent aux emprunts et intérêts) et les charges exceptionnelles (qui correspondent à des événements inhabituels qui ne touchent pas les deux autres catégories de charges).
Quels sont les comptes de charges en comptabilité ?
Les comptes de charges correspondent aux comptes de la classe 6. Il regroupe la classe 60 (achats), 61 (services extérieurs), 62 (autres services extérieurs), 63 (impôts, taxes et versements assimilés), 64 (charges de personnel), 65 (autres charges de gestion courante), 66 (charges financières), 67 (charges exceptionnelles), 68 (dotations aux amortissements, aux dépréciations et aux provisions) et 69 (participation des salariés - Impôts sur les bénéfices et assimilés)
Qu’est-ce que les frais financiers ?
Ce sont tous les frais liés aux emprunts. Ils regroupent notamment les frais indiqués sur les tableaux d’amortissement d'emprunt, les agios et les escomptes de règlement.
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Thomas Wittenmeyer
Diplômé de l'ESSEC Business School.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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