Comment obtenir l'ACRE ?
Comment fonctionne le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) ?
Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.
Vous êtes salarié et vous envisagez de créer votre entreprise ? Si vous faites l’objet d’une procédure de licenciement économique, vous pouvez peut-être bénéficier du contrat de sécurisation professionnelle (CSP). Obligatoire dans certaines entreprises, le CSP peut s’avérer utile lorsque vous créez votre entreprise ! Éclairage sur cette aide à la création d’entreprise gérée par Pôle Emploi et ouverte aux salariés d’entreprise.
Mini-Sommaire
Qu’est-ce que le CSP ?
Le CSP est un dispositif d’accompagnement personnel et financier offert à certains salariés qui ont été ou qui sont sur le point de connaître un licenciement pour un motif économique. Il a pour but d’aider les anciens salariés à retrouver plus vite un travail ou à créer leur entreprise.
Si ce dispositif fait partie des aides Pôle Emploi pour créer une entreprise, c’est à l’employeur qu’il revient de proposer un CSP à son salarié lors de son licenciement.
📝 À noter : ce dispositif fait à ce jour partie des aides France Travail. En effet, depuis le 1er janvier 2024, France Travail remplace Pôle emploi. Ce nouvel organisme bénéficie de missions étendues ainsi que d'un accompagnement amélioré pour les chercheurs d'emploi.
Sa durée est fixée à 12 mois maximum, mais peut être allongée dans la limite de 15 mois si le bénéficiaire décide d’exercer une activité professionnelle temporaire pendant ce temps.
☝️ Bon à savoir : lorsque le salarié accepte le CSP, son contrat de travail est rompu à la fin de son délai de réflexion, d’un commun accord. L’employeur lui remet les documents relatifs à la fin de son contrat de travail (solde de tout compte, attestation France Travail, etc.).
Qui est concerné par le CSP ?
Les employeurs pouvant proposer un CSP
Proposer un CSP n’est pas forcément une obligation pour l’employeur. En effet, proposer un CSP est obligatoire uniquement si 2 conditions sont réunies :
- le salarié fait l'objet d’une procédure de licenciement économique ;
- et l’entreprise compte moins de 1.000 salariés, et/ou l’entreprise est soumise à une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire.
☝️ Bon à savoir : dans une entreprise de plus de 1.000 salariés (hors procédure collective), ce n’est pas le CSP qui est proposé aux salariés mais un congé de reclassement.
Les salariés éligibles au CSP
Tous les salariés en CDI faisant l’objet d’un licenciement économique au sein de l’entreprise peuvent bénéficier du contrat de sécurisation professionnelle. Aucun critère d’ancienneté n’est exigé. Toutefois, si le salarié est présent dans l’entreprise depuis moins d’1 an, les conditions d’indemnisation peuvent être différentes.
📝 À noter : il n’existe pas de condition d’âge pour bénéficier du CSP. Ainsi, le CSP pour les plus de 50 ans est tout à fait envisageable.
Par ailleurs, pour bénéficier du CSP, vous devez remplir les conditions ouvrant droit au bénéfice de l’allocation de retour à l’emploi (ARE). Dans ce cas, vous serez considéré comme un chômeur futur créateur d'entreprise ou recherchant un emploi salarié.
Quand le CSP peut-il être proposé ?
Le moment où l’employeur peut proposer le CSP au cours de la procédure de licenciement pour motif économique dépend du nombre de salariés concernés par la procédure sur 30 jours.
Ainsi, si moins de 10 salariés sont licenciés sur 30 jours, l’employeur peut leur proposer le CSP au cours de l’entretien préalable de licenciement.
Si plus de 10 salariés sont licenciés sur une période de 30 jours, alors le moment pour proposer le CSP va dépendre de l’effectif de l’entreprise et de la présence ou non d’un comité social et économique (CSE) :
Effectif de l’entreprise |
En présence d’un CSE |
En l’absence d’un CSE |
Moins de 50 salariés |
Remise du document d’information à chaque salarié contre récépissé, à la fin de la dernière réunion de consultation des représentants élus du personnel. |
Remise du document d’information à chaque salarié contre récépissé, lors de l’entretien préalable. |
Plus de 50 salariés |
Remise du document d’information du CSP à chaque salarié contre récépissé le lendemain de la notification de la décision de la validation de l’accord collectif par la Dreets ou de la décision d’homologation du document unilatéral de l'employeur par la Dreets. |
☝️ Bon à savoir : dans tous les cas, le salarié bénéficie d’un délai de 21 jours calendaires qui commence à courir le lendemain de la remise du document d’information du CSP par l’employeur.
Quels sont les avantages du CSP pour le salarié ?
Pour le salarié, le dispositif du CSP présente deux avantages majeurs. D’une part, bénéficier d’un accompagnement personnalisé, et d’autre part, percevoir les allocations France Travail.
Bénéficier d’un accompagnement personnalisé
Le CSP vous permet de bénéficier d’un accompagnement personnalisé pour retrouver un emploi salarié ou devenir dirigeant d’entreprise. Il présente 3 grandes phases :
- un entretien individuel de pré-bilan qui a lieu dans les 8 jours qui suivent son acceptation du CSP. Le salarié est convoqué pour une évaluation de compétences et d’orientation professionnelle. Cette étape permet d’établir son profil et de l’orienter vers les formations France Travail adéquates ;
- un accompagnement durant les périodes de formation et de travail. Pendant toute la durée du CSP, vous bénéficiez d’un accompagnement individualisé par France Travail (formations, préparation aux entretiens d'embauche, etc.) et pourrez travailler pendant des courtes périodes, sans perdre votre statut de demandeur d’emploi ;
- un entretien de fin ou de mi-parcours. À l’issue du 4ème mois d’accompagnement effectif, vous serez convoqué par votre conseiller référent afin d’analyser si les objectifs fixés lors du premier entretien ont été ou sont en cours de réalisation, ou si des ajustements sont nécessaires. Cet entretien peut marquer la fin du CSP mais bien souvent, le bénéficiaire continuera à bénéficier de l’accompagnement offert par le CSP.
Percevoir des allocations Pôle Emploi
En parallèle de cet accompagnement, vous pourrez toucher des allocations de sécurisation professionnelle (ASP). En effet, dès lors que vous bénéficiez d’un CSP, vous pouvez percevoir l’ASP.
Si votre contrat de travail a duré moins d’1 an, son montant est équivalent à vos droits aux allocations de retour à l’emploi (ARE), mais si votre ancienneté est supérieure à 1 an, le montant versé équivaut à 75 % de votre salaire journalier de référence sans être inférieur au montant de vos droits à l’ARE.
Par ailleurs, sachez que pendant votre CSP, rien ne vous empêche de travailler de manière temporaire. Vous pouvez tout à fait conclure un contrat de travail à durée déterminée ou un contrat de travail temporaire d’une durée minimale de 3 jours, sans que ces périodes de travail cumulées excèdent 6 mois. Dans ce cas, le CSP est suspendu pendant la durée du contrat de travail (vous ne percevez pas d’ASP), et reprend lors de la fin ou rupture de votre CDD.
Le salarié peut-il refuser le CSP ?
Oui, le salarié peut refuser le CSP. Il doit alors en informer l’employeur. Dans ce cas, l’employeur notifie au salarié son licenciement.
En cas de refus du salarié d’adhérer au CSP, il perçoit les indemnités suivantes s’il en remplit les conditions :
- indemnité de licenciement ;
- indemnité de préavis ;
- indemnité compensatrice de congés payés ;
- aide au retour à l’emploi (ARE).
Quelles indemnités pour le salarié en cas de CSP ?
Le salarié qui accepte le CSP peut prétendre à différents types d’indemnité :
- indemnité de licenciement ;
- indemnité compensatrice de congés payés ;
- allocation de sécurisation professionnelle.
L’indemnité de licenciement
Le salarié en CSP perçoit une indemnité de licenciement dès lors qu’il justifie d’une ancienneté d’au moins 8 mois ininterrompus au service du même employeur, et ce, à la date d’envoi de la lettre de licenciement.
Le calcul de l’indemnité de licenciement dépend de l’ancienneté du salarié dans l’entreprise (plus ou moins de 10 ans).
⚠️ Attention : lorsque le salarié accepte le CSP, son contrat de travail est rompu à la fin du délai de réflexion. Il n’a pas le droit à une indemnité compensatrice de préavis. Toutefois, l’employeur doit verser l’équivalent de cette indemnité à France Travail. Cependant, si le montant de cette indemnité est supérieur à 3 mois de salaire, la part de l’indemnité qui excède les 3 mois de salaire est directement versée au salarié à la fin de son contrat de travail.
L’indemnité compensatrice de congés payés
Si le salarié n’a pas pu prendre tous ses congés payés avant la fin de son contrat de travail, l’employeur lui verse une indemnité compensatrice de congés payés.
L’allocation de sécurisation professionnelle (ASP)
Le montant de l’ASP dépend de l’ancienneté du salarié au sein de l’entreprise :
- si le salarié a moins d’1 an d’ancienneté, le montant de son ASP équivaut au montant de l’allocation de retour à l’emploi (ARE) ;
- si le salarié a plus d’1 an d’ancienneté, le montant de son ASP correspond à 75 % de son salaire journalier de référence. De plus, le montant de l’ASP ne peut pas être inférieur à celui de l’ARE qu’aurait pu percevoir le salarié en dehors du dispositif CSP.
📝 À noter : le calcul du salaire journalier de référence dépend de l’âge du salarié. Si le salarié a moins de 53 ans, on prend en compte le total des rémunérations brutes perçues durant les 2 années précédant la fin de votre dernier contrat de travail qui est divisé par le nombre de jours calendaires compris entre le 1er jour du premier contrat et le dernier jour du dernier contrat de cette période. Et si le salarié a plus de 53 ans, la base de calcul est le total des rémunérations brutes perçues durant les 3 années précédant la fin de votre dernier contrat de travail est pris en compte qui est ensuite divisé par le nombre de jours calendaires compris entre le 1er jour du premier contrat et le dernier jour du dernier contrat de cette période.
🛠️ En pratique : pour estimer le montant de vos allocations chômage, vous pouvez utiliser le simulateur en ligne disponible gratuitement sur le site internet du service public.
Comment prend fin le CSP ?
En principe, le CSP prend fin à l’expiration de sa durée, c’est-à-dire 12 mois. Si à l’issue de ce délai, le salarié est toujours à la recherche d’un emploi, il peut percevoir l’ARE sans différé d’indemnisation, ni délai d’attente. Dans ce cas, France Travail déduit les jours où le salarié a perçu l’ASP de la durée d’indemnisation par l’ARE.
Cependant, le CSP peut prendre fin de manière anticipée dans les cas suivants :
- un refus sans motif légitime d'une action de reclassement et de formation ;
- un refus à 2 reprises d'une offre raisonnable d'emploi ;
- des déclarations inexactes ou la présentation de fausses attestations afin de bénéficier du CSP ;
- la reprise d'activité en CDD d’au moins 6 mois ou d’un CDI.
Comment créer une entreprise avec le CSP ?
Dans le cadre du CSP, vous pouvez décider de reprendre une activité salariée ou de devenir chef d’entreprise.
Attention toutefois, car vous ne bénéficiez pas automatiquement du CSP. Pour cela :
- votre employeur, et à défaut France Travail, doit vous remettre un document écrit précisant le contenu du CSP, le délai de réflexion légal dont vous disposez et la date à partir de laquelle votre contrat de travail est rompu si vous acceptez le CSP ;
- vous avez ensuite un délai de réflexion de 21 jours pour accepter ou refuser la proposition.
Une fois le CSP accepté, votre contrat de travail est rompu à la date d’expiration du délai de réflexion. Vous percevez alors une indemnité de licenciement mais pas d’indemnité compensatrice de préavis. C'est à cette date que votre accompagnement par France Travail débute.
Si dès la rupture de votre contrat de travail vous avez en tête la création d’une société, vous pourrez en discuter avec votre conseiller référent et adapter vos suivis et formations à votre projet. Le CSP est l’occasion pour vous de discuter de votre projet et d’analyser, avec l’aide de Pôle Emploi, s’il peut être pérenne.
Une fois lancé dans votre projet entrepreneurial, votre CSP prend fin et vous pourrez bénéficier, au choix, d’une indemnité spécifique permettant de renforcer votre trésorerie d’entreprise :
- l’indemnité différentielle de reclassement (IRD). Si vous reprenez un travail avant la fin de votre contrat et que vous percevez une rémunération de dirigeant inférieure à votre précédent emploi, vous pourrez percevoir l’IRD. Le montant versé est égal à la différence entre 30 fois le salaire journalier de référence servant au calcul de l’ASP et le salaire brut mensuel de l’emploi repris. Cette indemnité est versée pour une durée maximale de 12 mois et ne peut pas être supérieure à 50 % du montant des droits résiduels à l’ASP.
- la prime de reclassement. Si vous retrouvez un emploi d’une durée supérieure à 6 mois (un CDI par exemple), avant la fin du 10ème mois du dispositif, vous cesserez de bénéficier du CSP mais pourrez percevoir une prime de reclassement. Pour cela, votre plan de sécurisation professionnelle doit avoir été validé, et vous devez avoir perçu l’ASP au titre d’ancien salarié ayant au moins 1 an d’ancienneté au moment du licenciement. Le montant de cette prime est équivalent à 50 % des droits résiduels à l’ASP.
Enfin, comme tous les créateurs d’entreprise vous pourrez bénéficier d’aides complémentaires telles que l’ACRE, le prêt NACRE ou encore bénéficier de subventions pour la création d’entreprise.
Vous connaissez maintenant les modalités pour bénéficier du CSP, aide à la création d’entreprise. À vous de penser à solliciter cette aide si vous avez pour projet de créer une entreprise !
FAQ
Quel est le montant de la prime CSP ?
Le montant de la prime CSP correspond à 75 % du revenu journalier de référence du salarié dont l’ancienneté est supérieure à 1 an. Il ne peut pas être inférieur au montant de l’ARE qu’aurait pu percevoir le salarié en cas de licenciement sans CSP. Si le salarié a moins d’1 an d’ancienneté, la prime CSP équivaut au montant de l’ARE.
Quelle est la durée du CSP ?
Le dispositif CSP s’inscrit sur une durée de 12 mois maximum.
Quels sont les inconvénients du CSP ?
Dans la cadre du CSP, le contrat de travail du salarié est rompu à l’issue du délai de réflexion de 21 jours. Le salarié ne perçoit pas d’indemnité compensatrice de préavis, et dispose de moins de temps pour se préparer à la fin de son contrat de travail.
Principales sources législatives et réglementaires :
- articles L1233-65 à L1233-70 - Code du travail
- Arrêté du 16 avril 2015 relatif à l'agrément de la convention du 26 janvier 2015 relative au contrat de sécurisation professionnelle (CSP)
- Arrêté du 6 octobre 2011 relatif à l'agrément de la convention du 19 juillet 2011 relative au contrat de sécurisation professionnelle
Léna Cazenave
Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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